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Murger Henry - Sc?nes De La Vie De Boh?me Sc?nes De La Vie De Boh?me

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оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Sc?nes De La Vie De Boh?me - Murger Henry - Страница 28


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– Je te le rendrai lundi.

– Ou a la trinite. Mon cher, tu oublies donc quel jour nous sommes? Je ne puis rien pour toi. Mais il n'y a rien de desespere, la journee n'est pas achevee. Tu peux encore rencontrer la Providence, elle ne se leve jamais avant midi.

– Ah! reprit Rodolphe, la Providence a trop de besogne aupres des petits oiseaux. Je m'en vais aller voir Marcel.

Marcel demeurait alors rue de Breda. Rodolphe le trouva tres-triste en contemplation devant son grand tableau qui devait representer le Passage de la mer Rouge .

– Qu'as-tu? demanda Rodolphe en entrant, tu parais tout mortifie.

– Helas! fit le peintre en procedant par allegorie, voila quinze jours que je suis dans la Semaine Sainte.

Pour Rodolphe, cette reponse etait transparente comme de l'eau de roche.

– Harengs sales et radis noirs! Tres-bien. Je me souviens.

En effet, Rodolphe avait la memoire encore salee des souvenirs d'un temps ou il avait ete reduit a la consommation exclusive de ce poisson.

– Diable! Diable, fit-il, ceci est grave! Je venais t'emprunter cent francs.

– Cent francs! fit Marcel… Tu feras donc toujours de la fantaisie. Me venir demander cette somme mythologique a une epoque ou l'on est toujours sous l'equateur de la necessite! Tu as pris du hatchich…

– Helas! dit Rodolphe, je n'ai rien pris du tout.

Et il laissa son ami au bord de la mer Rouge.

De midi a quatre heures, Rodolphe mit tour a tour le cap sur toutes les maisons de connaissance; il parcourut les quarante-huit quartiers et fit environ huit lieues, mais sans aucun succes. L'influence du 15 avril se faisait partout sentir avec une egale rigueur; cependant on approchait de l'heure du diner. Mais il ne paraissait guere que le diner approchat avec l'heure, et il sembla a Rodolphe qu'il etait sur le radeau de la Meduse .

Comme il traversait le pont neuf, il eut tout a coup une idee:

– Oh! Oh! Se dit-il en retournant sur ses pas, le 15 avril… le 15 avril… mais j'ai une invitation a diner pour aujourd'hui.

Et, fouillant dans sa poche, il en tira un billet imprime ainsi concu:

barriere de la villette.

AU GRAND VAINQUEUR.

Salon de 300 couverts.

banquet anniversaire

EN L'HONNEUR DE LA NAISSANCE

du

MESSIE HUMANITAIRE

le 15 avril 184…

Bon pour une personne.

N.-B.-On n'a droit qu'a une demi-bouteille de vin.

– Je ne partage pas les opinions des disciples du messie, se dit Rodolphe… mais je partagerai volontiers leur nourriture. Et avec une velocite d'oiseau il devora la distance qui le separait de la barriere.

Quand il arriva dans les salons du Grand-Vainqueur , la foule etait immense… Le salon de trois cents couverts contenait cinq cents personnes. Un vaste horizon de veau aux carottes de deroulait a la vue de Rodolphe.

On commenca enfin a servir le potage.

Comme les convives portaient leur cuiller a leur bouche, cinq ou six personnes en bourgeois et plusieurs sergents de ville firent irruption dans la salle, un commissaire a leur tete.

– Messieurs, dit le commissaire, par ordre de l'autorite superieure, le banquet ne peut avoir lieu. Je vous somme de vous retirer.

– Oh! dit Rodolphe en sortant avec tout le monde, oh! La fatalite qui vient de renverser mon potage!

Il reprit tristement le chemin de son domicile, et y arriva sur les onze heures du soir.

M. Benoit l'attendait.

– Ah! C'est vous, dit le proprietaire. Avez-vous songe a ce que je vous ai dit ce matin? M'apportez-vous de l'argent?

– Je dois en recevoir cette nuit; je vous en donnerai demain matin, repondit Rodolphe en cherchant sa clef et son flambeau dans la case. Il ne trouva rien.

– Monsieur Rodolphe, dit M. Benoit, j'en suis bien fache, mais j'ai loue votre chambre, et je n'en ai plus d'autre qui soit disponible; il faut voir ailleurs.

Rodolphe avait l'ame grande, et une nuit a la belle etoile ne l'effrayait pas. D'ailleurs, en cas de mauvais temps, il pouvait coucher dans une loge d'avant-scene a l'Odeon, ainsi que cela lui etait arrive deja. Seulement, il reclama ses affaires a M. Benoit, lesquelles affaires consistaient en une liasse de papiers.

– C'est juste, dit le proprietaire: je n'ai pas le droit de vous retenir ces choses-la, elles sont restees dans le secretaire. Montez avec moi; si la personne qui a pris votre chambre n'est pas couchee, nous pourrons entrer.

La chambre avait ete louee dans la journee a une jeune fille qui s'appelait Mimi, et avec qui Rodolphe avait jadis commence un duo de tendresse.

Ils se reconnurent sur-le-champ. Rodolphe parla tout bas a l'oreille de Mimi, et lui serra doucement la main.

– Voyez comme il pleut! dit-il en indiquant le bruit de l'orage qui venait d'eclater.

Mademoiselle Mimi alla droit a M. Benoit, qui attendait dans un coin de la chambre.

– Monsieur, lui dit-elle en designant Rodolphe… monsieur est la personne que j'attendais ce soir… ma porte est defendue.

– Ah! fit M. Benoit avec une grimace. C'est bien!

Pendant que Mademoiselle Mimi preparait a la hate un souper improvise, minuit sonna.

– Ah! dit Rodolphe en lui-meme, le 15 avril est passe, j'ai enfin double mon cap des tempetes. Chere Mimi, fit le jeune homme en attirant la belle fille dans ses bras et l'embrassant sur le cou a l'endroit de la nuque, il ne vous aurait pas ete possible de me laisser mettre a la porte. Vous avez la bosse de l'hospitalite.