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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine Il suffit d'un amour Tome 1 - Бенцони Жюльетта - Страница 62


62
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Peut-etre qu'elle desirait sa presence, alors que, justement, elle craignait cette presence et souhaitait apprendre qu'il ne lui rendrait pas visite ce soir-la. Mais Catherine se tourmentait a tort. Ni cette nuit, ni les nuits suivantes, Garin de Brazey ne vint frapper a la porte de sa femme ! Parfaitement illogique, celle-ci en eprouva quelque depit...

Durant les jours qui s'ecoulerent entre son retour et la presentation de Catherine a la duchesse-douairiere, Garin de Brazey sembla prendre plaisir a faire admirer a sa jeune femme toutes les merveilles cachees de son hotel. Pendant son absence, celle-ci avait pu prendre possession de ses propres appartements et aussi de toute la partie reservee aux receptions et a la vie publique. Apres la grande salle au plafond dore et historie, tendue d'admirables tapisseries d'Arras a fils d'or qui retracaient la vie des Prophetes, elle avait pu admirer plusieurs autres pieces qui lui faisaient suite, un peu plus petites mais decorees avec un luxe extraordinaire. Elles etaient toutes tendues de ce violet pourpre cher au maitre de ceans, decorees d'or et d'argent et, de plus, des merveilles d'orfevrerie s'y entassaient avec des livres rares aux couvertures ornees de pierres fines, des coffres d'email, des statues d'or, d'ivoire et de cristal, des tapis epais ou le pied enfoncait jusqu'a la cheville, des instruments de musique tailles dans les bois les plus precieux et les plus rares. Elle avait aussi fait connaissance des enormes cuisines, agencees pour nourrir une veritable foule, du jardin plante de buis et de roses, des ecuries, des resserres a provisions. Mais elle n'avait pas penetre dans l'aile gauche que commandait une porte unique, en chene aux enormes pentures de fer et toujours fermee a clef, ni dans les appartements de son mari. Cette aile s'ouvrait tout au fond de la grande galerie aux vitraux multicolores qui courait tout le long du premier etage de l'hotel. Lorsque Garin, apres avoir saisi un flambeau allume, ouvrit la mysterieuse porte, Catherine comprit pourquoi on la gardait si soigneusement fermee. L'aile gauche, d'aspect tres feodal, eclairee seulement par d'etroites meurtrieres, n'etait en fait qu'une vaste resserre dans laquelle le Grand Argentier entreposait une foule de choses venues de tous les coins du monde et qu'il faisait revendre ensuite, avec grand profit, par ses nombreux agents. Car, a ses nobles et tres honorifiques fonctions, Garin joignait un commerce de grande envergure qui, pour etre secret et gene actuellement par la guerre, n'en etait pas moins tres lucratif.

— Vous voyez, fit Garin mi-serieux, mi-moqueur en la guidant a travers les salles bondees, je vous livre mes secrets. Dans l'unique but, d'ailleurs, que vous me fassiez la grace de prendre ici tout ce dont vous aurez envie.

Elle sourit pour le remercier puis, a sa suite, parcourut le vaste entrepot les yeux grands ouverts d'admiration. L'une des chambres contenait des tapis, enroules les uns sur les autres, repandant une odeur lourde et musquee, evocatrice de soleil et de pays lointains. Le chandelier que portait Garin faisait vivre un instant leurs couleurs chatoyantes. Tapis d'Asie Mineure, de Brousse, de Smyrne ou de Kusch aux teintes chaleureuses, vert sourd ou bleu profond pour mieux faire chanter l'eclat des pourpres, tapis du Caucase aux harmonieux degrades, tapis persans de Herat, de Tabriz, de Meched ou de Kashan, fleuris comme des jardins de reve, Boukhara somptueux, Samarcandes eclatants et jusqu'a d'etranges tapis de soie du Khotan, a trames laches, venus de la Chine fabuleuse.

