Выбери любимый жанр

Выбрать книгу по жанру

Фантастика и фэнтези

Детективы и триллеры

Проза

Любовные романы

Приключения

Детские

Поэзия и драматургия

Старинная литература

Научно-образовательная

Компьютеры и интернет

Справочная литература

Документальная литература

Религия и духовность

Юмор

Дом и семья

Деловая литература

Жанр не определен

Техника

Прочее

Драматургия

Фольклор

Военное дело

Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
К книге
Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
К книге
Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
К книге
ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
К книге
Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
К книге

Aline Et Valcour Ou Le Roman Philosophique – Tome I - de Sade Marquis Alphonse Francois - Страница 21


21
Изменить размер шрифта:

J'ai malheureusement deux libertins à représenter; il faut donc que tu t'attendes a des détails obscènes, et que tu me pardonnes de les tracer. J'ignore l'art de peindre sans couleur; quand le vice est sous mon pinceau, je l'esquisse avec toutes ces teintes, tant mieux si elles révoltent; les offrir sous de jolis dessins, est le moyen de le faire aimer, et ce projet est loin de ma tête.

L'ambassadrice était jolie, bien blanche, des yeux très-vifs, nouvelle dans la maison, et envoyée là parce que ce fut la première qui se présenta. Le président la saisit par la main, et comme la porte de la chambre qu'il venait d'occuper se trouvait ouverte et peu éloignée, il y pousse cette fille, suivi de d'Olbourg, et se prépare à s'y enfermer; quand la fringuante soubrette, devinant le motif, se dégage, s'esquive et revient trouver sa maîtresse; elle fut bientôt suivie de ses deux assaillants; ils avaient cru sage de paraître aussi tôt, afin que les sujets de plainte, de celle qui leur échappait, ne passassent plus que pour des plaisanteries.

