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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine Il suffit d'un amour Tome 1 - Бенцони Жюльетта - Страница 10


10
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— Je te demande pardon ! Je ne recommencerai pas !...-

Loyse lui sourit, sans rancune puis, prenant une mante epaisse, la jeta sur ses epaules :

— Je vais jusque chez les Pigasse voir comment va dame Magdeleine. Les choses se presentaient mal tout a l'heure. En meme temps je dirai a Maman que tu es rentree... de chez ton parrain. Je n'en aurai pas pour longtemps. Mange un morceau et couche-toi...

Catherine eut envie de retenir Loyse encore un moment mais son oreille fine ne decelait plus aucun bruit suspect dans l'atelier. Landry avait eu largement le temps de faire descendre Michel, de refermer la trappe et de rentrer chez lui. Loyse s'en alla a son tour.

Restee seule, la petite courut a la huche, y tailla un bon morceau de pain, puis elle emplit une ecuelle du ragout qui mijotait et qui etait du mouton au jau- net (safran). Puis elle chercha dans un coffre un pot de miel, emplit un pichet d'eau fraiche. Il fallait profiter de cette solitude inesperee pour donner a manger a Michel. Il aurait grand besoin de ses forces cette nuit.

L'idee qu'il etait la, sous ses pieds, a quelques pas d'elle, emplissait Catherine d'une joie profonde. C'etait un peu comme si le toit de la maison etait devenu une sorte de genie tutelaire dont les ailes protectrices s'etendaient a la fois sur elle et sur le fugitif. Il n'etait pas possible qu'il arrivat rien de mauvais a Michel tant qu'il resterait sous l'egide de « l'Arche d'Alliance ».

Un instant, devant le miroir pendu au mur de la cuisine, elle s'arreta, considerant attentivement son visage etroit. Ce soir pour la premiere fois de sa vie,

clic aurait voulu etre jolie, mais jolie comme ces filles que les escholiers suivaient dans les rues et accostaient avec de grands rires.

Avec un soupir, Catherine hocha la tete en tatant son corsage qui se gonflait a peine. Ses chances de subjuguer Michel etaient minces !

Elle reprit son chargement et se dirigea vers le magasin.

L'atelier de Gaucher etait vide et silencieux. Les etablis etaient ranges le long des murs avec leurs escabeaux, les outils soigneusement accroches a des clous. Les grandes armoires, armees de ferronneries qui renfermaient les precieux objets orfevres et que l'on ouvrait dans la journee pour exposer leur contenu aux clients etaient bien fermees. Seule la petite balance dont Gaucher se servait pour peser les pierres demeurait sur le comptoir. Les epais volets de chene etaient mis. Et la porte par laquelle Loyse rentrerait tout a l'heure n'etait que poussee.

Dans le sol une trappe pourvue d'un gros anneau de fer se decoupait. Catherine armee d'une chandelle qu'elle venait d'allumer a un tison et d'un grand plat sur lequel elle avait depose toutes ses provisions, alla soulever la lourde piece de bois, non sans peine, puis prenant bien garde de ne pas tomber sur l'echelle, elle descendit au sous-sol.

Elle ne vit pas Michel tout de suite parce que la resserre, prise dans une pile du pont, etait plutot encombree. On y rangeait le bois, l'eau, les legumes de reserve, le saloir qui contenait un cochon tout entier et aussi des outils, des echelles. Cela formait une longue piece basse et etroite, eclairee sur l'arriere par une petite fenetre tout juste suffisante au passage d'un garcon mince.

— C'est moi, Catherine, chuchota-t-elle pour qu'il n'eut pas peur.

Quelque chose remua vers le tas de bois.

— Je suis la, derriere les fagots.

Elle le vit aussitot, a la lueur de sa chandelle. Il avait ote sa defroque de faux pelerin et s'etait couche dessus, le dos appuye aux fagots. Les feuilles d'argent de sa tunique brillaient doucement dans l'ombre et la lueur jaune de la chandelle les tachait d'or pur. Il voulut se lever mais la jeune fille lui fit signe de ne pas bouger. Elle s'agenouilla aupres de lui, posant a terre le lourd plateau ; le ragout fumait et sentait bon.

