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Swift Jonathan - Les Voyages De Gulliver Les Voyages De Gulliver

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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Les Voyages De Gulliver - Swift Jonathan - Страница 19


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Chapitre III

L’auteur mande pour se rendre a la cour: la reine l’achete et le presente au roi. Il dispute avec les savants de Sa Majeste. On lui prepare un appartement. Il devient favori de la reine. Il soutient l’honneur de son pays. Ses querelles avec le nain de la reine.

Les peines et les fatigues qu’il me fallait essuyer chaque jour apporterent un changement considerable a ma sante; car, plus mon maitre gagnait, plus il devenait insatiable. J’avais perdu entierement l’appetit, et j’etais presque devenu un squelette. Mon maitre s’en apercut, et jugeant que je mourrais bientot, resolut de me faire valoir autant qu’il pourrait. Pendant qu’il raisonnait de cette facon, un slardral, ou ecuyer du roi, vint ordonner a mon maitre de m’amener incessamment a la cour pour le divertissement de la reine et de toutes ses dames. Quelques-unes de ces dames m’avaient deja vu, et avaient rapporte des choses merveilleuses de ma figure mignonne, de mon maintien gracieux et de mon esprit delicat. Sa Majeste et sa suite furent extremement diverties de mes manieres. Je me mis a genoux et demandai d’avoir l’honneur de baiser son pied royal; mais cette princesse gracieuse me presenta son petit doigt, que j’embrassai entre mes deux bras, et dont j’appliquai le bout avec respect a mes levres. Elle me fit des questions generales touchant mon pays et mes voyages, auxquelles je repondis aussi distinctement et en aussi peu de mots que je pus; elle me demanda si je serais bien aise de vivre a la cour; je fis la reverence jusqu’au bas de la table sur laquelle j’etais monte, et je repondis humblement que j’etais l’esclave de mon maitre; mais que, s’il ne dependait que de moi, je serais charme de consacrer ma vie au service de Sa Majeste; elle demanda ensuite a mon maitre s’il voulait me vendre. Lui, qui s’imaginait que je n’avais pas un mois a vivre, fut ravi de la proposition, et fixa le prix de ma vente a mille pieces d’or, qu’on lui compta sur-le-champ. Je dis alors a la reine que, puisque j’etais devenu un homme esclave de Sa Majeste, je lui demandais la grace que Glumdalclitch, qui avait toujours eu pour moi tant d’attention, d’amitie et de soins, fut admise a l’honneur de son service, et continuat d’etre ma gouvernante. Sa Majeste y consentit, et y fit consentir aussi le laboureur, qui etait bien aise de voir sa fille a la cour. Pour la pauvre fille, elle ne pouvait cacher sa joie. Mon maitre se retira, et me dit en partant qu’il me laissait dans un bon endroit; a quoi je ne repliquai que par une reverence cavaliere.

La reine remarqua la froideur avec laquelle j’avais recu le compliment et l’adieu du laboureur, et m’en demanda la cause. Je pris la liberte de repondre a Sa Majeste que je n’avais point d’autre obligation a mon dernier maitre que celle de n’avoir pas ecrase un pauvre animal innocent, trouve par hasard dans son champ; que ce bienfait avait ete assez bien paye par le profit qu’il avait fait en me montrant pour de l’argent, et par le prix qu’il venait de recevoir en me vendant; que ma sante etait tres alteree par mon esclavage et par l’obligation continuelle d’entretenir et d’amuser le menu peuple a toutes les heures du jour, et que, si mon maitre n’avait pas cru ma vie en danger, Sa Majeste ne m’aurait pas eu a si bon marche; mais que, comme je n’avais pas lieu de craindre d’etre desormais si malheureux sous la protection d’une princesse si grande et si bonne, l’ornement de la nature, l’admiration du monde, les delices de ses sujets et le phenix de la creation, j’esperais que l’apprehension qu’avait eue mon dernier maitre serait vaine, puisque je trouvais deja mes esprits ranimes par l’influence de sa presence tres auguste.

Tel fut le sommaire de mon discours, prononce avec plusieurs barbarismes et en hesitant souvent.

