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Murger Henry - Sc?nes De La Vie De Boh?me Sc?nes De La Vie De Boh?me

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оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Sc?nes De La Vie De Boh?me - Murger Henry - Страница 26


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– Prends le martin , dit Marcel; c'est une idee; il est chaud comme braise, et tu seras la-dedans comme un pain dans un four.

Rodolphe habitait deja la peau de l'animal fourre.

– Maintenant, dit-il le thermometre va etre furieusement vexe.

– Est-ce que tu vas sortir comme ca? dit Marcel a son ami, apres qu'ils eurent acheve un diner vague, servi dans de la vaisselle, timbree a cinq centimes.

– Parbleu, dit Rodolphe, je me moque pas mal de l'opinion; d'ailleurs, c'est aujourd'hui le commencement du carnaval. Et il traversa tout Paris avec l'attitude grave du quadrupede dont il habitait le poil. En passant devant le thermometre de l'ingenieur Chevalier, Rodolphe alla lui faire un pied de nez.

Rentre chez lui, non sans avoir cause une grande frayeur a son portier, le poete alluma sa chandelle, et eut grand soin de l'entourer d'un papier transparent pour prevenir les malices des aquilons; et sur-le-champ il se mit a la besogne. Mais il ne tarda pas a s'apercevoir que si son corps etait preserve a peu pres du froid, ses mains ne l'etaient pas; et il n'avait point ecrit deux vers de son epitaphe, qu'une onglee feroce vint lui mordre les doigts, qui lacherent la plume.

– L'homme le plus courageux ne peut pas lutter contre les elements, dit Rodolphe en tombant aneanti sur sa chaise. Cesar a passe le Rubicon, mais il n'aurait point passe la Beresina.

Tout a coup le poete poussa un cri de joie du fond de sa poitrine d'ours, et il se leva si brusquement, qu'il renversa une partie de son encre sur la blancheur de sa fourrure: il avait eu une idee, renouvelee de Chatterton.

Rodolphe tira de dessous son lit un amas considerable de papiers, parmi lesquels se trouvaient une dizaine de manuscrits enormes de son fameux drame du Vengeur . Ce drame, auquel il avait travaille deux ans, avait ete fait, defait, refait tant de fois, que les copies reunies formaient un poids de sept kilogrammes. Rodolphe mit de cote le manuscrit le plus recent et traina les autres devant la cheminee.

– J'etais bien sur que j'en trouverais le placement, s'ecria-t-il… avec de la patience! Voila certainement un joli cotret de prose. Ah! Si j'avais pu prevoir ce qui arrive, j'aurais fait un prologue, et aujourd'hui j'aurais plus de combustible… Mais bah! On ne peut pas tout prevoir. Et il alluma dans sa cheminee quelques feuilles du manuscrit, a la flamme desquels il se degourdit les mains. Au bout de cinq minutes, le premier acte du Vengeur etait joue et Rodolphe avait ecrit trois vers de son epitaphe.

Rien au monde ne saurait peindre l'etonnement des quatre vents cardinaux en apercevant du feu dans la cheminee.

– C'est une illusion, souffla le vent du nord qui s'amusa a rebrousser le poil de Rodolphe.

– Si nous allions souffler dans le tuyau, reprit un autre vent, ca ferait fumer la cheminee. Mais comme ils allaient commencer a tarabuster le pauvre Rodolphe, le vent du sud apercut M. Arago a une fenetre de l'Observatoire, ou le savant faisait du doigt une menace au quatuor d'aquilons.

Aussi le vent du sud cria a ses freres: «Sauvons-nous bien vite, l'almanach marque un temps calme pour cette nuit; nous nous trouvons en contravention avec l'observatoire, et, si nous ne sommes pas rentres a minuit, M. Arago nous fera mettre en retenue.»

Pendant ce temps-la, le deuxieme acte du Vengeur brulait avec le plus grand succes. Et Rodolphe avait ecrit dix vers. Mais il ne put en ecrire que deux pendant la duree du troisieme acte.

– J'avais toujours pense que cet acte-la etait trop court, murmura Rodolphe, mais il n'y a qu'a la representation qu'on s'apercoive d'un defaut. Heureusement que celui-ci va durer plus longtemps: il y a vingt-trois scenes, dont la scene du trone, qui devait etre celui de ma gloire… La derniere tirade de la scene du trone s'envolait en flammeches comme Rodolphe avait encore un sixain a ecrire.

– Passons au quatrieme acte, dit-il, en prenant un air de feu. Il durera bien cinq minutes, c'est tout monologue. Il passa au denoument, qui ne fit que flamber et s'eteindre. Au meme moment, Rodolphe encadrait dans un magnifique elan de lyrisme les dernieres paroles du defunt en l'honneur de qui il venait de travailler. Il en restera pour une seconde representation, dit-il en poussant sous son lit quelques autres manuscrits.

Le lendemain, a huit heures du soir, Mademoiselle Angele faisait son entree au bal, ayant a la main un superbe bouquet de violettes blanches, au milieu desquelles s'epanouissaient deux roses, blanches aussi. Toute la nuit, ce bouquet valut a la jeune fille des compliments des femmes, et des madrigaux des hommes. Aussi Angele sut-elle un peu gre a son cousin qui lui avait procure toutes ces petites satisfactions d'amour-propre, et elle aurait peut-etre pense a lui davantage sans les galantes persecutions d'un parent de la mariee qui avait danse plusieurs fois avec elle. C'etait un jeune homme blond, et porteur d'une de ces superbes paires de moustaches relevees en crocs, qui sont les hamecons ou s'accrochent les c?urs novices. Le jeune homme avait deja demande a Angele qu'elle lui donnat les deux roses blanches qui restaient de son bouquet, effeuille par tout le monde… mais Angele avait refuse, pour oublier a la fin du bal les deux fleurs sur une banquette, ou le jeune homme blond courut les prendre.

A ce moment-la il y avait quatorze degres de froid dans le belvedere de Rodolphe, qui, appuye a sa fenetre, regardait du cote de la barriere du Maine les lumieres de la salle de bal ou dansait sa cousine Angele, qui ne pouvait pas le souffrir.