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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine Il suffit d'un amour Tome 1 - Бенцони Жюльетта - Страница 49


49
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— Vous semblez bien emue, fit aupres d'elle la voix tranquille de Garin. Je concois qu'une jeune fille ne s'engage pas dans la vie sans une certaine apprehension, mais il ne faut rien exagerer.

1. A cette epoque ou la vaisselle n'etait pas encore vulgarisee, il etait de bon ton qu'un homme et une femme partageassent courtoisement la meme assiette.

L'existence a deux peut etre une chose toute simple... voire agreable pour peu qu'on veuille s'en donner la peine.

Il cherchait visiblement a la rassurer et elle l'en remercia d'un pauvre sourire, genee de cette marque d'interet. Sa pensee, tout a coup, s'en allait vers Barnabe et ce qu'il entendait par « Tout est pret

». Qu'avait-il machine ? Quel piege allait-il tendre, dans la nuit, a cet homme puissant dont la mort pouvait lui etre si lourde de consequences ? Catherine l'imagina tapi dans l'ombre d'une porte, se confondant avec les tenebres comme s'y confondaient l'autre soir, Dimanche-l'Assommeur et Jehan des Ecus. Sur le cristal parlant de son imagination, elle le vit surgir soudain de l'ombre, un eclair d'acier au poing, et se jeter sur un cavalier qu'il desarconnait. Puis, frapper a coups redoubles une forme inerte.

Pour echapper a cette vision trop nette, Catherine tenta de s'interesser a la conversation des deux hommes. Ils parlaient politique et les femmes n'etaient guere conviees a s'y meler. Marie de Champdivers mangeait en silence, ou plutot grignotait car elle n'avait pas d'appetit, les yeux sur son assiette.

— Il y a des lezardes serieuses dans la noblesse de Bourgogne, disait son epoux. Nombre de grandes familles refusent le traite de Troyes et blament Monseigneur de l'avoir signe. Le prince d'Orange, le sire de Saint-Georges, entre autres, et aussi la puissante famille de Chateauvillain repoussent l'heritier anglais et les clauses, infamantes pour la France, de ce traite. Moi-meme j'avoue quelque repugnance.

Qui n'en aurait ? repondit Garin. La douleur causee par la mort de son pere a egare le duc au point de lui faire oublier qu'il est, malgre tout, un prince des fleurs de lys. Il n'ignore pas mon sentiment la-dessus et je ne lui ai point cache ce que je pense du traite : ce chiffon de papier qui depossede le dauphin Charles au profit du gendre anglais, du conquerant qui, depuis Azincourt, ecrase le pays, nous couvre de honte. Seule, une femme perdue de vices comme cette miserable Isabeau, pourrie jusqu'a la moelle par la debauche et l'avarice, pouvait s'avilir de la sorte, s'abaisser a se renier elle-meme en proclamant son fils batard.

— Il est des moments, fit Champdivers en hochant la tete, ou je comprends mal Monseigneur. Comment concilier ce grand regret qu'il affiche de n'avoir pu combattre a Azincourt, avec toute la noblesse de France, et son action actuelle qui ouvre le pays aux Anglais ! Le mariage du roi Henri V avec Madame Catherine de Valois, s?ur de feue la duchesse Michelle, a-t-il donc suffi a le retourner ? Je ne le crois pas...

Garin se detourna un instant pour tremper ses doigts graisseux dans le bassin d'eau parfumee que lui offrait un valet.

— Moi non plus. Le duc hait l'Anglais et redoute le genie militaire d'Henri V. Il est trop bon chevalier pour ne pas regretter sincerement son absence d'Azincourt et sa part de cette journee, aussi desastreuse que sanglante mais heroique. Malheureusement, ou heureusement pour la paix de ce pays, il pense Bourgogne avant de penser France et, s'il se souvient des fleurs de lys, c'est pour songer que la couronne de France serait bien mieux a sa place sur sa tete a lui que sur celle du malheureux Charles VI. Au jeu de la guerre et de la politique, il espere bien, a la longue, avoir raison de l'Anglais toujours impecunieux alors qu'il est lui-meme fort riche. Il se sert d'Henri V

quand celui-ci pense se servir de lui. Quant au dauphin Charles, Monseigneur Philippe n'a jamais doute de sa legitimite, au fond, mais sa haine et ses esperances trouvent leur compte a ce reniement.

