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Франция: Общественно-политические реалии - Конобеев Владимир - Страница 6
Élargir les possibilités de référendum, raccourcir la durée du mandat présidentiel, pour ne citer que les deux hypothèses les plus fréquemment émises, voilà des choses parfaitement concevables. Ce qui importe alors n'est pas de savoir si elles constitueraient ou non des changements importants. Cela importe d'autant moins que ce type d'appréciation est aléatoire.
Ce qui importe vraiment, c'est que de telles modifications ne soient pas l'occasion de déchirements politiques. Il ne faut les entreprendre que si elles sont sinon voulues par tous, au moins acceptées par à peu près tous. La Constitution n'est pas la chose d'une majorité. Il est bien assez de sujets sur lesquels se diviser pour n'en pas rajouter qui ne soient pas indispensables. En matière constitutionnelle, la preuve est faite qu'ils ne le sont pas puisque, au total, nos institutions ont affronté aveç succes toutes les épreuves auxquelles l'Histoire les a soumises. Dans ce domaine plus que dans tout autre, que l'on propose, soit ! Que l'on impose, surtout pas.
19. Culture. L'idée qu'elle puisse relever du politique ne va nullement d'elle-même.
La culture est avant tout affaire de goûts, pourra-t-on dire, et relève donc de choix individuels. Faire intervenir l'État au-delà de la seule defense du patrimoine risque d'ouvrir la porte à un art officiel ou, au contraire, à des artistes autoproclamés dont nul public ne viendrait sanctionner la création.
Une conception inverse soutient que c'est du foisonnement que vient la découverte, que toute création est intrinsèquement respectable et doit être encouragée dans la mesure du possible, que les plus grands artistes n'ont pas forcément atteint de leur vivant la notoriété que méritait leur génie, qu'il vaut donc mieux risquer, en aidant tout le monde, d'en faire profiter quelques médiocrités que de laisser sans ressources un Mozart ou un Van Gogh.
Une autre approche ne se préoccupe que des richesses du passé. Les préserver d'abord, en diffuser les témoignages ensuite, et veiller par la formation à ce qu'ils ne soient pas l'apanage de quelques catégories sociales, voila a quoi il est légitime que l'État consacre ses efforts.
20. Drogue. Entre la préoccupation et la psychose, il y a un pas qu'il ne faut pas franchir. Lutter contre la drogue exige d'abord de voir le phénomène dans son ampleur réelle, qui est relative. .
En France, il semble qu'il y ait une stabilisation. Chaque année, depuis quatre ans, entre 150 et 200 morts sont dues à une « overdose ». Dans le même temps, on dénombre environ 10000 suicides et 40 000 morts provoqués directement ou indirectement par l'alcool. Par ailleurs, l'âge moyen des toxicomanes a cessé de baisser et commence à grimper. Les jeunes paraissent donc commencer à rejeter la drogue tandis que l'alcool connaît parmi eux une forte progression.
Cela dit, la dépendance à l'égard de la drogue — coûteuse et illégale, contrairement à l'alcool — aggrave l'insécurité. Pour se procurer leur dose, les usagers se font délinquants ou dealers.
Poursuivre les trafiquants avec fermeté, les punir avec sévérité, naturellement ! Encore faut-il avoir conscience des limites de cette répression. En premier lieu, elle doit concerner également les dealers, qui incitent à la consommation et sont à l'origine de nombreuses rechutes. En second lieu, aux grands réseaux de naguère ont succédé des trafiquants moyens, plus nombreux, moins réguliers, plus difficiles encore à mettre hors d'état de nuire.
Agir sur l'offre n'est donc pas suffisant, et c'est aussi vers la demande de drogue qu'il faut se tourner. De ce point de vue, initiative est bienvenue. Celle à laquelle Michel Platini a apporté son prestige, celles auxquelles l'Éducation nationale apporte son soutien, celles que relayent des films ou des chansons, montrent la voie qu'il nous faut suivre.
21. Nationalisations-dénationalisations. Au départ, il y avait un problème simple : en France, traditionnellement, l'épargne se portait sur la pierre et la terre plus que sur l'industrie et l'entreprise. Plusieurs grandes sociétés, de ce fait, ne trouvaient, ni auprès de leurs actionnaires ni sur le marché financier, les capitaux dont elles avaient besoin pour investir, c'est-à-dire pour affronter l'avenir.