D'autres pieces renfermaient les draps dores de l'Euphrate, les fourrures precieuses, zibelines, hermines, renards et vairs de Mongolie, les selles et harnais de Kirman, les jaspes de Karashar, les lapis lazulis de Badakhshan, l'ivoire brut des forets asiatiques, le santal blanc de Mysore. Puis les epices precieuses valant leur poids d'or, gingembre de la Mecque, girofle de Chine, cannelle du Tibet, poivre noir, cubebe et muscade de Java, poivre blanc de Cipango1, safran de la Caspienne, pistaches de Syrie, le tout enferme dans des sacs empiles les uns sur les autres. Ces epices degageaient une odeur enivrante qui faisait tourner la tete de Catherine et serrait ses tempes sous un debut de migraine. Cet endroit etait comme une caverne fabuleuse dans les profondeurs de laquelle s'allumait parfois l'eclat d'un metal, la couleur d'une etoffe, la blancheur cremeuse d'un ivoire ou le vert glauque d'un objet de jade. Au fond de la derniere piece, Garin, qui avait referme soigneusement la porte de la galerie, souleva une simple draperie de toile verte et decouvrit une porte basse qu'il ouvrit a l'aide d'une clef prise a sa ceinture. Catherine se retrouva dans la chambre de son mari, derriere le grand fauteuil d'argent et de cristal ou elle avait vecu jeune fille, de si penibles instants.

— J'ai encore d'autres tresors a vous montrer, fit Garin.

Un peu inquiete, elle se laissa guider vers le lit. Garin contourna sa masse imposante, ouvrit une nouvelle porte dissimulee par les rideaux de velours du chevet. Une petite piece circulaire prise dans une tourelle d'angle, apparut. Trois enormes coffres de fer aux serrures imposantes en occupaient a peu pres tout l'espace. Garin posa le chandelier sur une tablette scellee dans le mur, ouvrit l'un des coffres avec un effort qui fit gonfler les veines de son front. L'eclat jaune d'un monceau de pieces d'or se mit a luire dans l'ombre.

1. Japon.

La rancon d'un roi si besoin en etait ! commenta Garin avec un sourire oblique. Le second coffre en contient autant. Quant a celui-ci...

Le lourd couvercle se releva, comme un rideau de theatre sur une feerie de couleurs. Un amas de pierreries, de toutes tailles, de toutes nuances, montees ou non, fulguraient a cote de plusieurs coffrets, soigneusement ranges dans un angle et identiquement couverts de housses en velours violet. Les turquoises de Kirman s'y melaient aux perles rondes de Coro- mandel, aux diamants de l'Inde, aux saphirs de Cachemire et aux emeraudes de la mer Rouge. Il y avait aussi des corindons oranges, des aigues-marines d'azur liquide, des opales laiteuses, des escarboucles sanglantes et des topazes dorees, mais pas une seule amethyste.

— Elles sont toutes dans les coffres, expliqua Garin. Personne au monde n'en possede de plus belles, pas meme le duc ! Je crois qu'il me les envie un peu...

Il contemplait les pierres, une lueur au fond des yeux. Tout a coup, il parut avoir totalement oublie la presence de Catherine. Le reflet des flammes sur les gemmes colorait son visage d'etranges taches bigarrees qui lui pretaient l'apparence malefique d'un demon. Ses mains seches plongerent soudain dans l'amas fulgurant, en tirerent un large collier barbare fait de grosses turquoises, maladroitement taillees, mais enormes, enchassees dans une sorte de lourd grillage d'or figurant des serpents entrelaces. Avant que Catherine ait pu s'en defendre, Garin avait jete le collier sur ses epaules. Ses mains, tremblant d'une fievre soudaine, refermaient sur son cou le fermoir massif. Le collier etait si lourd que Catherine eut l'impression d'une chape de plomb tombant sur elle. Il etait aussi beaucoup trop large pour tenir tout entier dans le decollete modeste de la robe en simple velours brun souligne d'une etroite bande de martre que portait la jeune femme. Les mains de Garin tremblaient toujours sur le cou mince.

— Cela ne va pas ! Cela ne va pas ! gronda-t-il entre ses dents.

Il avait l'air egare. Son ?il noir brulait et les plis profonds marques autour de sa bouche se creusaient encore. Quittant soudain le fermoir du collier, les mains empoignerent le decollete de la robe, tirerent brutalement. Le tissu se dechira avec un bruit sec. Catherine poussa un cri. Mais la fievre qui le possedait sembla tout a coup abandonner Garin. Posement, adroitement, ses mains rabattirent la robe dechiree, decouvrant audacieusement les epaules et les seins de la jeune femme.