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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine Il suffit d'un amour Tome 1 - Бенцони Жюльетта - Страница 32


32
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— Mon jeune seigneur, fit severement le Maure, si vous voulez retrouver bien vite vos forces, il faut dormir ; ceci vous y aidera.

— Mes forces ? Mais je dois repartir et des demain.

Il y a le message du Dauphin... Il faut que j'aille a Bruges !

— Vous avez la jambe brisee, vous resterez au lit, s'ecria Abou-al-Khayr.

— D'ailleurs, intervint doucement Catherine, il est possible que vous ne trouviez plus le duc a Bruges. Il ne devait pas s'attarder mais bien regagner Dijon ou l'attendent maintes affaires. A Dijon... ou nous allons nous-memes.

A mesure qu'elle parlait, les yeux sombres d'Arnaud s'eclairaient.

Quand elle se tut, il voulut tendre la main pour saisir celle de la jeune fille, ne trouva que la robe de Mathieu et fronca les sourcils. Mais il se calma aussitot, sourit et declara que rien ne le rendrait plus heureux que cheminer avec elle.

— Je pense, ajouta-t-il, qu'il sera possible de trouver une litiere.

— Nous verrons ca demain, coupa Abou. Buvez !

Quelques instants plus tard, sous l'effet de la puissante drogue opiacee, les yeux du chevalier se refermaient et il s'endormit d'un sommeil paisible. Tous les assistants se retirerent a l'exception de l'un des Noirs a qui le medecin avait confie la surveillance de son patient.

Les deux serviteurs du petit Arabe etaient muets tous deux, ce qui, confia leur maitre a Mathieu, diminuait les risques de dispute avec le blesse. Celui- ci paraissait avoir le « caractere impatient du scorpion derange dans son trou... ».

Catherine sortit la derniere, avec un soupir de regret.

La compagnie d'Abou-al-Khayr se revela beaucoup plus amusante que ne l'avait suppose Catherine malgre l'obstination qu'il mettait a l'ignorer. Il etait reellement jeune en depit de sa barbe blanche qui n'etait, expliqua-t-il a Mathieu, que le signe distinctif des medecins, des gens exercant des professions liberales et des notables de l'Islam.

En pays coranique, les bourgeois avaient droit, eux, a une barbe plus courte et teinte en bleu ou en vert. La blancheur de cette belle barbe et son entretien etaient un constant sujet de soucis pour le medecin cordouan qui en prenait grand soin, comme d'ailleurs de toute sa personne d'une absolue proprete. Il se plaignait assez amerement du manque de confort des installations sanitaires en pays chretiens.

— Vos hammams que vous nommez etuves, disait- il d'un ton meprisant, seraient tout juste bons pour des esclaves, a Cordoue !

Mais, hormis cet inconvenient, il reconnaissait que la Chretiente avait du bon, qu'elle presentait un grand interet et un tres vaste champ d'experiences pour un medecin parce que l'on s'y etripait beaucoup plus qu'en terre d'Islam. Et surtout au royaume de Cordoue ou regnait une paix tres regrettable pour les progres de l'art medical.

— Ici, l'on trouve des cadavres a toutes les croisees de routes, conclut-il avec une profonde satisfaction.

Malgre son age, il avait beaucoup voyage, de Bagdad a Kairouan et des sources du Nil a Alexandrie, toujours a la recherche du savoir. Ce qu'il souhaitait maintenant, c'etait se rendre a la cour du puissant duc de Bourgogne, du Grand Duc d'Occident, dont la reputation passait deja les monts et les mers.

— Notre rencontre m'evite d'aller jusqu'a la ville sur l'eau, dit-il a Mathieu. Je ferai route avec le blesse et, ainsi, je pourrai le surveiller jusqu'en Bourgogne. Il en a besoin. Mais nous ne partirons que dans deux ou trois jours. Cette hotellerie, apres tout, n'est pas mauvaise.

Le petit medecin semblait, en effet, apprecier la cuisine. Il attaquait justement avec vigueur une poularde aux herbes qu'il arrosait de genereuses rasades de vin gris, oubliant les preceptes du Coran au profit des celebres vignes de Sancerre.

— Alors nous nous retrouverons a Dijon, fit Mathieu qui, lui non plus, ne perdait pas un coup de dent, car nous reprendrons la route demain matin, ma niece, mes gens et moi-meme. Nous sommes deja en retard...

Catherine, elle, ne mangeait pas. Elle s'etait contentee de boire un bol de lait et grignotait distraitement une tartine de miel. Les derniers mots la tirerent de sa songerie.

— Ce serait plus amusant de faire route tous ensemble, dit-elle.

Mathieu, alors, se mit en colere de la plus imprevisible facon.