La reine, qui excusa avec bonte les defauts de ma harangue, fut surprise de trouver tant d’esprit et de bon sens dans un petit animal; elle me prit dans ses mains, et sur-le-champ me porta au roi, qui etait alors retire dans son cabinet. Sa Majeste, prince tres serieux et d’un visage austere, ne remarquant pas bien ma figure a la premiere vue, demanda froidement a la reine depuis quand elle etait devenue si amoureuse d’un splacknock (car il m’avait pris pour cet insecte); mais la reine, qui avait infiniment d’esprit, me mit doucement debout sur l’ecritoire du roi et m’ordonna de dire moi-meme a Sa Majeste ce que j’etais. Je le fis en tres peu de mots, et Glumdalclitch, qui etait restee a la porte du cabinet, ne pouvant pas souffrir que je fusse longtemps hors de sa presence, entra et dit a Sa Majeste comment j’avais ete trouve dans un champ.

Le roi, aussi savant qu’aucune personne de ses Etats, avait ete eleve dans l’etude de la philosophie et surtout des mathematiques. Cependant, quand il vit de pres ma figure et ma demarche, avant que j’eusse commence a parler, il s’imagina que je pourrais etre une machine artificielle comme celle d’un tournebroche ou tout au plus d’une horloge inventee et executee par un habile artiste; mais quand il eut trouve du raisonnement dans les petits sons que je rendais, il ne put cacher son etonnement et son admiration.

Il envoya chercher trois fameux savants, qui alors etaient de quartier a la cour et dans leur semaine de service (selon la coutume admirable de ce pays). Ces messieurs, apres avoir examine de pres ma figure avec beaucoup d’exactitude, raisonnerent differemment sur mon sujet. Ils convenaient tous que je ne pouvais pas etre produit suivant les lois ordinaires de la nature, parce que j’etais depourvu de la faculte naturelle de conserver ma vie, soit par l’agilite, soit par la facilite de grimper sur un arbre, soit par le pouvoir de creuser la terre et d’y faire des trous pour m’y cacher comme les lapins. Mes dents, qu’ils considererent longtemps, les firent conjecturer que j’etais un animal carnassier.

Un de ces philosophes avanca que j’etais un embryon, un pur avorton; mais cet avis fut rejete par les deux autres, qui observerent que mes membres etaient parfaits et acheves dans leur espece, et que j’avais vecu plusieurs annees, ce qui parut evident par ma barbe, dont les poils se decouvraient avec un microscope. On ne voulut pas avouer que j’etais un nain, parce que ma petitesse etait hors de comparaison; car le nain favori de la reine, le plus petit qu’on eut jamais vu dans ce royaume, avait pres de trente pieds de haut. Apres un grand debat, on conclut unanimement que je n’etais qu’un relplum scalcath, qui, etant interprete litteralement, veut dire lusus natur?, decision tres conforme a la philosophie moderne de l’Europe, dont les professeurs, dedaignant le vieux subterfuge des causes occultes, a la faveur duquel les sectateurs d’Aristote tachent de masquer leur ignorance, ont invente cette solution merveilleuse de toutes les difficultes de la physique. Admirable progres de la science humaine!

Apres cette conclusion decisive, je pris la liberte de dire quelques mots: je m’adressai au roi, et protestai a Sa Majeste que je venais d’un pays ou mon espece etait repandue en plusieurs millions d’individus des deux sexes, ou les animaux, les arbres et les maisons etaient proportionnes a ma petitesse, et ou, par consequent, je pouvais etre aussi bien en etat de me defendre et de trouver ma nourriture, mes besoins et mes commodites qu’aucun des sujets de Sa Majeste. Cette reponse fit sourire dedaigneusement les philosophes, qui repliquerent que le laboureur m’avait bien instruit et que je savais ma lecon. Le roi, qui avait un esprit bien plus eclaire, congediant ses savants, envoya chercher le laboureur, qui, par bonheur, n’etait pas encore sorti de la ville. L’ayant donc d’abord examine en particulier, et puis l’ayant confronte avec moi et avec la jeune fille, Sa Majeste commenca a croire que ce que je lui avais dit pouvait etre vrai. Il pria la reine de donner ordre qu’on prit un soin particulier de moi, et fut d’avis qu’il me fallait laisser sous la conduite de Glumdalclitch, ayant remarque que nous avions une grande affection l’un pour l’autre.