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Бенцони Жюльетта - Belle Catherine Belle Catherine

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оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Belle Catherine - Бенцони Жюльетта - Страница 6


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Non mais, gronda l'autre, une lueur mauvaise au fond des yeux. Faudrait voir a ne pas m'insulter ! Il a quatre hommes en moins, le Venables, a l'heure qu'il est, grace a moi tout seul. Seulement, ils se sont mis a dix pour m'avoir. Ils m'ont a demi assomme, ligote... et j'ai fait le mort, ca valait mieux puisque je ne pouvais servir a rien. Je fais ca tres bien...

Seulement, ce que j'ai endure, vous n'avez pas idee. Ficele comme un saucisson et les yeux presque fermes par les coups, j'ai quand meme tout vu... et tout entendu. Ce qui etait pire ! Oh, il a aussi fait du bon travail, l'homme a la piece d'or. Il avait empoigne un banc et il tapait sur les routiers a tour de bras. Ca n'a pas empeche qu'ils l'ont eu, lui aussi. Il s'est retrouve ficele a cote de moi, mais bien evanoui, lui, avec au front une bosse qui enflait a vue d'?il et tournait au noir.

C'etait une bonne chose au fond... Il ne les a pas entendus hurler, lui, la petite Guillemette et le pauvre Magloire... Moi, j'ai cru devenir fou et j'ai remercie Dieu quand ils se sont tus et que j'ai compris qu'ils etaient morts.

Il s'arreta un instant, eut un mouvement d'epaules comme s'il cherchait a essuyer la sueur qui ruisselait sur son visage.

Sans un mot Catherine s'approcha et, d'un pan de son voile, epongea le malheureux qui la regarda avec une expression de gratitude infinie.

— Merci, belle dame !...

— Je vous en prie, coupa Catherine en reculant, continuez ! Qu'est-il advenu de messire de Montsalvy... Je veux dire : celui que vous appelez l'homme a la piece d'or ?

— Ah, je savais bien que c'etait un seigneur ! s'ecria Gauthier d'un air de triomphe. Venables aussi, d'ailleurs, l'a su tout de suite. Quand... tout a ete fini, je l'ai entendu ordonner a deux de ses hommes de l'emmener pour tacher d'en tirer rancon.

— Comment se fait-il qu'ils t'aient laisse, toi ? fit La Hire goguenard ; un gaillard comme toi, ca vaut de l'or.

Je vous l'ai dit, ils m'ont cru mort. En partant ils ont enflamme une botte de paille sous la table, pensant que tout allait griller, moi avec, mais des qu'ils ont eu le dos tourne j'ai brule les cordes qui me liaient, j'ai eteint le feu... et puis, je me suis sauve.

— Sauve ? s'etonna Catherine, mais pourquoi ?

De .nouveau, il se tourna vers elle, avec des yeux

ou brillaient des larmes.

— Faut comprendre, dame ! Je les aimais bien, tous les deux... et de les voir comme ca... c'etait plus que je n'en pouvais endurer. J'ai couru droit devant moi, jusqu'a mon bois, les deux mains sur mes oreilles parce que je croyais toujours entendre leurs cris d'agonie. Toute la journee, je suis reste sous les branches, a pleurer, a trembler... Mais, apres, j'ai eu honte... J'y suis retourne parce que j'avais encore quelque chose a faire. Pauvres ! Ils avaient bien droit a un coin de terre benie apres leur martyre. Alors je les ai emballes de mon mieux dans deux couvertures, je les ai charges sur mes epaules quand la nuit a ete la et je suis alle les enterrer dans l'enclos des morts, au chevet de l'eglise du village.

— ... et tu es revenu pour voir si les routiers de Venables n'avaient pas laisse quelque chose, fit La Hire sarcastique.

Malencontre tourna vers lui un visage si congestionne par la fureur qu'il etait presque violet.

— Un capitaine du Roi, ca devrait comprendre certaines choses ! Oui, je suis revenu parce que je savais ou Magloire cachait son tonnelet d'eau-de-vie et que je voulais me saouler, vous entendez ? me saouler a en crever pour ne plus entendre les cris de Guillemette... c'est meme comme ca que je me suis assomme a une poutre !

Un silence suivit. La Hire, les mains nouees au dos, arpentait la salle basse dont les dalles claquaient sous ses semelles de fer. Pendant ce temps, Catherine continuait d'examiner l'etrange bucheron. Une instinctive sympathie l'entrainait vers cet homme qui lui avait parle d'Arnaud. Mais, brusquement, La Hire s'arretait devant Gauthier.

Tu es sur que tu as tout dit... et que tu as dit la verite ? Ton histoire me parait louche. J'ai bonne envie de te faire mettre a la torture.

Le bucheron haussa ses massives epaules et lui eclata de rire au nez.

— Si ca vous amuse, faut pas vous gener, Messire. Mais j'aime autant vous dire que le bourreau qui fera dire a Gauthier Malencontre autre chose que la verite vraie, il n'est pas encore ne !

