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оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine Il suffit d'un amour Tome 1 - Бенцони Жюльетта - Страница 22


22
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— Comment peut-on savoir qu'on ne veut que Dieu tant qu'on n'a pas goute a l'amour, fillette ? avait dit Barnabe en haussant les epaules

; maintenant nous t'avons tiree de la et nous voulons t'emmener avec nous. Le bateau va partir. A moins que tu ne veuilles que nous te ramenions chez Caboche ?

Loyse eut un geste d'horreur qui repoussait au loin les images maudites de son peche.

— Non, oh non, je veux seulement mourir !

— Se donner volontairement la mort est, aux yeux de Dieu, un plus grave peche que de subir un homme... meme s'il t'est arrive d'y prendre plaisir.

— Je veux detruire ce corps de honte et de boue...

— Tu vas surtout nous faire manquer le bateau...

Et, tranquillement, Barnabe avait ferme son poing.

11 en avait frappe Loyse a la pointe du menton, pas trop fort, juste ce qu'il fallait pour lui faire perdre conscience. Le cri de Jacquette indignee ne l'avait meme pas emu.

— Nous avons trop perdu de temps ! Habillez-la vivement et transportons-la sur le bateau. Une fois en route, nous aurons tout le loisir de la raisonner. Il faudra seulement la surveiller etroitement pour qu'elle n'ait pas idee de passer par-dessus bord...

Ces directives avaient ete suivies point par point. Loyse, evanouie a nouveau avait ete deposee, rhabillee convenablement, dans l'espece de cabine menagee a l'arriere du chaland et qui servait au marinier a s'abriter. Sara lui prodiguait ses soins avec l'aide de Jacquette.

Maintenant le voyage pouvait commencer.

Assis sur un tas de cordages, ses longues jambes etendues devant lui, Barnabe observait Catherine. Les mains nouees autour de ses genoux minces, l'adolescente regardait droit devant elle tandis que les larmes roulaient encore sur ses joues. Ce qu'elle venait d'entendre l'avait profondement troublee, car cela rejoignait les images entrevues dans la Cour des Miracles. Mais Barnabe avait prononce le mot «

Amour », cette chose dont Loyse avait parle avec horreur. Ce qu'elle avait vu ne pouvait etre l'amour. L'amour, c'etait ce qu'elle avait eprouve tout de suite en voyant Michel. Ce delicieux serrement de c?ur, cette envie d'etre doux et tendre et de dire des choses caressantes. Et Loyse criait comme si elle avait endure la torture. Elle semblait folle.

Barnabe entoura ses epaules de son bras.

— Loyse guerira, petite. Elle n'est pas la seule, depuis que Dieu a cree le monde, qui ait subi ce genre d'epreuve. Seulement, pour elle, ce sera long parce qu'elle est d'esprit rigide et de piete etroite. Il faudra etre tres patiente avec elle, mais, un jour, elle retrouvera le gout de la vie. Quant a Landry, cela m'etonnerait que tu ne le revoies pas un jour. Il sait ce qu'il veut et il est de ceux qui forcent leur chemin, droit devant eux, sans s'arreter aux obstacles de la route. S'il veut etre soldat de Bourgogne, il le sera, crois- moi !...

Catherine tourna vers lui un regard brillant de gratitude. L'amitie du Coquillart repondait d'elle-meme aux questions qu'on ne lui posait pas. La jeune fille eprouva soudain une grande sensation de securite.

Barnabe se pencha un doigt en avant.

Regarde comme c'est beau, Paris. La plus grande et la plus belle ville du monde. Mais Dijon n'est pas mal non plus, tu verras...

Le chaland avait franchi le pont aux Moulins puis les grandes arches de son voisin immediat, le Pont- au-Change, juste sous la maison des Legoix. Catherine avait jete un dernier regard a la lucarne par laquelle Michel devait s'evader puis avait detourne la tete. Un peu plus loin, une plantation de pieux herissait l'eau de la riviere. C'etaient les bases du futur pont Notre-Dame. Trois semaines plus tot, le Roi en personne, alors dans une periode de lucidite mentale, avait frappe de la hie sur le premier pieu, et les princes apres lui. Quelques guirlandes fanees s'accrochaient encore a ce pieu...

