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Бенцони Жюльетта - Belle Catherine Belle Catherine

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оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Belle Catherine - Бенцони Жюльетта - Страница 7


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: « Aux remparts !... Aux armes ! »

L'abbesse se tourna vers la prieure :

— Allez jusqu'a la porterie, mere Agnes des Anges, et voyez d'ou vient ce tintamarre. Je gage que nous allons etre attaques...

La religieuse s'inclina et courut vers l'autre extremite du jardin. Mais elle n'eut pas le temps d'atteindre la porterie. La touriere, de son cote, accourait par les allees tracees entre les massifs de petit buis et de plan tes medicinales. Elle etait rouge d'emotion et sa cornette etait de travers.

— Messire de Vignolles est la, ma Mere, dit-elle precipitamment apres une courte reverence. Il dit que l'Anglais approche et qu'il desire parler d'urgence a Mme de Brazey.

Mere Marie-Beatrice fronca les sourcils. Elle n'aimait guere ces perpetuelles incursions des soldats dans son couvent ou elles entretenaient une atmosphere de fievre tres peu compatible avec le recueillement.

Catherine allait intervenir, se jeter vers le visiteur, mais la superieure, d'un geste ferme, la retint par le bras et la rejeta derriere elle.

— Messire de Vignolles ne peut-il nous laisser prier en paix, au moins le dimanche ? fit-elle avec humeur. C'est un couvent ici, et non pas la grande salle de quelque chateau feodal. Il semblerait que...

Elle n'eut pas le loisir d'en dire davantage. Un pas rapide et ferre faisait sonner les dalles du cloitre et la voix forte de La Hire eclatait tandis que les nonnes fuyaient de tous cotes en poussant des cris effarouches. Le capitaine marcha droit a la superieure dont le visage devenait ecarlate dans l'etroite ouverture de sa guimpe de toile.

— Ma Mere, je n'ai pas beaucoup de temps pour discuter, encore moins pour les delicatesses. L'ennemi approche. Si vous n'entendez pas le vacarme que fait le peuple de cette ville en courant aux remparts, c'est que vos murs sont solides ou bien que vous etes dure d'oreille. Il faut que je parle sur l'heure a la dame de Brazey. Veuillez la faire prevenir et dire en meme temps a sa servante de preparer ses bagages. Il faut qu'avant un quart d'heure elle ait quitte cette ville ! J'attends!

Mere Marie-Beatrice allait sans doute discuter, mais, juste a cet instant, Catherine, incapable de se contenir plus longtemps, se glissa entre elle et le capitaine.

— Me voici, Messire ! Ne criez pas si fort et d'abord sachez ceci : je ne partirai pas d'ici avant d'avoir retrouve Arnaud.

— Alors, Madame, s'emporta immediatement La Hire, vous avez une bonne chance de ne jamais le retrouver et de terminer votre vie ici. Ecoutez-moi car je n'ai pas de temps a perdre ! J'ai cette ville a defendre et je ne peux pas ergoter pendant des heures pour vous convaincre. J'ai reconnu la banniere du chef qui approche de cette cite. C'est celle de John Fitz-Allan Maltravers, comte d'Arundel, un rude homme de guerre, croyez-m'en, et je ne suis aucunement sur d'en avoir raison. J'ai peu de troupes, lui semble en avoir et, si vous montez sur le rempart, vous pourrez voir a l'horizon une fumee noire. C'est Pont-de-1'Arche qui brule. Peut-etre nous faudra-t-il evacuer Louviers en la laissant a la merci du vainqueur...

— Comment osez-vous dire cela ? s'ecria Catherine en saisissant le bras de l'abbesse. Vous abandonneriez la ville ?

Mais les habitants, les religieuses ?

— C'est la fortune de la guerre, ma fille, dit doucement mere Marie-Beatrice. Nous autres, epouses du Seigneur, avons peu a craindre des Anglais qui, comme nous, sont chretiens. La soumission opportune de la ville pourra peut-etre lui eviter le pire. L'Anglais manque d'argent et de vivres. Il ne peut s'offrir le luxe de nous reduire en cendres !

— Il s'est gene pour Pont-de-1'Arche, peut-etre ?

— Assez discute ! coupa La Hire avec impatience. Vous allez partir, dame Catherine, parce que je ne peux plus assurer votre securite et que vous seriez une charge pour moi... je suis soldat, pas dame de compagnie.

La colere et l'angoisse conjuguees emporterent Catherine.

— Vraiment ? Vous etes soldat et vous voulez m'envoyer sur les routes ? Et pour aller ou, je vous prie ? Et Arnaud, Arnaud aux mains de Venables ? Vous l'oubliez ?