Les ennemis débusques, Aline était remontée dans sa chambre; moyennant quoi ces messieurs ne trouvèrent que la présidente.-Vos femmes sont des Lucrèces, madame, dit Blamont en entrant, en vérité ce sont des vertus romaines, j'imaginais… Vous savez que je me gêne peu sur ces fadaises-là; quand, à tous les risques de l'ennui de la campagne, on hasarde de sortir un ami de la ville, il faut bien le dissiper… Depuis quand avez vous cette fière vestale?… (et elle était là)-Elle est bien… quel âge avez vous mademoiselle?-Dix-neuf ans monsieur.-Pas mal en vérité; j'aime ses yeux, ils disent toutes sortes de choses,-et madame de Blamont confuse.-Sortez, sortez Augustine, ne voyez-vous pas bien que monsieur se moque de vous.-Mais madame, vous êtes d'une rigueur… il semblerait que ce fut un crime, que l'hommage rendu à la beauté.-Ce n'est pas être difficile… Eh bien! vous ne vous asseyez pas?… ma fille vas descendre… vous l'avez réveillée… vous lui avez fait une peur!… elle était accourue vers moi… J'ai ri de ses craintes et l'ai renvoyée s'habiller,-s'habiller?… quelle extravagance; est-ce qu'on s'habille pour un père?… est-ce qu'on se gêne à la campagne?-L'honnêteté est de mode par tout.-Madame à raison, dit d'Olbourg… pardon madame; mais si j'en croyais monsieur votre mari, il me ferait souvent faire des choses.-Oh! pour le coup je m'asseois, a dit alors le président, en se laissant tomber dans un fauteuil… oui, je m'asseois, d'Olbourg va prêcher, et il y a long-tems que je suis curieux du sermon d'un fermier-général… allons poursuis d'Olbourg,-j'écoute, analyse nous un peu, je t'en prie, les vertus civiles, les vertus morales… oui, qu'il y ait bien de la vertu dans ton discours; c'est étonnant comme j'aime la vertu!-Préférez vous de déjeuner ici ou de passer dans le salon, a interrompu la présidente?-Mais nous irons où vous voudrez… où est ma fille?-Elle achève de se vêtir, et se rendra où l'on lui dira que nous sommes.-Dites lui je vous prie que quand je vais la voir le matin, avec mon ami, je ne veux pas qu'elle joue la prude…-Mais il est des choses de décence…-Décence… voilà toujours votre mot à vous autres femmes! il y a long-tems que je cherche a pénétrer la vraie signification de ce mot barbare, sans y avoir encore réussi; je l'avoue, selon vous madame, les sauvages doivent être bien indécens; car, ils vont tous nuds, et vous pouvez être sûre que chez les Californiens, ou chez les Ostiages, quand un père va voir sa fille, le matin, elle ne lui refuse pas sa porte, sous le ridicule prétexte qu'elle est en chemise.-Monsieur, a répondu madame de Blamont, avec autant d'aménité que de modestie, la décence n'est point idéale; elle peut être arbitraire; elle peut être relative aux différens climats, mais son existence n'en est pas moins réelle; fille du bon sens et de la sagesse, elle doit régler nos actions sur nos usages et sur nos sentimens, et s'il était de mode d'aller en France comme au Paruguai, la décence alors placée à d'autres devoirs plus essentiels, n'en serait pas moins respectée.-Oh! je vous réponds qu'il y a des pays où rien de ce que vous voulez dire ne l'est, où vos devoirs sont des chimères, et vos crimes d'excellentes actions.-Ce raisonnement seul vous condamme; car enfin, quelques soient les vices du peuple dont vous parlez, au moins leur en supposez-vous? et ces vices, quelqu'ils puissent être, il les évitent, ils les punissent: voilà donc des freins reconnus, en raison de la sorte de climat ou de gouvernement; faisant tant que d'être nés dans celui-ci, pourquoi n'en pas également adopter les principes?-Mais c'est qu'il n'y a rien de réel.-Non, lorsque l'on s'aveugle; mais je vous réponds que pour moi, je n'ai besoin, ni d'argumens, ni de dissertation pour me convaincre du véritable caractère d'une chose, pour m'y livrer si elle est bien, pour la détester si elle est mal.-Et quel est donc ce guide infaillible?-Mon coeur.-Il n'est point d'organe plus faux, on en fait ce qu'on veut de son coeur, et je vous réponds qu'à force d'en étouffer la voix on parvient bientôt à l'éteindre.-Cela suppose au moins un instant où on l'entendit malgré soi.-D'accord.-On a donc été vertueux quand cette voix se faisait comprendre, on cesse donc de l'être dès qu'on s'occupe de l'étouffer? le bien et le mal ont donc des différences marquées que vous définissez vous-mêmes, en vous efforçant de les anéantir? D'Olbourg .-Il me semble que madame à raison, il est bien certain que le vice est une chose qui… et puis d'ailleurs, je dis, il n'y a que la vertu… Le président éclatant de rire , ah! ah! ah! ah! ma foi, si le logicien d'Olbourg s'en mêle je suis battu; allons, madame, sauvons-nous: je vous crains trop avec un tel champion; allons déjeuner: faites dire à Aline de descendre… Et tout le monde s'est réuni dans le salon. Aline confuse a paru; le président lui a tenu quelques mauvais propos sur l'histoire du matin, qui ont achevé de la faire rougir, et madame de Senneval par ses soins a rendu la conversation générale.

Au dîner, monsieur de Blamont a contraint sa fille à se placer entre d'Olbourg et lui, et il lui a souvent répété: Mademoiselle faites politesse à mon ami, vous êtes tous deux nés pour vous connaître bientôt plus intimément .

Ce n'était pas une petite besogne pour ma belle mère, et moi, de rompre à tout instant la conversation, et de la replacer dans les bornes de l'honnêteté, dont le président, plus que d'Olbourg encore, cherchait toujours à la sortir.