Guillaume de Champdivers avala une large rasade de vin, poussa un soupir de satisfaction et se cala confortablement sur ses coussins.

— On dit que le Dauphin fait tous ses efforts pour ramener la Bourgogne a lui et que, recemment, il avait envoye un ambassadeur secret. Mais il serait arrive malheur a l'envoye ?

— En effet. Aux environs de Tournai, le capitaine de Montsalvy a ete attaque, laisse pour mort par une bande de routiers plus que probablement a la solde de Jean de Luxembourg, notre chef militaire qui est tout aux Anglais. Il a pu cependant en rechapper grace a l'aide providentielle d'un infidele, un medecin arabe qui se trouvait la, Dieu sait pourquoi, et qui l'a soigne parfaitement a ce que l'on assure.

L'attention de Catherine, un peu flottante durant tout cet echange de vues entre les deux hommes, s'etait soudain fixee. Elle buvait maintenant les paroles de Garin. Mais celui-ci se tut pour choisir quelques prunes de Damas dans un grand plat pose devant lui.

Incapable de se contenir, elle se risqua a demander :

— Et... sait-on ce qu'est devenu cet envoye ? A-t-il reussi a voir le duc ?

Garin de Brazey se tourna vers elle, mi-surpris, mi-amuse :

— Votre attention a nos propos, un peu austeres pour une dame, est une heureuse surprise pour moi, Catherine ! Non, Arnaud de Montsalvy n'a pas vu Monseigneur Philippe. Ses blessures lui ont fait perdre beaucoup de temps et le duc avait quitte les Flandres bien avant qu'il lui fut permis de se remettre en route. Au surplus, Monseigneur lui a fait savoir qu'il n'avait rien a lui dire. Aux dernieres nouvelles, le capitaine aurait regagne le chateau de Mehunsur-Yevre ou le Dauphin tient sa cour, pour y achever sa convalescence.

Le Grand Argentier semblait tellement bien renseigne sur les faits et gestes de l'entourage du Dauphin que Catherine brulait de lui poser d'autres questions. Mais elle sentit que ce serait une erreur de montrer trop d'interet a un capitaine armagnac et se contenta de commenter :

— Souhaitons-lui plus de chance pour une prochaine ambassade.

La fin du repas lui parut longue et sans interet. Les deux hommes parlaient maintenant finances et, cette fois, Catherine n'y entendait rien. Marie de Champ- divers somnolait dans son fauteuil mais sans cesser pour cela de se tenir bien droite. Catherine, elle, se refugia dans ses pensees et n'en sortit que lorsque Garin se leva en annoncant son intention de prendre conge.

La jeune fille jeta un coup d'?il rapide aux fenetres. Un peu de jour s'y montrait encore. Il etait trop tot pour laisser partir Garin. Barnabe avait bien precise : apres le creve-feu. Elle s'ecria, hativement :

— Quoi, messire, vous nous quittez deja ?

Garin se mit a rire et, se penchant vers elle, la fixa avec une curiosite amusee :

— C'est decidement la soiree des surprises, ma chere ! Je ne pensais pas que ma compagnie vous fut aussi agreable.

Etait-il reellement content ou bien glissait-il une bonne dose d'ironie dans ses paroles. Catherine decida que ce n'etait pas le moment de s'en inquieter et s'en tira par une derobade.

— J'aime vous entendre parler, voila tout ! fit-elle en baissant pudiquement les yeux. Nous nous connaissons si peu encore ! Aussi, a moins que vous n'ayez a faire ailleurs ou que cette soiree vous semble longue, restez encore un peu. Il y a tant de choses que j'aimerais apprendre de vous ! Songez que j'ignore tout de la Cour, de ceux qui la peuplent, de la maniere dont il convient de s'y comporter...

Elle commencait a perdre pied et se maudissait d'etre aussi maladroite.

Elle etait consciente des regards etonnes qui se posaient sur elle et n'osait pas regarder son hotesse de peur de lire une reprobation sur son visage. Reclamer ainsi la presence d'un homme devait paraitre a la grande dame le comble de l'impudeur. Mais un secours inattendu lui vint du maitre du logis, ravi de voir se presenter si bien un mariage qui l'interessait tant.