Tout autour, c'etait le herissement des tours et des clochers de Paris, la dentelle des campaniles, la fleche hardie des eglises, le grand toit de la Maison- aux-Piliers et les beaux hotels des seigneurs avec leurs jardins descendant jusqu'a l'eau, les tours carrees de Notre-Dame decoupees sur le ciel d'or liquide face a la Greve ou le gibet et la roue demeuraient vides d'occupants. Plus loin, c'etait le port Saint-Pol, le port au foin, avec ses bateaux plats, precedant l'hotel et les jardins du Roi et aussi les fines tourelles de l'hotel des archeveques de Sens. De l'autre cote, les iles, l'ile aux Vaches et l'ile Notre-Dame, plates et herbues avec leurs paturages et leurs saules argentes. Le regard de Catherine revint alors aux murs epais du puissant couvent des Celestins, separes par un etroit canal d'une petite ile sableuse, l'ile Louviaux. La se terminait Paris avec la masse trapue de la Tour Barbeau, grise et menacante sous son toit conique, jadis batie par ce roi Philippe II que l'on nommait l'Auguste. A cette tour s'accrochaient a la fois le rempart filant vers la Bastille et l'enorme chaine qui, la nuit, barrait la Seine... Mais, dans le soleil de juin avec la verdure des grands arbres et la gaiete du ciel, tout cet appareil militaire perdait de sa rudesse. Meme les pierres semblaient douces et amicales. La voix de Barnabe se mit a murmurer :

C'est la cite sur toutes couronnee Fontaine et puits de science et de clergie Sur le fleuve de Seine situee Vignes, bois, terres et prairies De tous les biens de cette mortelle vie A plus qu'autres cites n'ont Tous etrangers l'aiment et l'aimeront Car pour deduit et pour etre jolie Jamais cite telle ne trouveront Rien ne se peut comparer a Paris...1

— C'est joli ! fit Catherine dont la tete alourdie s'appuyait sur l'epaule du Coquillart.

Derriere son dos, les bateliers entonnaient une chanson pour rythmer leur effort. Il n'y avait plus rien a faire qu'a se laisser emporter vers un destin nouveau en laissant derriere soi les anciens souvenirs, les anciens regrets. De son passe, Catherine ne voulait emporter que l'image de Michel de Montsalvy, gravee a jamais au fond de son c?ur et qui, elle le savait, ne pourrait s'effacer, meme avec le temps.

Les rives vertes de la Seine continuaient de defiler lentement.

Catherine sentit qu'elle avait sommeil...

1 Poeme sur Paris d'Eustache Deschamps.

L'hotellerie de la Ronce Couronnee etait l'une des plus achalandees et des mieux frequentees de Bruges. elle etait situee sur la Wollestraat, la rue aux Laines, entre la Grand'Place et le quai du Rosaire et, comme telle, recevait une abondante clientele de drapiers, lainiers et marchands de toutes sortes venus de tous les pays. Sa prosperite se lisait dans son haut pignon crenele et sculpte, dans l'eclat de ses fenetres aux petits carreaux en cul de bouteille sertis de plomb, dans les odeurs somptueuses qui s'echappaient de sa vaste cuisine toute flamboyante de cuivres, d'etains et de faiences, dans la fraicheur des robes et des coiffes ailees de ses servantes et surtout dans le ventre rebondi de maitre Gaspard Cornelis, son joyeux proprietaire.

Pourtant, Catherine, habituee par des voyages precedents aux fastes de la Ronce Couronnee, donnait ce jour-la toute son attention a l'intense mouvement de la rue. Depuis le petit matin, la ville entiere y defilait dans ses plus beaux atours.

A demi habillee, ses cheveux tombant en desordre sur son dos, la jeune fille, un peigne a la main, se penchait tant qu'elle pouvait a la fenetre de sa chambre, sourde aux recriminations de l'oncle Mathieu qui, dans la piece voisine, maugreait depuis son reveil. Le drapier, ses affaires faites, aurait voulu repartir des l'aube pour Dijon, mais Catherine, apres une dure bataille, avait arrache la promesse que l'on ne partirait que le soir, afin d'assister a la celebre procession du Saint-Sang, la plus grande fete de la ville.

Elle etait parvenue sans trop de peine a faire admettre son point de vue a Mathieu Gautherin. Il avait bougonne un long moment, repete que les fetes etaient tout juste des occasions de depenser de l'or a la pelle, rappele qu'on l'attendait en Bourgogne pour des choses qui ne souffraient aucun retard, mais finalement, s'etait laisse convaincre...