Deux solutions s'offraient alors : recourir aux capitaux étrangers ou faire appel au contribuable. La seconde fut naturellement préférée. C'était cela, c'aurait dû n'être que cela.
Mais l'équivoque est née de ce que cette mesure que le bon sens guidait a pris l'allure d'une remise en cause de l'économie de marché. Destinée à procurer des capitaux, elle devenait anticapitaliste ! Financière, elle devenait idéologique. Moyen, elle devenait une fin.
De là est venue l'idée fausse selon laquelle à l'importance des nationalisations, et à leur pourcentage, pouvait seul se mesurer l'enracinement à gauche. De là aussi, et de ce fait, le choix de procéder à 100%.
Les illusions sont aujourd'hui dissipées, celles notamment consistant à penser que les salariés de ces entreprises verraient leur sort notablement amélioré : nationalisées, elles restaient des entreprises soumises aux contraintes de toutes les entreprises et ne pouvant s'en affranchir.
Mais au moins doit-on rendre cette justice qu'a été atteint l'objectif initial. Les chiffres parlent d'eux-mêmes et la différence entre le prix d'achât en 1982 et le prix de vente cinq ans plus tard est un vibrant hommage. Les denationalisations ne sont pas le contraire des nationalisations : elles en sont le négatif.
Toutes les entreprises visées en 1982 le sont en 1986, et même
un peu plus pour faire bonne mesure. On nationalisait à 100%: on
privatise à 100%. On aurait pu dépenser moins en 1982: on aurait dû
récupérer plus en 1987 pour les besoins propres de l'entreprise,
22. Défense. Vivre libre, c'est n'accepter de se soumettre à la force de personne. Avant même les raisons solides et nombreuses qui existent pour défendre notre nation, sa richesse humaine, son patrimoine culturel, son message de justice et de démocratie, celle-là prime toutes les autres qui naît du refus de se voir imposer quoi que ce soit par la violence d'autrui.
Si cela ne tenait qu'à nous, démocrates et pacifiques, la dépense militaire n'aurait pas lieu d'être, en tout cas pas si lourde.
Mais nous ne sommes pas seuls, et nous sommes contraints de proportionner notre effort à l'agressivité que manifestent les autres. Conflits d'intérêts, conflits de civilisations, nous ne sommes à l'abri ni des uns ni des autres, et seul peut actuellement nous prémunir le respect qu'on inspire. Une proie facile est une proie vite dévorée.
Dès lors, quelque regret qu'on ait de si fortes dépenses, quelque dépit qu'on ressente de les voir employées à cela, rien ne sert de se lamenter et il nous faut agir. Agir signifie alors deux choses: d'une part consacrer tout ce que nous avons d'énergie à éloigner le spectre de la guerre, à rendre la paix plus générale et plus durable et le désarmement possible; d'autre part, en attendant d'y parvenir, veiller à n'être pas pris en défaut, inspirer, à qui pourrait nous agresser une crainte salutaire et se donner les moyens d'une défense impérativement crédible pour l'hypothèse où nos intérêts vitaux seraient menacés.
C'est la fonction de l'armement nucléaire, et il faut reconnaître qu'il ne s'en est pas mal acquitté. Si aucune guerre mondiale n'a embrasé la planète, si les tensions qu'a connues l'Europe depuis plus de cinquante ans n'ont jamais dégénéré en un conflit armé, c'est évidemment à l'armement nucléaire qu'on le doit, plus qu'à la sagesse des hommes. La France dispose d'une force nucleaire reconnue et acceptee.
Une situation s'est ainsi créée dont nul — à l'intérieur ou hors de nos frontières — ne peut s'abstraire. Elle a sa logique qui s'impose désormais à chacun et structure l'ensemble de notre système de défense. C'est la raison pour laquelle, puisqu'on ne peut fractionner les moyens de notre sécurité, nos forces conventionnelles trop longtemps sacrifiées doivent aujourd'hui être renforcées. C'est maintenant que réside l'urgence la plus grande. Si le danger le plus pressant, celui qui pourrait supposer l'emploi des armes stratégiques ou préstratégiques, vient de l'Est, cela signifie qu'en cas de guerre européenne la France ne serait pas forcément la première nation touchée et que ce role peu enviable serait plus probablement tenu par nos voisins et particulièrement par l'Allemagne.
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