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Swift Jonathan - Les Voyages De Gulliver Les Voyages De Gulliver

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оксана2018-11-27
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Миленько и простенько, без всяких интриг
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Les Voyages De Gulliver - Swift Jonathan - Страница 18


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Le lendemain au matin, Glumdalclitch, ma petite maitresse, me confirma dans ma pensee, en me racontant toute l’affaire, qu’elle avait apprise de sa mere. La pauvre fille me cacha dans son sein et versa beaucoup de larmes: elle apprehendait qu’il ne m’arrivat du mal, que je ne fusse froisse, estropie, et peut-etre ecrase par des hommes grossiers et brutaux qui me manieraient rudement. Comme elle avait remarque que j’etais modeste de mon naturel, et tres delicat dans tout ce qui regardait mon honneur, elle gemissait de me voir expose pour de l’argent a la curiosite du plus bas peuple; elle disait que son papa et sa maman lui avaient promis que Grildrig serait tout a elle; mais qu’elle voyait bien qu’on la voulait tromper, comme on avait fait, l’annee derniere, quand on feignit de lui donner un agneau, qui, quand il fut gras, fut vendu a un boucher. Quant a moi, je puis dire, en verite, que j’eus moins de chagrin que ma petite maitresse. J’avais concu de grandes esperances, qui ne m’abandonnerent jamais, que je recouvrerais un jour ma liberte, et, a l’egard de l’ignominie d’etre porte ca et la comme un monstre, je songeai qu’une telle disgrace ne me pourrait jamais etre reprochee, et ne fletrirait point mon honneur lorsque je serais de retour en Angleterre, parce que le roi meme de la Grande-Bretagne, s’il se trouvait en pareille situation, aurait un pareil sort.

Mon maitre, suivant l’avis de son ami, me mit dans une caisse, et, le jour du marche suivant, me mena a la ville prochaine avec sa petite fille. La caisse etait fermee de tous cotes, et etait seulement percee de quelques trous pour laisser entrer l’air. La fille avait pris le soin de mettre sous moi le matelas du lit de sa poupee; cependant je fus horriblement agite et rudement secoue dans ce voyage, quoiqu’il ne durat pas plus d’une demi-heure. Le cheval faisait a chaque pas environ quarante pieds, et trottait si haut, que l’agitation etait egale a celle d’un vaisseau dans une tempete furieuse; le chemin etait un peu plus long que de Londres a Saint-Albans. Mon maitre descendit de cheval a une auberge ou il avait coutume d’aller, et, apres avoir pris conseil avec l’hote et avoir fait quelques preparatifs necessaires, il loua le glultrud ou crieur public, pour donner avis a toute la ville d’un petit animal etranger qu’on ferait voir a l’enseigne de l’Aigle vert, qui etait moins gros qu’un splacknock, et ressemblant dans toutes les parties de son corps a une creature humaine, qui pouvait prononcer plusieurs mots et faire une infinite de tours d’adresse.

Je fus pose sur une table dans la salle la plus grande de l’auberge, qui etait presque large de trois cents pieds en carre. Ma petite maitresse se tenait debout sur un tabouret bien pres de la table, pour prendre soin de moi et m’instruire de ce qu’il fallait faire. Mon maitre, pour eviter la foule et le desordre, ne voulut pas permettre que plus de trente personnes entrassent a la fois pour me voir. Je marchai ca et la sur la table, suivant les ordres de la fille: elle me fit plusieurs questions qu’elle sut etre a ma portee et proportionnees a la connaissance que j’avais de la langue, et je repondis le mieux et le plus haut que je pus. Je me retournai plusieurs fois vers toute la compagnie, et fis mille reverences. Je pris un de plein de vin, que Glumdalclitch m’avait donne pour gobelet, et je bus a leur sante. Je tirai mon sabre et fis le moulinet a la facon des maitres d’armes d’Angleterre. La fille me donna un bout de paille, dont je fis l’exercice comme d’une pique, ayant appris cela dans ma jeunesse. Je fus oblige de repeter toujours les memes choses, jusqu’a ce que je fusse presque mort de lassitude, d’ennui et de chagrin.

