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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine et le temps d'aimer - Бенцони Жюльетта - Страница 9


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Pourtant, l'on disait qu'elle avait le pouvoir de delivrer les prisonniers. Des fers, des chaines, des ceps et des carcans s'empilaient derriere la statue, temoignages touchants de gratitude. Mais Catherine, malgre tout, se sentait etouffer dans cette sombre eglise, au milieu de ces gens prosternes, prisonniere d'un amour impatient dont rien ne pourrait la delivrer.

A force de rester a genoux, elle avait des fourmis dans les jambes et cela lui rappela les interminables oraisons, subies jadis au cote de sa s?ur Loyse, a Notre- Dame de Dijon. Elle se releva, tourna la tete et rencontra le regard de Gerbert Bohat fixe sur elle. Il detourna les yeux aussitot, mais elle avait eu le temps de revoir cette etrange expression a la fois dure et craintive qu'elle avait deja remarquee. Malgre elle, Catherine soupira avec lassitude.

— Il ne faut pas lui en vouloir, chuchota aupres d'elle la voix douce de Gillette. Gerbert est un homme malheureux.

— Comment le savez-vous ?

— Je ne le sais pas, je le sens... Il souffre cruellement : c'est pour cela qu'il est si dur.

Malgre son courage et sa bonne volonte, Catherine ne put se resoudre a suivre la longue procession qui allait conduire la statue de la sainte tout autour de la ville jusque dans les champs prives de pluie depuis de longs jours. Elle regagna l'auberge et rejoignit Ermengarde qui, elle, n'avait pas quitte son lit. La douairiere la regarda rentrer avec un sourire en coin.

— Alors, Catherine, vous n'avez pas encore votre content de patenotres ? Quand donc allez-vous vous montrer raisonnable et accepter a la fois mes conseils et mon cheval ? Vous avez vraiment envie de continuer avec toute cette troupe, quand nous pourrions aller tellement plus vite ?

Catherine serra les levres et, tout en otant son manteau, jeta a son amie un regard oblique.

— N'y revenez pas, Ermengarde. Je vous ai deja donne mes raisons. La route est dangereuse, il faut etre nombreux pour resister aux brigands.

La vieille dame s'etira et bailla demesurement puis soupira :

— Et moi je soutiens que, pour echapper aux brigands, de bons chevaux rapides valent mieux que des pieds fourbus. D'ailleurs, je vous predis que, si nous continuons ainsi, vous deviendrez rapidement folle... et moi aussi.

Au fond d'elle-meme, Catherine donnait raison a Ermengarde, mais ne voulait pas l'admettre. Elle etait persuadee que, si elle ne poursuivait pas son chemin, jusqu'au bout, avec les pelerins auxquels elle s'etait jointe, Dieu lui en tiendrait rigueur et l'en punirait en l'empechant de rejoindre Arnaud. Mais la dame de Chateauvillain savait, depuis longtemps, lire sur le joli visage expressif de son amie.

Elle murmura :

— Allons, Catherine, faites credit a Dieu d'un peu de grandeur d'ame et ne le prenez pas pour un vil mercanti qui ne s'en tient jamais qu'aux marches conclus. Que faites-vous de sa misericorde ?

— J'en fais grand cas, Ermengarde, mais nous continuerons avec les autres !...

Elle avait parle fermement, d'un ton qui n'admettait pas de replique.

Aussi Ermengarde ne s'y trompa pas. Un soupir decourage fut son unique reponse.

La procession de Sainte-Foy avait du etre efficace car il pleuvait a seaux, le lendemain a l'aube, quand les pelerins se remirent en route et quitterent Conques au milieu des habituels chants religieux. Catherine avait repris sa place entre Josse Rallard et Colin des Epinettes. Elle marchait courageusement, refusant de voir a l'arriere-garde Ermengarde et sa troupe montee. La comtesse avait reussi, Dieu sait comment, a se procurer durant la halte deux nouveaux chevaux dont l'un portait l'une des chambrieres et l'autre trottait libre, tenu en bride par le sergent Beraud. Catherine n'ignorait pas que cet animal lui etait destine, mais elle ne voulait pas le savoir.

