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Swift Jonathan - Les Voyages De Gulliver Les Voyages De Gulliver

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оксана2018-11-27
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Миленько и простенько, без всяких интриг
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Les Voyages De Gulliver - Swift Jonathan - Страница 20


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La reine donna ordre a son ebeniste de faire une boite qui me put servir de chambre a coucher, suivant le modele que Glumdalclitch et moi lui donnerions. Cet homme, qui etait un ouvrier tres adroit, me fit en trois semaines une chambre de bois de seize pieds en carre et de douze de haut, avec des fenetres, une porte et deux cabinets.

Un ouvrier excellent, qui etait celebre pour les petits bijoux curieux, entreprit de me faire deux chaises d’une matiere semblable a l’ivoire, et deux tables avec une armoire pour mettre mes hardes; ensuite, la reine fit chercher chez les marchands les etoffes de soie les plus fines pour me faire des habits.

Cette princesse goutait si fort mon entretien, qu’elle ne pouvait diner sans moi. J’avais une table placee sur celle ou Sa Majeste mangeait, avec une chaise sur laquelle je me pouvais asseoir. Glumdalclitch etait debout sur un tabouret, pres de la table, pour pouvoir prendre soin de moi.

Un jour, le prince, en dinant, prit plaisir a s’entretenir avec moi, me faisant des questions touchant les m?urs, la religion, les lois, le gouvernement et la litterature de l’Europe, et je lui en rendis compte le mieux que je pus. Son esprit etait si penetrant, et son jugement si solide, qu’il fit des reflexions et des observations tres sages sur tout ce que je lui dis. Lui ayant parle de deux partis qui divisent l’Angleterre, il me demanda si j’etais un whig ou un tory ; puis, se tournant vers son ministre, qui se tenait derriere lui, ayant a la main un baton blanc presque aussi haut que le grand mat du Souverain royal: «Helas! dit-il, que la grandeur humaine est peu de chose, puisque de vils insectes ont aussi de l’ambition, avec des rangs et des distinctions parmi eux! Ils ont de petits lambeaux dont ils se parent, des trous, des cages, des boites, qu’ils appellent des palais et des hotels, des equipages, des livrees, des titres, des charges, des occupations, des passions comme nous. Chez eux, on aime, on hait, on trompe, on trahit comme ici.» C’est ainsi que Sa Majeste philosophait a l’occasion de ce que je lui avais dit de l’Angleterre, et moi j’etais confus et indigne de voir ma patrie, la maitresse des arts, la souveraine des mers, l’arbitre de l’Europe, la gloire de l’univers, traitee avec tant de mepris.

Il n’y avait rien qui m’offensat et me chagrinat plus que le nain de la reine, qui, etant de la taille la plus petite qu’on eut jamais vue dans ce pays, devint d’une insolence extreme a la vue d’un homme beaucoup plus petit que lui. Il me regardait d’un air fier et dedaigneux, et raillait sans cesse de ma petite figure. Je ne m’en vengeai qu’en l’appelant frere. Un jour, pendant le diner, le malicieux nain, prenant le temps que je ne pensais a rien, me prit par le milieu du corps, m’enleva et me laissa tomber dans un plat de lait, et aussitot s’enfuit. J’en eus par-dessus les oreilles, et, si je n’avais ete un nageur excellent, j’aurais ete infailliblement noye. Glumdalclitch, dans ce moment, etait par hasard a l’autre extremite de la chambre. La reine fut si consternee de cet accident, qu’elle manqua de presence d’esprit pour m’assister; mais ma petite gouvernante courut a mon secours et me tira adroitement hors du plat, apres que j’eus avale plus d’une pinte de lait. On me mit au lit; cependant, je ne recus d’autre mal que la perte d’un habit qui fut tout a fait gate. Le nain fut bien fouette, et je pris quelque plaisir a voir cette execution.

Je vais maintenant donner au lecteur une legere description de ce pays, autant que je l’ai pu connaitre par ce que j’en ai parcouru. Toute l’etendue du royaume est environ de trois mille lieues de long et de deux mille cinq cents lieues de large: d’ou je conclus que nos geographes de l’Europe se trompent lorsqu’ils croient qu’il n’y a que la mer entre le Japon et la Californie. Je me suis toujours imagine qu’il devait y avoir de ce cote-la un grand continent, pour servir de contrepoids au grand continent de Tartarie. On doit donc corriger les cartes et joindre cette vaste etendue de pays aux parties nord-ouest de l’Amerique; sur quoi je suis pret d’aider les geographes de mes lumieres. Ce royaume est une presqu’ile, terminee vers le nord par une chaine de montagnes qui ont environ trente milles de hauteur, et dont on ne peut approcher, a cause des volcans qui y sont en grand nombre sur la cime.

