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Бенцони Жюльетта - Belle Catherine Belle Catherine

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оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Belle Catherine - Бенцони Жюльетта - Страница 18


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— Voici votre chambre, dit-elle. Votre servante vous y attend deja.

La lumiere douce d'un bouquet de chandelles rouges posees dans un haut candelabre de fer coula jusqu'au milieu de la galerie. Mais, avant de franchir cette porte qu'on lui ouvrait, Catherine s'arreta devant son hotesse.

— Pardonnez ma curiosite, dame Catherine, dit- elle doucement, mais pourquoi etes-vous si triste ? Vous etes jeune, belle, riche, noble, votre epoux est seduisant et glorieux et...

La femme de Gilles releva brusquement ses paupieres transparentes, regardant bien en face la nouvelle venue.

— Mon epoux ? fit-elle sourdement ; etes-vous bien sure que j'aie un epoux, madame de Brazey ? Reposez-vous bien jusqu'a l'heure du souper. On corne l'eau dans un peu plus d'une heure.

Catherine entra dans la chambre sans plus insister, tandis que son hotesse refermait silencieusement la porte et disparaissait. Elle s'avanca de quelques pas, regardant autour d'elle. C'etait une belle chambre toute vetue de tapisseries a personnages et percee de deux fenetres a meneaux. Dans une encoignure, une cheminee a colonnettes et a hotte conique ornee d'ecus peints et de trophees de chasse. Un immense lit a courtines de velours vert sombre, une chaire a haut dossier, une grande armoire de chene a decor de fenestrages, deux tabourets portant des coussins de velours vert et un coffre de cuivre sur lequel s'alignaient des bassins et des aiguieres d'argent en formaient tout le mobilier. Une petite porte s'ouvrait au chevet du lit et Catherine vit soudain s'y encadrer la silhouette vigoureuse de Sara. Celle-ci portait encore sa cape de voyage et son visage, sous le hale dont aucun lait de beaute n'avait jamais pu la debarrasser, etait presque aussi pale que sa guimpe de toile blanche.

— Est-ce que nous restons ici ? demanda-t-elle avant que Catherine ait pu ouvrir la bouche. J'ai appris que la Reine est a Amboise.

— Je le sais aussi, repondit Catherine en denouant les cordons de son ample manteau, et je voulais repartir demain.

Mais nos hotes ont insiste pour que nous demeurions quelques jours. Il eut ete grossier de refuser.

— Quelques jours ? fit Sara d'un ton soupconneux. Combien ?

— Je ne sais pas au juste, quatre ou cinq, peut-etre une semaine au plus.

Mais, loin de s'eclairer, le visage de Sara parut se rembrunir. Elle hocha la tete.

— Mieux vaudrait partir immediatement ! Cette maison ne me dit rien qui vaille. Il s'y passe des choses bizarres.

— Tu as vraiment trop d'imagination, soupira Catherine, qui, assise sur l'un des tabourets, denouait ses nattes, et tu ferais bien mieux de m'aider a enlever toute cette poussiere.

Elle finissait a peine de parler que la porte de sa chambre s'ouvrait brusquement. Gauthier fit irruption. Il etait pale et ses vetements en desordre denoncaient une bagarre recente. Il ne laissa pas le temps aux deux femmes d'ouvrir la bouche.

— Il faut fuir, dame Catherine ! Il faut fuir immediatement si vous en avez le pouvoir ! Ce chateau n'est pas pour vous un asile, mais une prison.

Catherine se sentit blemir. Elle se leva, repoussant doucement Sara qui, de saisissement, laissait tomber le peigne qu'elle avait pris.

— Que veux-tu dire ? As-tu perdu la raison ?

— Je le voudrais bien, fit le geant avec amertume. Malheureusement, le doute n'est pas possible. Je ne sais si l'on vous a accueillie avec honneur, mais, devant moi, les hommes d'armes ne se sont guere genes. Quand j'ai demande le chemin des ecuries pour y conduire nos montures, un sergent tout arme m'a pris les brides des mains et m'a dit que cela ne me concernait plus parce que ces mules appartenaient desormais au seigneur de ce lieu. Bien entendu, j'ai proteste. Alors, le sergent a hausse les epaules et m'a dit : « Tu es bien naif, l'homme, si tu t'imagines que ta maitresse pourra sortir de Champtoce avant que monseigneur Gilles l'y autorise. On a des ordres en ce qui la concerne et je te conseille de te faire aussi petit que tu pourras si tu ne veux pas avoir d'ennuis. » La, je vous l'avoue, dame Catherine, la colere m'a emporte.