En se retirant, le président déclara à sa fille qu'elle eut à se trouver seule, le lendemain matin dans sa chambre, parce qu'il avait quelque chose à lui communiquer qui ne pouvait être entendu que de d'Olbourg. Les dames à cet ordre se sont réunies pour le combattre: en vérité, monsieur, a dit madame de Senneval, j'ai été mariée seize ans, et jamais mon mari n'a désiré de parler à ma fille sans moi; quelques liens qu'une fille ait avec des hommes, elle ne peut décemment les recevoir seule; dussiez-vous vous en fâcher, vous m'entendrez toujours vous dire, monsieur, que rien n'est plus malhonnête que l'ordre que vous donnez ici à votre fille, et qu'à la place de madame de Blamont je ne le souffrirais sûrement pas.-Depuis vingt ans, madame, a répondu le président avec aigreur, madame de Blamont fait ce que je veux; je prononce, et elle me satisfait; elle se sent aussi bien de cette condescendance, qu'elle se trouverait peut-être mal du procédé contraire. Je ne me suis jamais informé de ce que monsieur de Senneval faisait chez vous; trouvez bon, madame, que je prie sa respectable épouse de ne se mêler en rien de ce qui se passe chez moi. Madame de Senneval, qui, comme tu sais, n'est ni très-douce, ni très-endurante, a voulu répliquer; mais madame de Blamont prévoyant une scène, qu'elle voulait empêcher, a dit, en sonnant les gens pour qu'on vint éclairer: Aline vous entendez les ordres de votre père, attendez-le demain matin, levée dans votre chambre à l'heure où il lui plaira d'y passer.

Dès huit heures du matin, le 16, les deux amis se sont en effet présentés à la porte d'Aline; elle était levée; elle était vêtue: reconnaîtras-tu là, mon ami, la pudeur, la timidité de cette fille charmante?… elle ne s'était pas couchée… Hommes affreux! à quel point êtes vous devenus méprisables au sein même de votre propre famille; puisque la défiance que vous y inspirez cagage à de telles précautions!

Déjà levée, a dit monsieur de Blamont.-Vos ordres sont des loix pour moi.-Je vous demande pourquoi vous êtes déjà levée.-Ne m'aviez-vous pas dit que monsieur d'Olbourg? D'Olbourg .-Oh pour moi, mademoiselle, ce n'était en vérité pas la peine de vous gêner. M. de Blamont .-Il aurait tout autant aimé vous trouver au lit que debout, ne faudra-t-il pas qu'il vous y voie bientôt. Aline ,-j'avais imaginé, mon père, que vous aviez quelque chose à me dire?-Comme elle est faite, a dit monsieur de Blamont, en embrassant de ses deux mains la taille d'Aline, as-tu jamais rien vu de pris comme cela? Comment! vous avez un corps à la campagne?-Je ne le quitte jamais.-Mais pour ce mouchoir, a poursuivi Blamont, en le faisant voler d'une main sur le lit, et captivant sa fille de l'autre, pour ce mouchoir, vous nous en ferez grâce.-Et Aline confuse et désolée, croisant ses mains sur sa poitrine: oh! mon père, est-ce donc là ce que vous avez à me dire?-Mademoiselle permettez, a dit d'Olbourg, en écartant une des mains, dont Aline cherchait à cacher ce que son père venait de découvrir,… permettez, monsieur votre père trouve bon que je regarde tout ceci comme mon bien, et il est assez judicieux pour ne vouloir pas conclure le marché que je n'aie reconnu s'il n'y a point de fraude… ces bagatelles là se voyent sans difficulté;… bon si c'était… mais pour cela… nous en voyons tant… O vous de qui je tiens la vie! s'est écriée Aline, en s'échappant avec rapidité, n'imaginez pas que mon respect et mon obéissance aillent jusqu'à trahir mon devoir, et puisque vous oubliez le votre à tel point, il m'est permis de ne plus entendre des sentimens que vous ne voulez plus mériter, et l'éclair est moins prompte à dévancer la foudre, que ne l'a été cette tendre et honnête créature à se jeter dans le cabinet de sa mère; elle y est arrivée en larmes; elle s'est précipitée sur les genoux de cette mère adorable; elle l'a conjurée de l'emmener au convent; elle lui a dit que le désespoir l'aveuglait, qu'elle ne répondait pas d'elle, et après quelques mots de consolation, madame de Blamont la laissant à Eugénie et à madame de Senneval, est venue trouver son mari.