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Catherine Il suffit d'un amour Tome 1 - Бенцони Жюльетта - Страница 35
Le rire d'Arnaud fut encore plus insultant que ses paroles.
— Imaginer ? Il n'a pas du avoir beaucoup de mal a t'avoir si j'en juge d'apres ma propre experience. Tu te laisses trousser aisement, la fille !
Le cri que poussa Catherine etait celui d'un animal blesse. Ses prunelles dilatees laisserent echapper un flot de larmes. Elles roulerent le long de ses joues jusque sur son cou. Catherine tendit vers le blesse des mains qui tremblaient.
— Par pitie, messire... Que vous ai-je fait pour etre traitee de la sorte. N'aviez-vous pas compris ?
— Quoi ? fit Arnaud sarcastique. Que, tout juste sortie du lit de Philippe, tu acceptais de te glisser dans le mien. Qui sait ? Peut-etre sur ordre. Cette agression... et ce sauvetage la nuit derniere n'etaient peut- etre qu'un coup savamment monte. Ton role a toi, c'etait de me tirer sur l'oreiller le but de ma mission. Felicitations !... J'avoue que tu as failli reussir. Ma parole, tu m'as un instant rendu fou... C'est qu'aussi j'ai rencontre bien peu de garces aussi tentantes que toi.
Maintenant, assez, je t'ai deja dit de filer !
Folle de colere cette fois, oubliant la passion que ce garcon avait eveillee en elle, Catherine, les poings serres, marcha vers le lit.
— Je n'en sais que trop ! Va-t'en... Tu me repugnes, ta vue me fait horreur. D'ailleurs, on l'attend en bas. N'ai-je pas entendu ce chevalier qui vient d'arriver dire que le duc de Bourgogne l'envoie le proteger ?
Que d'honneur, que d'attentions ! Il n'est pas difficile de deviner ce que tu es, ma belle ! Le duc Philippe passe pour aimer les femmes comme toi.
— Je ne suis rien pour Monseigneur Philippe, se revolta Catherine rouge jusqu'aux oreilles. Au contraire, il a voulu me faire arreter recemment. Qu'allez-vous imaginer ?
Le rire d'Arnaud fut encore plus insultant que ses paroles.
— Imaginer ? Il n'a pas du avoir beaucoup de mal a t'avoir si j'en juge d'apres ma propre experience. Tu te laisses trousser aisement, la fille !
Le cri que poussa Catherine etait celui d'un animal blesse. Ses prunelles dilatees laisserent echapper un flot de larmes. Elles roulerent le long de ses joues jusque sur son cou. Catherine tendit vers le blesse des mains qui tremblaient.
— Par pitie, messire... Que vous ai-je fait pour etre traitee de la sorte. N'aviez-vous pas compris ?
— Quoi ? fit Arnaud sarcastique. Que, tout juste sortie du lit de Philippe, tu acceptais de te glisser dans le mien. Qui sait ? Peut-etre sur ordre. Cette agression... et ce sauvetage la nuit derniere n'etaient peut- etre qu'un coup savamment monte. Ton role a toi, c'etait de me tirer sur l'oreiller le but de ma mission. Felicitations !... J'avoue que tu as failli reussir. Ma parole, tu m'as un instant rendu fou... C'est qu'aussi j'ai rencontre bien peu de garces aussi tentantes que toi.
Maintenant, assez, je t'ai deja dit de filer !
Folle de colere cette fois, oubliant la passion que ce garcon avait eveillee en elle, Catherine, les poings serres, marcha vers le lit.
— Je ne partirai pas, pas avant que vous ne m'ayez entendue... et que j'aie recu vos excuses...
— Des excuses ? A une...
Il avait jete l'insulte comme on crache. Sous le mot ignoble, la jeune fille reculait les mains au visage comme s'il l'avait frappee. Son courage et aussi sa colere l'abandonnaient. Tout le doux roman s'etait mue en une farce grotesque et avilissante. La lutte, elle le sentait bien, ne servirait a rien parce que la colere aveuglait Arnaud. Se detournant, les mains abandonnees avec lassitude le long de son corps, elle marcha vers la porte. Elle allait l'ouvrir quand un sursaut d'orgueil la retourna vers lui. Sa tete fine, sous la masse somptueuse des cheveux qui lui faisaient une aureole desordonnee, se redressa fierement. Elle planta son regard meprisant dans les yeux noirs du jeune homme. Redresse sur un coude, la tete un peu basse, tous ses muscles crispes par la fureur, il avait l'air d'un fauve pret a bondir malgre l'absurde turban blanc, quelque peu bouscule par les derniers evenements, et qui lui otait un peu de son aspect inquietant.