On ne narguait pas La Hire sans inconvenient. Le capitaine devint pourpre et hurla :

— Maudit maraud, nous verrons bien si tu te moqueras de moi au bout d'une corde. Qu'on le pende !

— Non !

Instinctivement, Catherine s'etait jetee devant l'homme ligote et, les bras ecartes, lui faisait de son corps un rempart.

Elle avait crie, mais, plus doucement, elle repeta :

— Non, Messire... Ce serait une cruaute inutile. Moi, je crois ce qu'il dit. On ne ment pas avec le regard de cet homme. Pourquoi d'ailleurs mentirait- il ? Il n'a rien fait qui merite la potence et il peut nous etre tellement utile ! Ne disiez-vous pas tout a l'heure qu'il valait son pesant d'or ?

— Je n'aime pas que l'on se moque de moi.

— Il ne s'est pas moque de vous. Je vous en supplie, seigneur La Hire, au nom de l'amitie que vous avez pour Arnaud, ne tuez pas cet homme. Laissez- le-moi... je vous le demande.

Pas plus que les autres, La Hire n'avait la force d'ame necessaire pour resister a Catherine quand elle demandait quelque chose d'une certaine maniere. Il lui jeta un coup d'?il vif, puis un autre regard, plein de rancune celui-la, a son prisonnier et, finalement, haussant les epaules, sortit de la salle a grands pas en criant :

— Faites-en ce que vous voulez et grand bien vous fasse ! Il est a vous.

Quelques instants plus tard, delivre de ses liens, le gigantesque bucheron mettait humblement genou a terre devant Catherine.

— Dame... je vous dois la vie. Faites-en ce que vous voudrez, mais laissez-moi vous servir. Meme une belle dame a toujours besoin d'un chien fidele.

Cette nuit-la, Catherine dormit d'un sommeil assez calme. Elle etait plus tranquille pour Arnaud, savait que, meme si son sort actuel n'etait guere enviable, sa vie ne risquerait rien tant que le bandit qui le retenait captif espererait en tirer quelque chose. Et puis, des l'aube sonnee, La Hire partirait avec une partie des troupes de Louviers pour aller enfumer le renard dans sa taniere et lui arracher son prisonnier. En qui mieux qu'en l'irascible capitaine pouvait-elle placer sa confiance et remettre la vie d'Arnaud ?

Avant de se retirer pour la nuit, Catherine avait confie Gauthier au jardinier du couvent, non sans s'attirer quelques remarques acerbes de Sara.

— Qu'est-ce que nous allons faire de ce grand sauvage ? avait ronchonne la digne femme. Il est un peu grand pour un page, un peu malodorant pour un valet, un peu rustre pour servir une dame de qualite et, de toute facon, beaucoup trop encombrant !

— Mais il constitue une serieuse protection et j'ai le pressentiment que nous en aurons besoin. Quant a etre sauvage...

c'est bien la premiere fois, depuis que je te connais, que je t'entends prononcer ce mot-la avec reprobation. Nous renions nos origines, ma bonne Sara?

— Je ne renie pas mes origines, mais j'ai le droit de ne pas danser de joie a l'idee d'avoir desormais ce grand escogriffe a nos trousses.

— Par les temps ou nous vivons, un homme comme lui peut etre utile, fit Catherine d'un ton si tranchant que Sara n'insista pas et se contenta de marmonner : Apres tout, ca te regarde !...

La nuit, donc, avait ete paisible, mais des les premieres lueurs de l'aube une agitation insolite s'empara de la petite cite.

Une rumeur, des bruits de course, des cris vinrent bientot eveiller les calmes echos du couvent au moment ou la longue theorie blanche des nonnes sortait de la chapelle et se rendait au refectoire.

Catherine et Sara, portant toutes deux un voile sur la tete, un missel dans les mains, venaient derriere avec la mere superieure. Jamais Catherine n'avait suivi plus distraitement la messe. Depuis l'Evangile, depuis que les premiers bruits avaient eclate, son esprit avait ete tendu vers l'exterieur et elle avait du faire appel a tout son sang-froid pour ne pas quitter sa place et courir au-dehors. Un monde de pensees s'agitait dans sa tete et elle se demandait si, d'aventure, La Hire n'avait pas tente une expedition nocturne contre Venables... Si c'etait lui qui revenait et causait ce tintamarre !... S'il ramenait Arnaud ?... Vite Missa Estavait fait a la jeune femme l'effet d'une liberation et c'etait avec soulagement qu'elle avait franchi les portes de la chapelle, tout en deplorant la solennite hors de saison de cette marche processionnelle vers le refectoire. Les nonnes etaient-elles a ce point detachees du monde que ce qui se passait hors de leurs murailles ne les interessait pas ? Pourtant, tout en suivant la galerie aux minces colonnettes de pierre du cloitre, la mere Marie- Beatrice tendait l'oreille. Le vacarme enflait autour de l'ilot silencieux de l'abbaye. On pouvait distinguer maintenant des clameurs