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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine et le temps d'aimer - Бенцони Жюльетта - Страница 89


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— Viens ! fit pres d'elle la voix tranquille d'Abou- al-Khayr. Il y a la un cheval pour toi.

En meme temps, arrachant tout a fait le voile dore, il jetait sur ses epaules un manteau sombre sorti comme par enchantement de sous sa robe.

— Mais... Arnaud !

— Laisse faire Gauthier !

En effet, le geant arrachait maintenant les fleches qui retenaient Arnaud au bois de la croix, chargeait le corps inerte sur son epaule comme un simple paquet et degringolait l'echelle de l'echafaud. Josse, qui avait a peu pres maitrise son cheval, se trouva pres de lui tout a coup, tenant par la bride une autre monture, particulierement vigoureuse celle-la, sorte de lourd cheval de bataille a la croupe enorme. Le geant, malgre sa charge, l'enfourcha avec une extraordinaire agilite, puis, serrant les genoux, enfonca les eperons qu'il portait sous sa robe. Le grand cheval partit comme un boulet de canon a travers la foule, d'ailleurs en pleine debandade, sans se soucier des corps sur lesquels il passait...

— Tu vois, fit la voix tranquille du petit medecin, il n'a pas besoin de nous.

— Mais que se passe-t-il ?

— Pas grand-chose : une sorte de petite revolution ! Je t'expliquerai. En tout cas, voila notre Calife occupe pour un moment.

Viens, c'est l'instant. Plus personne ne s'occupe de nous.

En effet, la plais grande confusion regnait sur la place. On se battait un peu partout. La foule des femmes, des enfants, des baladins, des vieillards et des petits marchands fuyait dans tous les sens, essayant d'eviter, pas toujours avec succes, les sabots des chevaux affoles. Les gardes du palais etaient aux prises avec une troupe de cavaliers vetus et voiles de noir qui avaient surgi sans qu'on put savoir d'ou. On se battait aussi dans les tribunes et Catherine put voir que Muhammad tenait vaillamment sa partie dans ce concert guerrier. Les rales d'agonie se melaient aux cris de rage, aux gemissements des blesses.

Les oiseaux noirs, dans le ciel mauve, avaient resserre leur cercle et volaient plus bas.

Le centre de ce tourbillon, le chef des cavaliers noirs auxquels s'etaient rallies les quelques hommes voiles qui musardaient, jusque-la, dans la foule etait un homme grand et maigre a la peau foncee, vetu de noir lui aussi, mais le visage decouvert et qui portait a son turban un fabuleux rubis. Son cimeterre volait, tel le glaive de l'archange, abattant les tetes comme la faux du moissonneur les epis de ble. La derniere image que put retenir Catherine tandis qu'Abou-al-Khayr l'entrainait apres l'avoir hissee sur un cheval fut celle de la mort du Grand Vizir. Le cimeterre sanglant du cavalier abattit sa tete qui, l'instant suivant, pendait a la selle de son vainqueur.

Sur la mosquee royale d'Al Hamra, les tambours d'Allah battaient toujours...

La ville etait folle. Tandis qu'Abou-al-Khayr, qui avait lui aussi enfourche un cheval, tracait son chemin a travers les ruelles blanches aux murs aveugles, Catherine put voir des scenes qui lui rappelerent le Paris de son enfance. Partout, il y avait des hommes qui se battaient, du sang qui coulait. Passer sous une terrasse etait dangereux car il en pleuvait des projectiles divers et parfois, dans la foule en delire, se detachait la silhouette funebre d'un des etranges cavaliers voiles. L'eclair d'un cimeterre brillait alors sous les lampes a huile car la nuit commencait a venir, et un cri d'agonie suivait, mais Abou-al-Khayr ne s'arretait pas.

— Hatons-nous, repetait-il. Il se peut que l'on ferme plus tot les portes de la ville.

— Ou m'emmenes-tu donc ? demanda Catherine.

— La ou le geant a du conduire ton epoux. A l'Alcazar Genil, chez la sultane Amina.

— Mais... pourquoi ?

— Encore un peu de patience. Je t'expliquerai, t'ai-je dit. Plus vite

!...