— Je n'oublie rien. Pour lui, je me separe de vingt hommes, ce qui est enorme quand l'ennemi avance. Le marechal de Rais va profiter de ce que Maltravers immobilisera devant nos murs un fort contingent d'Anglais pour l'arracher a ce brigand. Quant a vous, votre place est aupres de la reine Yolande dont vous etes dame de parage. La Reine est au chateau de Champtoce, chez messire de Rais, ou elle a de fort importants entretiens avec le duc de Bretagne. Vous allez la rejoindre en Anjou. C'est la que Rais conduira Montsalvy, des qu'il l'aura repris, par l'or ou par les armes, a Richard Venables.

Cette fois, Catherine avait ecoute La Hire sans l'interrompre, s'assombrissant a mesure qu'il parlait. Finalement, elle secoua la tete.

— Je regrette. Je reste ! Je n'ai pas confiance en messire de Rais.

La patience de La Hire etait a bout. L'appel d'une trompette au-dehors avait acheve d'user le peu qui lui en restait. Sans souci du saint lieu, il se mit a hurler :

— Moi non plus ! Mais il est de notre bord, il n'a aucun interet a nous trahir ; d'ailleurs il ne l'oserait pas ! De plus, ni vous ni moi n'avons le choix. C'est la guerre, Madame, et Montsalvy, s'il etait la, serait le premier a vous le dire et a vous vouloir en surete.

— En surete ? Sur les routes ? fit Catherine avec amertume.

— Vous avez un bon defenseur. Ce grand escogriffe mal peigne que vous avez sauve de la corde. On va lui rendre une bonne cognee, puisque c'est l'arme qu'il prefere. Allez attendre Arnaud a Champtoce. Je le veux !

— C'est un ordre ?

La Hire hesita, puis, fermement :

— Oui. C'est un ordre. Soyez partie avant un quart d'heure, par la riviere, avant que la ville soit investie. Sinon...

— Sinon ?

Sinon vous partirez demain, avec les bouches inutiles. Nous n'avons de vivres que pour vingt-quatre heures.

Il s'inclinait, reculait, se perdant deja dans l'ombre des ogives grises. Une panique saisit Catherine comme si le chevalier en s'eloignant l'abandonnait, nue et sans forces, au milieu des loups. Mais ce ne fut qu'une passagere impression.

Elle etait trop accoutumee a la vie dure, au danger, a la peur pour discuter. Deja, elle songeait a ce chemin qu'il allait falloir executer. Champtoce ? Comment tracer une route sure vers ce chateau ou, enfin, elle trouverait la Reine ? Aupres de Yolande, elle ne craindrait rien. Elle pourrait attendre dans une relative tranquillite que revienne l'homme qu'elle aimait. Encore quelques jours, quelques jours seulement de separation ! Ensuite, tout serait facile. Certes, elle pouvait bien accepter encore ce supplement de paiement pour son bonheur. Il lui avait deja coute si cher ! Un peu plus un peu moins ! Monseigneur Jesus et Madame la Vierge sauraient bien veiller sur sa route et la mener au port du salut que representait la reine des Quatre Royaumes 1.

Elle se redressa. Sa voix alla atteindre La Hire qui, sans se retourner, se dirigeait vers le portail. Une voix claire et decidee.

— Je vous obeirai, messire de Vignolles. Dans un moment, j'aurai quitte cette ville. Dieu veuille que vous n'ayez jamais a regretter de m'en avoir chassee !

— Je ne vous chasse pas, grommela La Hire sur le seuil avec une sorte de lassitude, je vous mets a l'abri ! Ce que je ne saurais faire si l'Anglais s'emparait de vous. Et je n'aurai rien a regretter. Dieu vous garde, dame Catherine !

1 Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou, reine de Naples, Sicile et Jerusalem, belle-mere de Charles VII.

Une heure plus tard, une petite barque glissait a l'ombre des remparts sud de Louviers, emportant Catherine, Sara et leur gigantesque compagnon, ce Gauthier « Malencontre » dont la rencontre, cependant, s'averait providentielle. Entre les mains du vigoureux Normand, la longue perche de chene qui faisait mouvoir le bateau semblait aussi legere qu'une baguette de coudrier. Debout a l'arriere, il enfoncait le bois dans l'eau puis, d'une puissante poussee, faisait glisser rapidement l'esquif. Bientot les murailles furent invisibles, cachees par l'epaisse vegetation. Les aulnes aux feuilles gaufrees, aux chatons rougeatres, et les saules argentes formaient comme un berceau par-dessus l'eau moiree d'or. La chaleur du jour s'annoncait lourde quand on avait franchi la petite poterne sur la riviere, mais au fil de l'eau il faisait presque frais.