J'ai empoigne l'homme a la gorge ! Des soldats sont arrives et l'ont degage. J'ai pu leur fausser compagnie, mais...

Mais une veritable compagnie d'hommes d'armes envahissait a ce moment precis la chambre de Catherine. En un clin d'?il, Gauthier, malgre sa force, fut maitrise, d'autant plus aisement que trois arcs etaient bandes dans sa direction et qu'une plus longue resistance lui eut seulement valu quelques fleches dans le corps. Ce spectacle eut le don de dechainer la colere de Catherine. Elle marcha droit a l'officier qui commandait le detachement et, les dents serrees, les narines pincees, les yeux fulgurants, ordonna :

— Lachez cet homme et sortez d'ici ! Comment osez-vous...

— Desole, noble dame, fit l'officier en portant gauchement la main a son casque, mais votre serviteur a frappe un sergent. Il depend maintenant de la justice de ce chateau et je dois le conduire a la prison.

— S'il l'a frappe, il a bien fait ! Sang du Christ ! Il semble que vous entendiez l'hospitalite d'etrange facon, ici !

Comment ? Vous vous emparez de mes mules, vous rudoyez mon serviteur et vous eussiez voulu qu'il se laissat faire ?

Relachez-le, vous dis-je !

— Je regrette, Madame, j'ai des ordres. Cet homme doit etre incarcere... Moi, j'obeis seulement a la consigne.

— Et vous aviez, deja, pour consigne d'arreter mes gens ? fit Catherine avec amertume. Pourquoi pas moi, dans ce cas? Pourquoi ne me jette-t-on pas en prison puisqu'il parait que je n'aurai pas loisir de sortir de sitot ?

— Demandez-le a messire de Craon, noble dame...

Tres raide, l'officier salua, fit signe a ses hommes

d'emmener le prisonnier et sortit. Au seuil, Gauthier se retourna.

— Ne vous tourmentez pas pour moi, dame Catherine. Oubliez-moi et suivez mon conseil : fuyez si vous le pouvez !

Figees sur place, Catherine et Sara le regarderent disparaitre. La porte se referma. Les yeux de Catherine, que la colere faisait presque noirs, tournerent et rencontrerent ceux de Sara.

— Voici donc l'homme dont tu me conseillais de me mefier ! dit-elle amerement. Puis-je encore douter de sa loyaute ?

— Je reconnais qu'il vient d'agir en fidele serviteurs... pour quelque raison sentimentale que ce soit, fit Sara qui tenait a ses opinions. Mais que vas-tu faire maintenant ? Savoir tout ce que cela veut dire ! s'ecria-t-elle. Et je te jure que je n'attendrai pas une minute de plus pour essayer d'apprendre ce que l'on me reserve dans cette maison.

Febrilement, avec des doigts qui s'enervaient, elle essayait de refaire les nattes qu'elle avait denouees, mais elle n'y arrivait pas. La colere la faisait trembler.

— Laisse-moi faire ! coupa Sara en s'emparant des cheveux de la jeune femme. Je vais te coiffer puis tu changeras de robe. Autant te presenter avec le maximum de dignite... et non pas faite comme une zin- gara !

Catherine n'avait pas envie de sourire. Elle s'assit, tres raide, pour permettre a Sara de refaire l'edifice de sa coiffure et de lui oter la poussiere du voyage. Mais tout le temps que dura l'operation Sara put voir les doigts minces de Catherine se croiser et se decroiser nerveusement sur ses genoux.

— Il faut que j'en aie le c?ur net ! repetait-elle. Il faut que j'en aie le c?ur net !

Quand les trompes du chateau cornerent l'eau, Catherine etait prete. Sara l'avait vetue d'une robe de velours, coiffee de deux cornes de dentelle. Elle etait, ainsi, tres belle et un peu imposante. Elle s'echappa des mains habiles de Sara comme on se sauve et marcha vers la porte avec tant de decision que Sara ne put retenir un sourire.

— Tu as l'air d'un petit coq de combat, lui lanca-t-elle.

— Et toi, gronda la jeune femme, tu as bien de la chance de pouvoir plaisanter en ce moment.

L'entree de Catherine dans la grande salle ou l'on avait dresse la table du souper interrompit le recit, a la fois cynegetique et passionne, qu'avec force gestes effectuait, pour Jean de Craon et Catherine de Rais, une grande femme maigre et grisonnante, au nez imperieux et qui offrait avec le vieux seigneur une incontestable ressemblance. Vetue d'une robe de satin feuille-morte doublee d'or dont les manches trainaient a terre, elle mimait le vol d'un faucon de chasse et, en apercevant Catherine, demeura un instant les bras ecartes.