Tout ce vacarme, ces cris, ce danger ne parvenaient pas a diminuer la joie profonde qui tenait Catherine ! Elle etait libre, Arnaud etait libre ! Tout l'affreux appareil du supplice avait disparu et le pas allegre du cheval scandait les battements joyeux de son c?ur ! ils finirent par prendre le galop sans se soucier de ceux qu'ils renversaient. La porte du Sud, heureusement encore ouverte, fut franchie en trombe, puis les sabots des chevaux claquerent sur le petit pont romain qui enjambait le Genil aux eaux bouillonnantes et limpides. Bientot apparut, aupres d'un marabout a la blanche coupole, une large enceinte aux vertes frondaisons enfermant une sorte de tour coiffee d'une mitre accolee de deux pavillons et precedee d'un porche aux minces colonnettes. Des silhouettes fantomatiques, qui devaient etre des gardes, erraient devant le portail qui s'ouvrit hativement quand Aboual-Khayr, les mains en cornet devant la bouche, emit un cri particulier. Les deux chevaux et leurs cavaliers, sans ralentir l'allure, s'engagerent sous le portail, freinant seulement, des quatre pieds, devant les colonnes, fleuries de jasmin, du porche. Derriere eux, les lourdes portes du domaine furent repoussees et barricadees.

En se laissant glisser de son cheval, Catherine tomba dans les bras de Gauthier qui accourait. Il la saisit, l'enleva presque a bout de bras, possede d'une joie si violente qu'elle lui faisait oublier son habituelle retenue.

— Vivante ! s'ecria-t-il. Et libre !... Soient loues Odin et Thor le Victorieux qui vous rendent a nous ! Voila des jours que nous ne vivons plus.

Mais elle, incapable de maitriser son impatience et son inquietude :

— Arnaud ? Ou est-il ?

— Pres d'ici. On le soigne...

— Il n'est pas...

Elle n'osa pas poursuivre. Elle revoyait Gauthier, arrachant les fleches des mains percees, le sang qui jaillissait et le corps inerte que le Normand chargeait sur son epaule.

— Non. Il est faible, bien sur, a cause du sang perdu. Les soins de maitre Abou seront les bienvenus.

— Allons-y ! fit le medecin qui, degringole de son immense monture, avait rendu a son turban un aplomb singulierement compromis.

Entrainant Catherine par la main, il suivit Gauthier, a travers une immense salle magnifiquement decoree d'une marqueterie a mille fleurs brillantes, fantastique floraison immobile qui ne fanait jamais, et d'une galerie a petites baies cintrees. Les dalles de marbre noir du sol brillaient comme un etang nocturne autour de l'archipel multicolore des epais tapis. Au-dela, s'ouvrait une piece plus petite.

Arnaud y etait etendu sur un matelas de soie entre une femme inconnue et Josse qui, toujours vetu de son attirail militaire, se penchaient sur lui. Le Parisien, en voyant apparaitre Catherine, lui offrit un large sourire, mais, sans se soucier de lui plus que de la femme, Catherine se laissa tomber a genoux aupres de son epoux.

Il etait sans connaissance, les traits tires et tres pale avec des cernes profonds marquant ses yeux clos. Le sang de ses mains blessees avait tache la soie vert amande du matelas et l'epais tapis du sol, mais ne coulait plus. La respiration etait courte, faible.

— Je crois qu'il vivra ! fit, pres de Catherine, une voix grave.

Tournant la tete, la jeune femme croisa un regard sombre, si profond qu'il lui parut insondable. Examinant pour la premiere fois celle qui venait de lui adresser la parole, elle vit que la femme etait jeune, tres belle, avec un visage dont la douceur n'excluait pas la fierte, mais dont la peau, couleur d'or, etait marquee d'etranges signes peints, d'un bleu fonce. Devinant la surprise de la nouvelle venue, la femme eut un bref sourire.

— Toutes les femmes du Grand Atlas me ressemblent, dit-elle. Je suis Amina. Viens avec moi. Il faut laisser le medecin s'occuper du blesse. Abou-al-Khayr n'aime pas que les femmes se melent de son travail.

Malgre, elle, Catherine sourit. D'abord parce que l'amabilite d'Amina etait contagieuse, ensuite parce que ses paroles lui rappelaient sa premiere rencontre avec le petit medecin maure, dans l'auberge de la route de Peronne quand, pour la premiere fois, il avait soigne Arnaud que Catherine et son oncle Mathieu avaient trouve blesse au bord du chemin. Elle connaissait la prodigieuse habilete de son ami. Aussi se laissa-t-elle emmener sans resistance, d'autant plus que Gauthier lui declara, au passage :