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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine Il suffit d'un Amour Tome 2 - Бенцони Жюльетта - Страница 55


55
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Voulez-vous m'epouser ? Vous etes vous-meme veuve, donc libre.

— ... et sans emploi d'ici quelque temps ? acheva Catherine avec un sourire moqueur. Mon petit Jean, vous etes un amour et je vous suis plus reconnaissante que je ne saurais dire de cette demande. Vous vous etes dit : elle va se trouver seule, je lui offre mon nom, une position serieuse, un mari honorable... C'est bien cela, n'est-ce pas ? J'ai toujours su que vous etiez mon ami...

— Que me parlez-vous d'amitie quand je me tue a vous crier que je vous aime ?...

— C'est bien pour cela que je ne vous epouserai pas. Vous seriez trop malheureux, puisque vous m'aimez. Il ne serait pas honnete a moi de ne vous donner que ma main. Et je ne peux que vous aimer... bien. Ce n'est pas assez !

Une expression de chagrin sincere se peignit sur le visage candide du jeune homme. Meme son eblouissant plumage parut s'eteindre, devenir terne.

— Je vous aime assez pour m'en contenter, fit-il d'une voix enrouee. Bien sur, je n'ai pas la pretention de remplacer le duc Philippe. Vous l'aimez et...

Catherine coupa brutalement :

— Vous savez tres bien que non ! Vous etes assez mon ami pour cela. En fait, je n'ai jamais reussi a mettre un nom satisfaisant sur le sentiment que j'ai pour lui. Je crains que... ce ne soit assez terre a terre ! Je ne peux plus aimer, Jean, meme si je le voulais... et cela aussi vous le savez tres bien !

Un silence tomba. Au-dehors, la nuit s'etendait, envahissant peu a peu la grande piece dont les solives peintes, deja, se perdaient dans l'ombre. Il n'y avait plus que la zone de lumiere creee par le feu sur lequel la silhouette de Catherine se decoupait a contre-jour. Saint-Remy recula dans l'ombre. Il avait l'impression qu'un fantome venait de se glisser entre lui et cette femme merveilleuse qu'il ne parvenait jamais a approcher reellement. Le jeune homme n'avait pas oublie la joute sous les murs d'Arras, le chevalier aux armes royales qui avait eu le pouvoir d'emouvoir jusqu'a la folie l'insaisissable jeune femme. Presque malgre lui, il murmura :

— Je comprends ! C'est l'autre, n'est-ce pas ? Apres tant d'annees, vous n'avez pas encore pu oublier Mont...

— Taisez-vous ! coupa Catherine sechement. Je ne veux pas entendre son nom !

Elle tremblait soudain comme une feuille et Saint- Remy vit une telle detresse se lever dans les grands yeux violets qu'il fut pris de pitie. Mais deja la colere de Catherine tombait.

— Pardonnez-moi ! murmura-t-elle sourdement. Je suis nerveuse... Il vaut mieux me laisser, maintenant, mon ami. Vous venez a moi avec des mots d'amour et je ne sais vous dire que des sottises ! Revenez bientot...

Elle lui tendait une main glacee sur laquelle le jeune homme posa legerement ses levres. Il semblait si inquiet, si desoriente, qu'elle lui sourit gentiment, pour le consoler, emue que ce garcon futile et insouciant put souffrir vraiment a cause d'elle.

— Revenez un autre jour, reprit-elle, quand je serai moins nerveuse.

Vous pourrez meme me repeter que vous m'aimez.

— Et vous redemander votre main ?

— Pourquoi pas... si vous ne craignez pas les refus. Bonsoir, mon ami.

Quand il fut parti, Catherine poussa un soupir de soulagement. Enfin, elle etait seule ! L'ombre qui avait envahi la grande piece lui etait douce. Elle s'approcha d'une haute fenetre en amande, ouvrit l'une des vitres armoriees ou s'inscrivait le blason qu'elle s'etait choisi : une chimere bleue sur champ d'argent sommee d'une couronne de comtesse. L'air vif et charge d'humidite du dehors lui sauta au visage, fit voltiger ses cheveux denoues. En bas, l'eau noire du canal coulait, refletant comme un miroir sombre les lumieres des maisons voisines avant de s'engouffrer sous l'arche de pierre d'un petit pont.

