Выбери любимый жанр

Выбрать книгу по жанру

Фантастика и фэнтези

Детективы и триллеры

Проза

Любовные романы

Приключения

Детские

Поэзия и драматургия

Старинная литература

Научно-образовательная

Компьютеры и интернет

Справочная литература

Документальная литература

Религия и духовность

Юмор

Дом и семья

Деловая литература

Жанр не определен

Техника

Прочее

Драматургия

Фольклор

Военное дело

Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
К книге
Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
К книге
Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
К книге
ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
К книге
Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
К книге

Catherine des grands chemins - Бенцони Жюльетта - Страница 23


23
Изменить размер шрифта:

Pourquoi ne tenteriez-vous pas l'aventure avec moi ?

Elle lui rendit son sourire, mais haussa les epaules avec un peu de lassitude.

— Parce que ce genre d'aventure n'est pas fait pour moi, Jacques.

J'ai charge d'ames et beaucoup a faire sur cette malheureuse terre. La lutte qui m'attend, soyez sur que je la changerais volontiers contre toutes les tempetes de la Mediterranee si je ne tenais a la vivre jusqu'au bout. Mais...

Un geste a la fois discret et peremptoire de Jacques lui coupa la parole. Elle se tut subitement, regarda le pelletier. Les yeux aigus de Jacques C?ur fouillaient les ombres de la salle du cote ou avait disparu maitre Amable avec une etrange fixite. Et, quand il revint a Catherine, il se mit a parler de choses futiles, delaissant tout sujet a tournure compromettante. Sitot le repas termine, il se leva, tendit son poing ferme a Catherine pour qu'elle y posat sa main en sollicitant l'honneur de la conduire jusqu'a sa chambre. Comme par enchantement,

maitre Amable reparut, portant haut une chandelle avec laquelle il ouvrit la marche vers l'etage superieur. Sara et Frere Etienne cloturaient le cortege et la bohemienne, recrue de fatigue, avait bien du mal a tenir les yeux ouverts. Mais ceux de Catherine n'avaient pas encore recu l'attaque du sommeil. La jeune femme les ouvrait, au contraire, tout grands, s'etonnant de trouver inquietantes les hautes ombres noires que le reflet de la bougie decoupait sur le mur jaune.

Pourquoi donc le sentiment d'allegement ressenti tout a l'heure s'en etait-il alle ? Pourquoi donc une crainte imprecise se glissait-elle dans son ame ? Le diamant maudit avait change de main, sa fortune avait commence par ce geste et elle avait, en elle-meme, une confiance absolue. Alors ?

Devant la chambre que Catherine devait partager avec Sara, on se separa ceremonieusement ! Les deux femmes s'enfermerent chez elles tandis que le pelletier et le moine gagnaient l'etage superieur. Le silence du repos enveloppa bientot le Noir-Sarrasin. Sara, epuisee, s'etait jetee sur le lit tout habillee et dormait avec application.

Catherine se contenta d'oter sa robe et ses chaussures puis se glissa aupres d'elle.

Les coups legers frappes a sa porte la tirerent du profond sommeil dans lequel elle avait sombre elle aussi. Des grattements plutot, qu'elle hesita un instant a attribuer a une souris. Mais non, il y avait bien, derriere la porte, quelqu'un qui frappait.

La nuit etait noire dans la chambre. La chandelle avait brule jusqu'au bout et Catherine tatonna jusqu'a l'huis ou le grattement avait repris, tremblant de renverser quelque meuble et d'eveiller toute la maison.

Pour s'annoncer aussi discretement, la personne qui frappait ne devait pas souhaiter attirer l'attention... La porte enfin s'ouvra et Catherine vit que Jacques C?ur, arme d'une chandelle, se tenait sure le seuil ; il etait tout habille, chaperon en tete et manteau sur le dos. D'un doigt appuye vivement sur ses levres, il invita Catherine au silence puis, la repoussant doucement, entra d'autorite dans sa chambre et referma la porte derriere lui. Son visage avait une gravite inquietante.

— Pardonnez-moi cette intrusion, Catherine, mais si vous ne tenez pas a connaitre, des l'aube, les prisons de la vicomte, je vous conseille de vous habiller, d'eveiller Sara et de me suivre. Frere Etienne doit etre deja a l'ecurie.

— Mais... pourquoi si tot ? Quelle heure est-il ?

— Une heure apres minuit et je vous accorde que c'est un peu tot, mais le temps presse.

— Pourquoi ?

— Parce que la vue de certain diamant a trouble l'entendement d'un homme jusqu'ici honnete. Je veux dire que, tout a l'heure, maitre Amable, apres avoir ferme son auberge, a couru jusque chez le prevot pour nous signaler comme de dangereux malfaiteurs recherches par monseigneur le Grand Chambellan. L'aspect exotique de Sara et le fait que j'aie mentionne le Juif Abrabanel ont ajoute a sa denonciation un vague parfum de sorcellerie. Bref, pour toucher une part du fabuleux joyau, maitre Amable est pret a nous envoyer au bucher.