— Un jour, fit froidement Catherine, vous vous trainerez a mes pieds pour que j'oublie vos paroles, Arnaud de Montsalvy, seigneur de la Chataigneraie. Mais vous n'aurez de moi ni pardon ni merci.
Votre frere, lui, etait doux et bon... et je l'aimais. Adieu !...
Elle allait sortir et se tournait vers la porte quand un choc violent faillit la jeter a terre ; elle eut tout juste le temps de s'agripper au mur pour eviter la chute. Lance d'une main sure, un gros oreiller venait de s'abattre sur elle. Il en fallait en effet bien plus que la dignite d'une femme pour calmer Arnaud quand il etait en colere. Stupefaite, elle se tourna vers lui. Assis dans son lit, il riait de toutes ses dents blanches en la regardant mechamment :
La prochaine fois que tu oseras parler de mon frere, petite trainee, je t'etranglerai avec ces mains- la, fit-il en etalant ses grandes mains brunes devant lui. Remercie le ciel que je ne puisse bouger. Le nom des Montsalvy n'est pas fait pour se souiller dans la bouche des filles comme toi, et...
Il allait continuer mais sa furieuse diatribe se trouva coupee net.
Courant vers le lit, Catherine venait de lui appliquer une gifle retentissante.
Le pansement bascula et la blessure de la tempe se rouvrit, laissant filtrer un peu de sang qui glissa sur la joue mal rasee. Soulevee de rage et d'indignation, Catherine avait oublie qu'il etait blesse et avait frappe de toutes ses forces. La vue du sang la calma mais n'eveilla pas le moindre regret en elle. Il l'avait insultee indignement et elle n'avait ete que trop patiente. Obscurement, elle se sentait heureuse de lui infliger une souffrance. Elle eut meme voulu que ce fut pire. Elle eut aime le dechirer de ses dents et de ses ongles, eteindre ce regard insolent ou, pour le moment, la stupeur avait pris la place du mepris.
Machinalement Arnaud portait une main a sa joue gauche, plus rouge que l'autre. C'etait de toute evidence la premiere fois que ce genre d'aventure lui arrivait et il ne s'en remettait pas. La gifle l'avait reduit au silence et Catherine, s'en rendant parfaitement compte, le considera avec une profonde satisfaction.
— Comme cela, fit-elle gentiment, vous vous souviendrez bien mieux de moi, messire !...
Apres quoi, esquissant une reverence, elle quitta la chambre avec toute la majeste d'une reine outragee, laissant le chevalier a ses reflexions. Mais elle n'alla pas loin car elle etait au bout de ses forces.
La porte refermee, elle s'adossa au mur pour essayer de se calmer un peu. Derriere le battant de bois grossier, elle entendit Arnaud jurer effroyablement mais elle ne reagit pas. Que lui importait maintenant sa colere ? Ce qui comptait, c'etait la blessure cruelle qu'il lui avait infligee et dont elle aurait pu crier. L'irremediable s'etait installe entre eux et l'amour. Jamais plus ils ne pourraient se rapprocher. Ils etaient destines a se hair, a tout jamais, et cela pour un malentendu que Catherine, dans son amour-propre blesse, se refusait a dissiper desormais. Puisqu'il n'avait pas voulu l'entendre, il ignorerait toujours la verite que, d'ailleurs, prisonnier de son orgueil de caste, il refuserait, pensant que la jeune fille se cherchait une excuse.
Respirant a petits coups saccades afin de retrouver son souffle, elle ferma les yeux un instant. Les battements desordonnes de son c?ur parurent se calmer. Un peu de paix remonta des profondeurs de son etre, etalant la tempete... Quand elle rouvrit les paupieres, le petit medecin arabe etait devant elle, la regardant gravement sous son enorme turban pareil a une pivoine geante. Et Catherine fut surprise de lire tant de comprehension dans le regard paisible du Maure.
— Le chemin de l'amour est pave de chair et de sang, recita-t-il doucement. Vous qui passez par la, relevez le pan de vos robes !
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