Le vent se levait, faisant voler les feuilles. Sur le rempart proche, une sentinelle cria, dominant un faible son de luth venu d'un hotel, de l'autre cote de l'eau. L'instant etait si paisible que Catherine serait volontiers demeuree longtemps penchee a cette fenetre, ecoutant les bruits de la ville que la nuit etouffait deja. Mais l'heure s'avancait et Philippe devait, ce soir, venir souper avec elle. A regret, elle referma la fenetre juste au moment ou la porte s'ouvrait devant Sara chargee d'un lourd candelabre de bronze a douze chandelles qui flambaient devant son visage impassible. Il y avait quelque chose de solennel dans la demarche de l'ancienne bohemienne. Sous la haute coiffe de dentelle empesee qui enserrait sa tete, ses sourcils noirs etaient fronces. Elle alla poser le candelabre sur un coffre d'ebene sculpte puis, prenant une des bougies allumees, se mit a faire le tour de la piece pour enflammer toutes les autres.

Il y avait, dans ses gestes, quelque chose d'automatique et de peu naturel qui frappa Catherine.

— Qu'est-ce que tu as ? demanda-t-elle. Tu fais une drole de tete.

Sara se tourna vers elle. Ses traits soudain tires frapperent la jeune femme:

— Un courrier vient d'arriver de Chateauvillain, fit-elle d'une voix sans timbre. L'enfant est malade. La comtesse Ermengarde te reclame...

Elle n'en dit pas plus, ne fit aucun commentaire. Simplement, elle resta la, regardant Catherine, attendant... La jeune femme avait pali. Il ne lui etait jamais venu a l'idee qu'il put arriver quelque chose au petit Philippe. Toutes les lettres d'Ermengarde n'etaient qu'une glorification delirante de sa sante, de sa beaute, de son intelligence. Mais Catherine connaissait assez son amie pour savoir que, si elle l'appelait, c'est que l'enfant etait vraiment...

gravement malade. Quelque chose se noua dans la gorge de Catherine. Elle eut une brusque conscience de la distance, de tout ce qui la separait de son enfant, en meme temps qu'un remords se glissait en elle. Non qu'elle se reprochat de l'avoir abandonne. Avec Ermengarde qui l'adorait, il etait loin de l'etre, abandonne, et elle n'avait fait que ceder aux supplications de sa vieille amie pour qui l'enfant representait une joie merveilleuse. Ce qu'elle se reprochait surtout, c'etait de ne l'avoir point suffisamment aime. Il etait ne de sa chair, et cependant elle pouvait demeurer des mois loin de lui. Son regard croisa celui de Sara.

— Nous partirons a l'aube, dit-elle, des l'ouverture des portes. Tiercelin gardera la maison. Fais preparer les coffres...

— Perrine s'en occupe.

— Alors, c'est bien. Il nous faut les meilleurs chevaux et trois valets armes. Ce sera suffisant. Nous nous arreterons le moins possible en route.

Peu de bagages. Si j'ai besoin d'autre chose, je le ferai chercher...

La voix de Catherine etait calme, froide, ses ordres precis. Sara chercha en vain, sur le beau visage immobile, le reflet d'une emotion. La vie de Cour avait appris a la jeune femme l'art de masquer ses traits et de leur enlever toute expression, quelles que puissent etre ses tempetes interieures.

— Et... pour ce soir ? demanda encore Sara.

— Le duc va venir. Je lui dirai que je pars. Fais dresser la table et viens m'aider a me changer.

Dans la chambre de Catherine, un ecrin de velours de Genes rose pale ou tous les meubles etaient d'argent massif, Perrine et deux autres servantes s'activaient a faire les bagages. Mais, sur le grand lit, une robe d'interieur de satin blanc brodee de perles fines etait etalee, attendant qu'on la passat.

Philippe aimait voir Catherine vetue de blanc et, pour les moments, precieux entre tous, qu'il passait aupres d'elle, il prohibait vigoureusement les lourdes toilettes de cour. Quand elle le recevait, Catherine portait toujours des robes simples et ses cheveux sur les epaules.

Laissant ses femmes a leur tache, elle passa dans son cabinet de toilette ou le bain etait prepare et s'y plongea rapidement. Devinant qu'elle avait besoin de detendre ses nerfs, Sara avait mis des feuilles de verveine a macerer dans l'eau. Catherine s'abandonna un moment a la douce chaleur du bain, s'efforcant de ne pas penser a l'enfant malade. Elle se sentait lasse mais etrangement lucide. N'etait-il pas etrange qu'il lui fallut s'eloigner de Philippe ce jour meme ou elle apprenait que le temps de la separation etait proche ? C'etait comme si le destin lui faisait signe, tout a coup, et choisissait pour elle. Le temps etait bien venu de partir. Elle resterait a Chateauvillain quelque temps, pour voir venir et chercher quelle direction donner a sa vie...