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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine des grands chemins - Бенцони Жюльетта - Страница 41


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Un nuage rouge passa devant les yeux de Catherine, ne d'une soudaine bouffee de fureur. Cet homme osait parler d'elle comme d'une chose sans importance, que l'on dedaigne apres l'avoir prise ?

Blessee dans son amour-propre et horrifiee devant la menace que Fero faisait luire a ses yeux, Catherine se sentit, tout a coup, plus indulgente pour les appels de sa chair bouleversee. En meme temps, elle eprouva un besoin irrepressible de soumettre ce sauvage insolent, de le reduire a cet esclavage passionne ou elle avait vu deja tant d'autres hommes. Et puisque aussi bien c'etait le seul moyen d'echapper au pire...

Elle cessa soudain de detourner la tete. Surpris de rencontrer sous ses levres cette bouche qui ne se defendait plus, Fero s'en empara avec avidite... Ses levres a lui etaient douces et avaient une odeur de thym.

Deja triomphante, Catherine sentit qu'elles tremblaient legerement, mais n'eut pas le temps de se rejouir. Le philtre maudit avait maintenant dechaine en elle toutes les puissances de l'enfer. Elle ne pouvait plus lutter contre lui. Son c?ur fou cognait contre ses cotes.

La violence de son sang l'etouffait et, sous les mains du Tzigane, ses hanches vibraient deja... Il n'etait d'ailleurs plus possible d'arreter le delire amoureux de Fero, sourd et aveugle pour tout ce qui n'etait pas ce corps de femme qu'il pressait contre le sien.

Catherine, alors, ferma les yeux et s'abandonna a la tempete! Mais, agrippant des deux mains les epaules moites du Tzigane, elle murmura

: — Aime-moi, Fero, aime-moi de toutes tes forces... mais sache que je ne te pardonnerai que si tu parviens a me faire oublier jusqu'a mon nom.

Pour toute reponse, il se laissa tomber a terre, l'entrainant avec lui.

Tous deux roulerent, enlaces, sur le plancher crasseux.

Pendant toute la nuit, la tempete fit rage, secouant les chariots, tordant les arbres, arrachant les ardoises des toits, obligeant les archers de garde, aux creneaux du chateau, a se courber derriere les enormes merlons. Mais, dans le chariot au creux du fosse, Catherine ni Fero n'en entendirent rien. Au desir sans cesse renaissant de l'homme repondait cette etrange folie qui avait fait de la jeune femme une bacchante sans pudeur, criant de passion sous la violence du plaisir.

Quand la premiere lueur du jour glissa furtivement sur le fleuve, touchant de sa clarte bleme et fumeuse les berges devastees, la fraicheur humide de l'aube s'infiltra sous le feutre detrempe, toucha les corps en sueur des deux amants. Catherine s'eveilla avec un frisson du pesant sommeil ou elle avait sombre avec Fero quelques instants plus tot. Elle se sentait lasse a mourir, la tete vide et la bouche amere, comme si elle avait trop bu. Au prix d'un penible effort, elle repoussa le grand corps inerte de son amant, sans meme l'eveiller, se remit debout. Tout se mit a tourner autour d'elle et elle dut s'appuyer aux arceaux pour ne pas tomber. Ses jambes tremblaient, une nausee lui souleva l'estomac. Une sueur froide perla a ses tempes et un instant elle ferma les yeux. Le malaise passa, mais l'envie de dormir revenait, insurmontable...

A tatons, elle chercha sa chemise, l'enfila avec peine, ramassa sa couverture et sortit du chariot. Au-dehors, la

pluie avait cesse, mais de longues echarpes de brume jaune trainaient sur le fleuve. La terre etait detrempee, des branches brisees par l'orage trainaient partout. Les pieds nus de Catherine enfoncerent dans une boue epaisse et molle.. Elle fit trois pas et, malgre ses paupieres lourdes, remarqua une forme rougeatre blottie sous un chariot et qui bougea a son approche. Avec stupeur, elle reconnut Tereina. La jeune fille la regardait venir, et tout, dans son visage, criait le triomphe.

Alors Catherine se souvint de ce qui lui etait arrive par la faute de cette fille. La colere la reveilla. Elle se jeta sur la bohemienne, la saisit par son chale rouge :

— Que m'as-tu fait boire ? gronda-t-elle. Je t'ordonne de me repondre. Qu'est-ce que j'ai bu ?

Le sourire extasie de Tereina ne contenait pas une once de crainte.