La route montait, penible, a flanc de coteau pour rejoindre la vallee du Lot et gagner ensuite Figeac. Et la pluie n'arrangeait rien. Elle brouillait le paysage, eteignait les roses tendres des bruyeres qui commencaient a fleurir, degouttait de la moindre feuille, emplissait les yeux et alourdissait la bure grossiere des pelerins. Tantot fine et douce, tantot rageuse quand des bourrasques de vent l'emportaient, elle faisait regner sur le severe paysage une tristesse affreuse, lourde comme le monde, et qui donnait a Catherine l'impression de peser sur son propre c?ur. Personne ne songeait a chanter ce matin. En tete, Gerbert marchait, le dos rond, la tete dans les epaules, sans jamais se retourner.

Soudain, comme l'on atteignait le haute de la cote, des cris se firent entendre derriere la colonne.

— Arretez !... Pour l'amour de Dieu, arretez !

Cette fois, Gerbert se retourna et tous les autres avec lui. Plus bas, sur la pente, trois moines essouffles faisaient de leur mieux pour accourir. Parfois ils trebuchaient dans un trou ou sur une pierre, mais n'en criaient que de plus belle en faisant de grands gestes.

— Qu'est-ce qu'il y a ? marmotta Colin d'un air mecontent. Avons-nous oublie quelque chose ou bien ces saintes gens souhaitent-ils se joindre a nous ?

— Cela m'etonnerait, repondit Josse Rallard qui regardait approcher les trois moines avec un froncement de sourcils. Ils ne portent rien et n'ont pas de baton de marche.

— Alors c'est qu'ils sont anxieux de se recommander a nos prieres au saint tombeau de l'Apotre ! reprit Colin avec onction.

Mais son compagnon le regarda si fort de travers qu'il n'osa pas aller plus loin sur le chemin des suppositions.

D'ailleurs, Gerbert Bohat redescendait deja le long de la colonne, a grands pas, pour aller au-devant des arrivants. Ils se rejoignirent assez pres de Catherine et de ses compagnons, si bien que la jeune femme ne perdit rien de leur dialogue. D'ailleurs, malgre leur souffle ecourte, les trois moines criaient a fendre les rochers.

— On nous a voles ! Cinq gros rubis ont ete voles au manteau de sainte Foy L.

Une clameur d'indignation et de colere salua cette nouvelle, mais Gerbert, deja, ripostait, tout de suite agressif.

— C'est un abominable forfait, mais je ne vois pas pourquoi vous avez si fort couru apres nous pour nous l'annoncer. Vous ne supposez pas, j'imagine, que l'un de nous est votre voleur ! Vous etes de saintes gens, mais, nous, nous sommes les errants de Dieu !

Le plus grand des moines essuya d'un air gene son large visage rose sur lequel la pluie faisait couler de minuscules ruisseaux et fit un geste d'impuissance.

— Les brebis galeuses du Diable se cachent parfois parmi les meilleurs d'entre nous. Et le fait d'appartenir a un pelerinage ne constitue pas, a priori,un brevet de saintete. Il est des exemples...

— Nous n'etions pas les seuls a Conques, hier... ou n'importe quand le vo! a ete commis. J'admire votre charite chretienne qui s'attaque d'abord aux pauvres pelerins sans songer a cette racaille de baladins et de bateleurs qui s'exhibaient devant votre eglise l'autre soir.

Catherine reprima un sourire. Gerbert, apparemment, avait toujours sur le c?ur son aventure de l'avant-veille. Mais le moine prenait un air encore plus malheureux.

— Les baladins sont partis hier matin, comme vous devez le savoir, et, hier, durant la procession, la statue est apparue au grand jour, intacte. Aucune pierre n'y manquait.

— En etes-vous bien surs ?

C'est moi, avec mes freres ici presents, qui avons ete charges par le Tres Reverend Abbe de nous assurer de son integrite avant de la remettre dans sa niche. Je puis vous assurer qu'il n'y manquait pas la moindre pierre. Ce matin il manque cinq gros rubis... et vous avez ete les seuls etrangers a passer la derniere nuit dans notre ville !

Un silence suivit cette demonstration. Chacun retenait son souffle, sentant bien que le raisonnement des moines etait sans faille. Gerbert, cependant, refusait de s'avouer vaincu et Catherine, a cet instant, admira le courage et l'opiniatrete qu'il mettait dans la defense de son monde.