— Vous devez avoir faim, dit-elle doucement. Il vous faudra des forces et j'ai profite de ce que ma s?ur etait allee chez une voisine pour descendre. La maison est vide pour le moment. Mon pere est a la Maison-aux-Piliers, ma mere chez celle de Landry qui est en mal d'enfant et Marion la servante je ne sais ou. Si cela continue, vous n'aurez aucune peine a quitter Paris cette nuit. Landry reviendra vers minuit. Il n'est que dix heures.

— Cela sent bon, dit-il avec un sourire qui combla Catherine de joie. J'ai vraiment tres faim...

Tout en attaquant le mouton a belles dents, il bavardait.

— Je ne peux pas encore croire a ma chance, petite Catherine !

Tout a l'heure, quand on m'emmenait, j'ai tellement pense ma derniere heure venue que j'etais reellement pret a quitter la vie. J'avais dit adieu a tout. Et voila que vous m'avez ramene sur terre. C'est etrange !

Il avait l'air, tout a coup, tres lointain. La fatigue et l'angoisse avaient tire ses traits, mais, sous la lumiere tremblante de la chandelle, ses cheveux brillaient autour de son beau visage. Il s'efforcait de sourire. Pourtant Catherine voyait dans ses yeux quelque chose de desespere qui, soudain, lui fit peur.

— Mais... vous etes content, n'est-ce pas, d'etre ici ?

Il la regarda, la vit tout angoissee, frele sous la parure brillante de sa chevelure repandue qui, en sechant, prenait tout son eclat. La robe verte qu'elle portait maintenant, lui donnait un aspect attendrissant ile petite divinite des forets, et aussi ces yeux immenses aux profondeurs liquides qu'elle ouvrait sur lui. Ils etaient semblables a ceux des biches qu'il aimait poursuivre a la course quand il etait enfant.

— Je serais bien ingrat si je n'etais pas content, dit-il doucement.

— Alors... mangez un peu de miel. Et aussi, dites- moi a quoi vous pensiez, tout de suite. Vous aviez des yeux si tristes.

— Je pensais a mon pays. Sur le chemin de Montfaucon, c'etait aussi a lui que je pensais. Je me disais que je ne le reverrais plus jamais et c'etait cela, surtout, qui me faisait mal.

— Mais vous savez que vous le reverrez, maintenant, puisque vous allez etre libre.

Michel sourit, prit une bouchee de pain qu'il trempa dans le miel et macha distraitement.

— Je sais, mais c'est plus fort que moi ! Il y a au fond de mon c?ur quelque chose qui me dit que je ne retournerai jamais la-bas, a Montsalvy.

— Il ne faut pas penser a ca, fit Catherine severement. Vous avez des idees noires parce que vous etes fatigue, affaibli. Quand vous aurez repris vos forces, cl que vous serez en surete, tout ira mieux.

Mais le peu qu'il avait dit de son pays avait excite la curiosite de sa compagne. Elle etait incapable de resister au besoin imperieux qu'elle avait d'en savoir davantage sur ce garcon qui la fascinait. Elle se glissa aupres de lui, le regardant avidement vider la-cruche d'eau.

— Comment est-ce votre pays ? Vous voulez bien m'en parler ?

— Bien sur !

Michel ferma les yeux un moment, peut-etre pour mieux revoir les cheres images de son enfance. Il les avait appelees si ardemment, durant son interminable voie douloureuse qu'elles se formerent aisement sur l'ecran sombre des paupieres closes.

Avec des mots simples, il evoqua pour Catherine son haut plateau battu des vents, sa lande granitique trouee de combes toutes ouatees de verts chataigniers, son pays d'Auvergne herisse de crateres eteints, le village de Montsalvy et ses maisons de lave tassees autour de leur abbaye, la forteresse familiale au flanc du puy et la petite chapelle de la Fontaine Sainte. En l'ecoutant, Catherine croyait voir les champs de ble noir, les ciels lilas, au crepuscule, quand la chaine des monts devient un cortege de fantomes bleutes, les eaux qui jaillissent, si blanches parmi les pierres toujours lavees, pour devenir noires en se perdant au fond des lacs, sertis de mousse et de granit comme de sombres escarboucles. Elle entendait aussi le vent du midi chantant de roche en roche, la plainte des tourmentes hivernales sur les chemins de ronde du chateau fort. Michel disait encore les troupeaux de moutons paturant dans la lande, les bois hantes de loups et de sangliers et les ruisseaux tumultueux ou sautaient les truites roses et argent. Et Catherine, fascinee, l'ecoutait bouche bee, oubliant le lieu, oubliant l'heure qui passait.