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Murger Henry - Sc?nes De La Vie De Boh?me Sc?nes De La Vie De Boh?me

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оксана2018-11-27
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Sc?nes De La Vie De Boh?me - Murger Henry - Страница 14


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– Elles aimeraient mieux un chapeau ou des bottines, lui disaient ses amis.

Mais Rodolphe s'obstinait, et jusqu'ici les nombreuses ecoles qu'il avait commises n'avaient pu le guerir. Il attendait toujours une femme qui voulut bien poser en idole, un ange en robe de velours a qui il pourrait tout a son aise adresser des sonnets ecrits sur feuilles de saule.

Enfin, Rodolphe entendit sonner «l'heure sainte;» et comme le dernier coup resonnait sur le timbre de metal, il crut voir l'Amour et la Psyche qui surmontaient sa pendule enlacer leurs corps d'albatre.

Au meme moment on frappa deux coups timides a la porte. Rodolphe alla ouvrir; c'etait Louise.

– Je suis de parole, dit-elle, vous voyez!

Rodolphe ferma les rideaux et alluma une bougie neuve.

Pendant ce temps, la petite s'etait debarrassee de son chale et de son chapeau, qu'elle alla poser sur le lit. L'eblouissante blancheur des draps la fit sourire, et presque rougir.

Louise etait plutot gracieuse que jolie; sa fraiche figure offrait un piquant melange de naivete et de malice. C'etait quelque chose comme un motif de Greuze arrange par Gavarni. Toute la jeunesse attrayante de la jeune fille etait adroitement mise en relief par une toilette qui, bien que tres-simple, attestait chez elle cette science innee de coquetterie que toutes les femmes possedent, depuis leur premier lange jusqu'a leur robe de noce. Louise paraissait en outre avoir particulierement etudie la theorie des attitudes, et prenait devant Rodolphe, qui l'examinait en artiste, une foule de poses seduisantes dont le manierisme avait souvent plus de grace que le naturel: ses pieds, finement chausses, etaient d'une exiguite satisfaisante… meme pour un romantique epris des miniatures andalouses ou chinoises. Quant a ses mains, leur delicatesse attestait l'oisivete. En effet, depuis six mois, elles n'avaient plus a redouter les morsures de l'aiguille. Pour tout dire, Louise etait un de ces oiseaux volages et passagers qui, par fantaisie et souvent par besoin, font pour un jour, ou plutot une nuit, leur nid dans les mansardes du quartier latin et y demeurent volontiers quelques jours, si on sait les retenir par un caprice, ou par des rubans.

Apres avoir cause une heure avec Louise, Rodolphe lui montra comme exemple le groupe de l'amour et psyche.

– Est-ce pas Paul et Virginie? dit-elle.

– Oui, repondit Rodolphe, qui ne voulut pas d'abord la contrarier par une contradiction.

– Ils sont bien imites, repondit Louise.

– Helas! pensa Rodolphe en la regardant, la pauvre enfant n'a guere de litterature. Je suis sur qu'elle se borne a l'orthographe du c?ur, celle qui ne met point d's au pluriel. Il faudra que je lui achete un Lhomond.

Cependant, comme Louise se plaignait d'etre genee dans sa chaussure, il l'aida obligeamment a delacer ses bottines.

Tout a coup la lumiere s'eteignit.

– Tiens, s'ecria Rodolphe, qui donc a souffle la bougie?

Un joyeux eclat de rire lui repondit.

Quelques jours apres, Rodolphe rencontra dans la rue un de ses amis.

– Que fais-tu donc? Lui demanda celui-ci. On ne te voit plus.

– Je fais de la poesie intime, repondit Rodolphe.

Le malheureux disait vrai. Il avait voulu demander a Louise plus que la pauvre enfant ne pouvait lui donner. Musette, elle n'avait point les sons d'une lyre. Elle parlait, pour ainsi dire, le patois de l'amour, et Rodolphe voulait absolument en parler le beau langage. Aussi ne se comprenaient-ils guere.

Huit jours apres, au meme bal ou elle avait trouve Rodolphe… Louise rencontra un jeune homme blond, qui la fit danser plusieurs fois, et a la fin de la soiree il la reconduisit chez lui.

C'etait un etudiant de seconde annee, il parlait tres-bien la prose du plaisir, avait de jolis yeux et le gousset sonore.

Louise lui demanda du papier et de l'encre, et ecrivit a Rodolphe une lettre ainsi concue:

«Ne conte plus sur moi du tout, je t'embrase pour la derniere foi. Adieu.

«Louise.»

Comme Rodolphe lisait ce billet le soir en rentrant chez lui, sa lumiere mourut tout a coup.

– Tiens, dit Rodolphe en maniere de reflexion, c'est la bougie que j'ai allumee le soir ou Louise est venue: elle devait finir avec notre liaison. Si j'avais su, je l'aurais choisie plus longue, ajouta-t-il avec un accent moitie depit, moitie regret, et il deposa le billet de sa maitresse dans un tiroir qu'il appelait quelquefois les catacombes de ses amours.

Un jour, etant chez Marcel, Rodolphe ramassa a terre, pour allumer sa pipe, un morceau de papier sur lequel il reconnut l'ecriture et l'orthographe de Louise.

– J'ai, dit-il a son ami, un autographe de la meme personne; seulement, il y a deux fautes de moins que dans le tien. Est-ce que cela ne prouve pas qu'elle m'aimait mieux que toi?

– Ca prouve que tu es un niais, lui repondit Marcel: les blanches epaules et les bras blancs n'ont pas besoin de savoir la grammaire.