Ceux qui m’avaient vu firent de tous cotes des rapports si merveilleux, que le peuple voulait ensuite enfoncer les portes pour entrer.

Mon maitre, ayant en vue ses propres interets, ne voulut permettre a personne de me toucher, excepte a ma petite maitresse, et, pour me mettre plus a couvert de tout accident, on avait range des bancs autour de la table, a une telle distance que je ne fusse a portee d’aucun spectateur. Cependant un petit ecolier malin me jeta une noisette a la tete, et il s’en fallut peu qu’il ne m’attrapat; elle fut jetee avec tant de force que, s’il n’eut pas manque son coup, elle m’aurait infailliblement fait sauter la cervelle, car elle etait presque aussi grosse qu’un melon; mais j’eus la satisfaction de voir le petit ecolier chasse de la salle.

Mon maitre fit afficher qu’il me ferait voir encore le jour du marche suivant; cependant il me fit faire une voiture plus commode, vu que j’avais ete si fatigue de mon premier voyage et du spectacle que j’avais donne pendant huit heures de suite, que je ne pouvais plus me tenir debout et que j’avais presque perdu la voix. Pour m’achever, lorsque je fus de retour, tous les gentilshommes du voisinage, ayant entendu parler de moi, se rendirent a la maison de mon maitre. Il y en eut un jour plus de trente, avec leurs femmes et leurs enfants, car ce pays, aussi bien que l’Angleterre, est peuple de gentilshommes faineants et des?uvres.

Mon maitre, considerant le profit que je pouvais lui rapporter, resolut de me faire voir dans les villes du royaume les plus considerables. S’etant donc fourni de toutes les choses necessaires a un long voyage, apres avoir regle ses affaires domestiques et dit adieu a sa femme, le 17 aout 17 03, environ deux mois apres mon arrivee, nous partimes pour nous rendre a la capitale, situee vers le milieu de cet empire, et environ a quinze cents lieues de notre demeure. Mon maitre fit monter sa fille en trousse derriere lui! Elle me porta dans une boite attachee autour de son corps, doublee du drap le plus fin qu’elle avait pu trouver.

Le dessein de mon maitre fut de me faire voir sur la route, dans toutes les villes, bourgs et villages un peu fameux, et de parcourir meme les chateaux de la noblesse qui l’eloigneraient peu de son chemin. Nous faisions de petites journees, seulement de quatre-vingts ou cent lieues, car Glumdalclitch, expres pour m’epargner de la fatigue, se plaignit qu’elle etait bien incommodee du trot du cheval. Souvent elle me tirait de la caisse pour me donner de l’air et me faire voir le pays. Nous passames cinq ou six rivieres plus larges et plus profondes que le Nil et le Gange, et il n’y avait guere de ruisseau qui ne fut plus grand que la Tamise au pont de Londres. Nous fumes trois semaines dans notre voyage, et je fus montre dans dix-huit grandes villes, sans compter plusieurs villages et plusieurs chateaux de la campagne.

Le vingt-sixieme jour d’octobre, nous arrivames a la capitale, appelee dans leur langue Lorbrulgrud ou l’Orgueil de l’univers. Mon maitre loua un appartement dans la rue principale de la ville, peu eloignee du palais royal, et distribua, selon la coutume, des affiches contenant une description merveilleuse de ma personne et de mes talents. Il loua une tres grande salle de trois ou quatre cents pieds de large, ou il placa une table de soixante pieds de diametre, sur laquelle je devais jouer mon role; il la fit entourer de palissades pour m’empecher de tomber en bas. C’est sur cette table qu’on me montra dix fois par jour, au grand etonnement et a la satisfaction de tout le peuple. Je savais alors passablement parler la langue, et j’entendais parfaitement tout ce qu’on disait de moi; d’ailleurs, j’avais appris leur alphabet, et je pouvais, quoique avec peine, lire et expliquer les livres, car Glumdalclitch m’avait donne des lecons chez son pere et aux heures de loisir pendant notre voyage; elle portait un petit livre dans sa poche, un peu plus gros qu’un volume d’atlas, livre a l’usage des jeunes filles, et qui etait une espece de catechisme en abrege; elle s’en servait pour m’enseigner les lettres de l’alphabet, et elle m’en interpretait les mots.