— Non ! s'ecria-t-il en tapant sur la table. Nous repartons ! Deja, je n'ai pas beaucoup aime la facon qu'avait ce seigneur de te regarder. Et toi, tu lui souriais, tu lui faisais presque des avances, ma parole !

D'ailleurs, il est temps que tu m'expliques ou tu l'as deja rencontre.

— N'y compte pas ! coupa Catherine froidement. Je n'ai rien a dire, si ce n'est que je n'avais jamais vu ce chevalier. Seulement il ressemble a quelqu'un que j'ai connu autrefois. Voila tout ! Et maintenant, bonne nuit, oncle Mathieu !

Saluant brievement le drapier et son nouvel ami, elle se hata de traverser la salle pour que Mathieu n'eut pas le temps de la rattraper, gravit l'escalier de bois et s'engagea dans l'etroit passage qui menait aux chambres ; les portes donnaient toutes sur une galerie exterieure.

Devant celle d'Arnaud, sous laquelle filtrait un mince rai de lumiere, elle hesita, prise d'une irresistible envie d'entrer, de le regarder dormir. Le petit cabinet ou elle devait passer la nuit etait tout au bout de cette galerie, a l'oppose de la chambre de ce blesse si interessant...

Un moment, elle resta la, debout dans le vent et la bourrasque. La pluie rejaillissait jusque sous l'auvent de la galerie. L'orage etait dechaine maintenant ! Le vent soufflait avec violence, chassant des paquets d'eau. Cela faisait comme des nuages qui se deplacaient a ras de terre ! Les silhouettes torturees des arbres se balancaient de cote et d'autre. Catherine frissonna sous le manteau qu'elle avait jete sur ses epaules.

Mais elle aimait ce soir, le temps affreux, les elements dechaines, si bien accordes avec sa propre tempete interieure. La violence des sentiments nes si spontanement en elle l'effrayait un peu. Jamais elle n'avait connu ce besoin imperieux d'une autre presence, ce desir d'atteindre, de toucher, d'etreindre un etre de chair. En quelques instants, l'ancienne Catherine si calme, si tranquille en face des aveux passionnes des garcons de sa ville, ces aveux dont elle riait avec une inconsciente cruaute, s'etait muee en une femme eprise pour qui l'image d'un Homme etait devenue la seule raison de vivre. Meme la Catherine qui avait frissonne d'un trouble plaisir sous les levres de Philippe de Bourgogne s'etait eloignee...

Que dirait Mathieu s'il la surprenait dans la chambre du blesse ?

Pour eviter de repondre a cette question, la jeune fille songea qu'il devait dormir a l'ecurie et ne remonterait surement pas. Pourquoi faire

? Alors, incapable de resister plus longtemps au desir qui la poussait en avant, elle posa la main sur le loquet de la porte et entra.

Arnaud dormait, le Noir aussi. Le grand corps de l'esclave soudanais barrait l'atre de la cheminee, roule sur lui-meme a la maniere d'un gros chien. Le blesse reposait dans son lit, rigide, la tete disparaissant dans le gros pansement qui lui restituait un heaume tout de blancheur. L'etrange appareil, fait de morceaux de bois et d'une bande de toile trempee dans la bouillie de farine, que le medecin cordouan avait pose a sa jambe brisee, l'obligeait a rester etendu sur le dos et donnait a son immobilite une allure tragique. Impressionnee, Catherine demeura un moment, appuyee d'un bras au chevet du lit, regardant le visage aux yeux clos. Un banc de bois, garni de coussins rouges, etait range le long du mur. Elle essaya de le tirer vers le lit mais il etait trop lourd. Elle renonca, se contenta de se laisser tomber dessus, les mains jointes au creux de ses genoux.

La respiration du blesse, un peu haletante, emplissait toute la piece avec un leger ronflement. Il ne semblait pas souffrir. Et, tandis qu'elle le regardait silencieusement, Catherine se dit qu'il etait vraiment plus beau que Michel. Peut-etre parce qu'il etait plus viril, plus homme, alors que son frere sortait a peine de l'adolescence. Il pouvait avoir vingt-trois ou vingt-quatre ans et, sous l'insolite coiffure confectionnee par le Maure, la nettete un peu rude mais infiniment pure du visage ressortait comme une ciselure sur un ecrin. Nez fier, menton energique et carre ou la barbe non rasee mettait une ombre bleue, ce visage etait sans douceur a l'exception de l'ombre des cils, longs comme ceux d'une femme, mais non sans charme. Ce charme, Catherine le subissait avec une intensite qui l'etonnait. Elle ne comprenait rien a ce trouble, ne des profondeurs de son etre. Il la ravageait et faisait monter a ses joues d'aussi soudaines qu'incomprehensibles rougeurs.