— Comment savez-vous tout cela ? fit Catherine trop interloquee pour etre vraiment effrayee.

D'abord parce que j'ai suivi notre digne hote quand il est sorti. Son attitude, durant le souper, m'avait paru suspecte. Il rougissait et palissait tour a tour, ses mains tremblaient comme feuilles au vent et son regard se fixait obstinement a mon escarcelle. Je le connais depuis pas mal de temps, mais j'ai appris a me mefier des hommes quand il y a de l'or en jeu. La chambre que je partage avec Frere Etienne donne heureusement au-dessus de la porte. J'ai guette parce qu'un pressentiment m'y poussait et j'ai vu, en effet, notre aubergiste sortir mysterieusement quand il put supposer que tout le monde dormait.

Ma foi, je n'ai pas eu la patience de prendre l'escalier. En me servant des colombages de la maison, j'ai pu me laisser glisser jusqu'a terre et je me suis lance sur la trace d'Amable. Quand je l'ai vu grimper la rampe du chateau, j'ai compris que j'avais eu raison de le surveiller.

— Ensuite ? fit Catherine qui, tremblant de^ froid, se hatait de repasser sa robe. Que s'est-il passe ? Etes-vous sur qu'il nous ait denonces ?

— Voila une question que vous ne poseriez pas si vous l'aviez vu sortir en se frottant les mains. De plus, j'ai pu m'assurer que je ne me trompais pas. A l'aube, un detachement du prevot doit nous arreter des avant l'ouverture des portes de la ville.

— Qui vous l'a dit ?

Jacques C?ur sourit et Catherine se dit qu'il semblait bien calme et bien detendu pour un homme menace de prison.

— Il se trouve que j'ai deux ou trois amis dans cette cite, chose que maitre Amable ignore. Le fds cadet de l'un des deux detenteurs du secret des tapisseries, apporte jadis par Marie de Hainaut, est sergent dans la garnison. Je suis alle hardiment jusqu'au chateau, je me suis presente au corps de garde sans dire mon nom bien entendu et j'ai demande a lui parler.

— Sans difficulte ?

— Une piece d'or a de bien grandes vertus, Catherine, et il se trouve que le jeune Esperat possede le sens du commerce. Desireux de conserver a son pere un bon client, il n'a fait aucune difficulte pour me mettre au courant des ordres qui lui ont ete donnes pour le lever du jour.

Catherine avait fini de lacer sa robe et secouait Sara qui faisait des difficultes pour s'eveiller.

— C'est tres joli d'etre si bien renseignes, bougonna-t-elle, mais cela ne nous sauvera pas. A moins d'avoir des ailes d'oiseau, je ne vois pas comment sortir d'une ville cernee de hautes murailles et de lourdes portes bien fermees et gardees. Nous sommes pris dans une souriciere car la cite me parait trop petite pour que l'on puisse s'y cacher.

Aussi allons-nous en sortir... du moins, je l'espere. Hatez-vous, Catherine. Frere Etienne doit deja etre a l'ecurie.

Catherine ouvrit de grands yeux et regarda Jacques comme s.'il etait devenu subitement fou.

— Parce que vous comptez partir a cheval ? Decidement, vous ne doutez de rien. Un cheval fait du bruit. A plus forte raison quatre !

Un bref sourire eclaira le visage serieux du pelletier. Sa main se posa, un instant, sur l'epaule de Catherine, la serra.

— Si vous essayiez de me faire confiance, mon amie ? Je ne fais pas ici serment de vous tirer de ce mauvais pas. Je dis seulement que je vais faire de mon mieux. Mais assez parle ! Venez !

En un clin d'?il les deux femmes furent pretes. Sara, flairant le danger, s'etait hatee sans meme poser de question. Maintenant, suivant prudemment Jacques C?ur, elles s'engageaient dans l'escalier vetuste, posant les pieds le plus pres possible de la rampe pour eviter de faire crier les marches. Le silence etait si profond que le seul bruit de leurs respirations leur semblait terrifiant. On atteignit sans encombre le bas de l'escalier. Jacques C?ur, qui tenait Catherine par la main, l'entraina vivement a travers la salle vers la porte donnant sur les arrieres de l'auberge. La, il suffisait seulement de prendre garde a ne pas heurter de table ou de banc car les dalles de pierre du sol ne risquaient pas de gemir. Mais, comme le pelletier mettait la main sur le loquet, un claquement sec le retint et le rejeta contre le mur avec ses compagnes, le c?ur fou.