Les plus savants ne savent quelle espece de mortels habitent au dela de ces montagnes, ni meme s’il y a des habitants. Il n’y a aucun port dans tout le royaume; et les endroits de la cote ou les rivieres vont se perdre dans la mer sont si pleins de rochers hauts et escarpes, et la mer y est ordinairement si agitee, qu’il n’y a presque personne qui ose y aborder, en sorte que ces peuples sont exclus de tout commerce avec le reste du monde. Les grandes rivieres sont pleines de poissons excellents; aussi, c’est tres rarement qu’on peche dans l’Ocean, parce que les poissons de mer sont de la meme grosseur que ceux de l’Europe, et par rapport a eux ne meritent pas la peine d’etre peches; d’ou il est evident que la nature, dans la production des plantes et des animaux d’une grosseur si enorme, se borne tout a fait a ce continent; et, sur ce point, je m’en rapporte aux philosophes. On prend neanmoins quelquefois, sur la cote, des baleines, dont le petit peuple se nourrit et meme se regale. J’ai vu une de ces baleines qui etait si grosse qu’un homme du pays avait de la peine a la porter sur ses epaules. Quelquefois, par curiosite, on en apporte dans des paniers a Lorbrulgrud; j’en ai vu une dans un plat sur la table du roi.

Le pays est tres peuple, car il contient cinquante et une villes, pres de cent bourgs entoures de murailles, et un bien plus grand nombre de villages et de hameaux. Pour satisfaire le lecteur curieux, il suffira peut-etre de donner la description de Lorbrulgrud. Cette ville est situee sur une riviere qui la traverse et la divise en deux parties presque egales. Elle contient plus de quatre-vingt mille maisons, et environ six cent mille habitants; elle a en longueur trois glonglungs (qui font environ cinquante-quatre milles d’Angleterre), et deux et demi en largeur, selon la mesure que j’en pris sur la carte royale, dressee par les ordres du roi, qui fut etendue sur la terre expres pour moi, et etait longue de cent pieds.

Le palais du roi est un batiment assez peu regulier; c’est plutot un amas d’edifices qui a environ sept milles de circuit; les chambres principales sont hautes de deux cent quarante pieds, et larges a proportion.

On donna un carrosse a Glumdalclitch et a moi pour voir la ville, ses places et ses hotels. Je supputai que notre carrosse etait environ en carre comme la salle de Westminster, mais pas tout a fait si haut. Un jour, nous fimes arreter le carrosse a plusieurs boutiques, ou les mendiants, profitant de l’occasion, se rendirent en foule aux portieres, et me fournirent les spectacles les plus affreux qu’un ?il anglais ait jamais vus. Comme ils etaient difformes, estropies, sales, malpropres, couverts de plaies, de tumeurs et de vermine, et que tout cela me paraissait d’une grosseur enorme, je prie le lecteur de juger de l’impression que ces objets firent sur moi, et de m’en epargner la description.

Les filles de la reine priaient souvent Glumdalclitch de venir dans leurs appartements et de m’y porter avec elle, pour avoir le plaisir de me voir de pres. Elles me traitaient sans ceremonie, comme une creature sans consequence, de sorte que j’assistai souvent a leur toilette, et c’etait bien malgre moi, je l’affirme, que je les regardais quand elles decouvraient leurs bras ou leur cou. Je dis malgre moi, car en verite ce n’etait pas un beau spectacle: leur peau me semblait dure et de differentes couleurs avec des taches ca et la aussi larges qu’une assiette. Leurs longs cheveux pendants semblaient des paquets de cordes: d’ou il faut conclure que la beaute des femmes, dont on fait ordinairement tant de cas, n’est qu’une chose imaginaire, puisque les femmes d’Europe ressembleraient a celles d’ou je viens de parler si nos yeux etaient des microscopes. Je supplie le beau sexe de mon pays de ne me point savoir mauvais gre de cette observation. Il importe peu aux belles d’etre laides pour des yeux percants qui ne les verront jamais. Les philosophes savent bien ce qui en est; mais lorsqu’ils voient une beaute, ils voient comme tout le monde, et ne sont plus philosophes.