— Tu as bu l'amour... Je t'ai donne le plus puissant de mes breuvages d'amour pour que ton c?ur se rechauffe au feu qui brulait dans celui de mon frere. Maintenant, tu es a lui... et vous serez heureux ensemble. Tu es vraiment ma s?ur.

Avec un soupir, Catherine lacha le chale. Elle retint les reproches qui lui venaient. A quoi bon ? Tereina ne savait rien de sa veritable personnalite. Elle n'avait vu en elle qu'une fille de sa race, une refugiee que son frere desirait, et elle avait cru faire leur bonheur a tous les deux en la jetant dans les bras de Fero. Elle ne savait pas que l'amour et le desir peuvent etre freres ennemis.

La petite bohemienne avait pris sa main et y posait sa joue dans un geste d'adoration.

— Je sais combien vous avez ete heureux, chuchota-t-elle d'un ton de confidence... Toute la nuit, j'ai ecoute... et j'etais heureuse, moi aussi.

Catherine sentit son visage s'empourprer. Au souvenir de ce qui s'etait passe durant cette nuit diabolique, une vague de honte la submergea.

Elle se revit, elle, Catherine de Montsalvy, delirant sous les baisers d'un vagabond et, pour cela, elle se haissait maintenant. Le philtre avait, certes, joue son role aphrodisiaque, mais Catherine avait pourtant une conscience d'une sorte de dualite inconnue dans son etre.

Cette fille folle que le breuvage avait eveillee n'existait-elle pas reellement dans le trefonds de son ame ? C'etait elle, deja, qui lui avait fait trouver du plaisir dans les bras de Philippe de Bourgogne, qui, sans l'intervention de Gauthier, l'aurait livree a l'Ecossais Mac Laren, qui faisait lever en elle ces vagues troubles au contact de certains hommes, qui, enfin, faisait taire les cris de son c?ur, donne tout entier a son epoux, sous ses exigeantes revendications et son besoin d'amour physique... La boue ou s'enfoncaient ses pieds n'etait ni moins epaisse ni moins puante que celle dont se formait la miserable nature humaine.

Doucement, elle posa sa main sur la tete de Tereina toujours courbee a ses pieds.

— Va dormir, lui dit-elle gentiment, tu es trempee, transie...

— Mais tu es heureuse, n'est-ce pas, Tchalai ? Tu es vraiment heureuse ?

Encore un effort, le dernier, pour ne pas briser le c?ur de cette innocente.

— Oui... murmura Catherine... tres heureuse !

Refoulant ses larmes, le c?ur lourd, Catherine poursuivit son chemin, s'enfoncant dans la brume comme pour y cacher sa honte.

Elle descendit jusqu'au fleuve, sans prendre garde aux cailloux qui la meurtrissaient, et ne s'arreta que lorsque l'eau vint lecher ses pieds nus.

La Loire etait grise et se confondait avec le ciel, mais des traces presque imperceptibles de lumiere doree frisaient deja, de loin en loin, a la surface. L'eau bouillonnait, grosse de la grande pluie nocturne, gonflee d'une vigueur nouvelle. Catherine eut soudain envie de s'y plonger. Le fleuve-roi avait toujours ete son ami et, dans cette aube triste, elle revenait tout naturellement vers lui pour lui demander d'apaiser son c?ur malade.

Avec des gestes d'automate, elle laissa glisser ses vetements et s'avanca dans le courant. Il etait fort et elle avait du mal a marcher sur le fond ou roulaient des pierres. L'eau etait fraiche et, quand elle atteignit son ventre, Catherine frissonna. Elle eut la chair de poule, mais continua d'avancer. Bientot, elle en eut jusqu'aux epaules et ferma les yeux. Le courant massait son corps. Seuls, ses pieds crispes dans la vase la retenaient encore au sol. Il y eut tout a coup en elle un grand silence interieur. Est-ce qu'il ne serait pas mieux que tout s'arretat la ? Qu'elle en finisse une bonne fois avec sa vie sans espoir ?

Tant qu'elle avait pu se garder pure, le combat etait encore facile et la victoire pouvait avoir des charmes. Mais, maintenant ? Elle s'etait donnee a un inconnu comme une simple fille et c'etait comme si elle avait creuse, entre elle et le souvenir de son epoux, un immense, un infranchissable fosse. Si Dieu voulait qu'elle le revit encore, ne fut-ce qu'une fois, oserait-elle seulement le regarder en face sans mourir de honte ? Un lourd sanglot gonfla sa gorge et deux larmes glisserent sous ses paupieres closes.