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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine et le temps d'aimer - Бенцони Жюльетта - Страница 83


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— Est-ce la ta facon de voir les choses ? fit-il avec amertume. Je t'ai donne, en quelques jours, tant d'amour, que je pouvais m'attendre a plus de chaleur de ta part ! J'ai cru, un moment, avoir trouve en toi celle que j'avais renonce a chercher. Tu n'as donc ete, dans mes bras, qu'une esclave comme les autres ?

— Non. Tu m'as rendue heureuse, reconnut Catherine honnetement. Je ne te connaissais pas et j'ai ete surprise, agreablement, de te trouver tel que tu es. Je m'attendais a quelque chose de terrible et tu t'es montre doux et bon. Ce souvenir que tu evoques... pourquoi n'avouerais-je pas qu'il m'est agreable et que notre nuit fut une douce nuit ? Ne t'ai-je pas promis de ne pas te mentir ?

D'un mouvement souple et rapide, Muhammad se leva et s'approcha de Catherine. Une vague de sang etait montee a ses joues brunes et ses yeux s'etaient mis a briller.

— Alors, murmura-t-il d'une voix basse, pressante, pourquoi ne pas reprendre le poeme la ou nous l'avons laisse ? Tout peut demeurer comme par le passe. Tu m'appartiens toujours et je peux oublier, aisement, le lien qui t'enchaine a cet homme.

L'ardeur qui vibrait sous les paroles du Calife fit trembler Catherine.

L'amour etait le seul terrain ou elle se refusait a le suivre parce qu'elle ne pouvait plus repondre a sa passion. Elle secoua la tete, repondit avec une douceur lasse :

— Pas moi ! Il est mon epoux, t'ai-je dit. Notre mariage a ete beni par un pretre, dans notre pays. Je suis sa femme jusqu'a ce que la mort nous separe.

— Ce qui ne tardera guere ! Bientot, tu seras libre, ma rose, et tu recommenceras ici une existence aupres de laquelle tout ce que tu as connu n'est que mauvais reve. Je te ferai sultane, reine ici sur tout ce qui vit et respire. Tu auras tout ce que tu desireras et tu regneras plus que moi-meme puisque tu regneras sur moi !

Muhammad avait retrouve, d'un seul coup, le visage passionne qu'il avait eu dans le jardin aux eaux chantantes. Catherine, envahie par une soudaine tristesse, comprit qu'il l'aimait vraiment, que pour elle il etait pret en effet a bien des sacrifices, hormis sans doute le seul qu'elle reclamat de lui. Il serait facile, bien sur, de lui mentir, de lui laisser croire a un amour fictif, mais elle sentait bien que cela ne sauverait pas Arnaud et que celui-ci ne lui pardonnerait pas cette ultime trahison. Elle avait promis d'etre franche, elle le serait jusqu'au bout. Peut-etre, apres tout, cet homme, qui lui avait toujours paru bon et droit, trouverait-il dans sa nature profonde assez de noblesse pour se montrer magnanime...

— Tu ne m'as pas comprise, seigneur, dit-elle tristement, ou bien tu n'as pas voulu me comprendre. Pour etre venue le chercher jusqu'ici, au travers de tant de dangers, il fallait que j'aime mon epoux... plus que tout au monde !

— Je t'ai dit qu'il ne serait plus longtemps ton epoux !

— Parce que tu as jure sa mort ? Mais, seigneur, si tu m'aimes autant que tu le dis, tu ne peux vouloir me reduire au desespoir. Crois-tu que je pourrais t'aimer apres sa mort, accepter les caresses de tes mains rouges encore de son sang ?

Une idee lui vint, tout a coup, genereuse et folle, mais l'imminence du peril couru par Arnaud ne lui laissait pas le choix. Elle avait toujours le droit de se sacrifier pour lui et cet homme avait assez d'amour pour accepter ce qu'elle allait lui offrir.

— Ecoute ! dit-elle d'une voix pressante, tu ne peux, si tu m'aimes vraiment, mettre entre nous un souvenir affreux. Laisse partir mon epoux. Fais-le reconduire aux frontieres du royaume... et je resterai aupres de toi, ta captive aussi longtemps que tu le voudras.

Cette fois, elle faisait une entorse deliberee a cette verite qu'elle avait promise car elle savait bien que, s'il acceptait, elle ferait tout pour s'enfuir et que, de son cote, Arnaud mettrait tout en ?uvre pour la reprendre. Mais il fallait gagner du temps et, surtout, arracher Arnaud a la mort prochaine. Tout doucement, elle se rapprocha de Muhammad, avec une instinctive coquetterie, l'enveloppant de son parfum, s'enhardissant jusqu'a poser sa main sur son bras. Au diable les scrupules ! La vie d'Arnaud avant tout !

— Ecoute-moi, seigneur, et fais ce que je te demande, supplia-t-elle. Fais grace a mon epoux !...

Sans la regarder, les yeux fixes sur les frondaisons de la cour, il repliqua froidement :

— Je n'ai pas le droit de faire grace ! Tu oublies que celle qu'il a tuee etait ma s?ur et que tout le royaume reclame la tete de l'assassin.

Que Grenade entiere voulut venger Zobeida, universellement detestee, voila qui laissait Catherine sceptique, mais elle n'en dit rien.

Ce n'etait pas le moment de discuter la popularite de la morte. Au contact de sa main, elle avait senti fremir Muhammad, et cela lui suffisait.

— Alors... laisse-le fuir ! Nul ne pourra te le reprocher.

— Fuir ?

Cette fois, il la regarda et Catherine, decue, vit que son regard avait l'eclat froid de l'acier.

Sais-tu que le Grand Vizir en personne s'est institue son geolier ?

Sais-tu qu'outre les vingt soldats maures qui le gardent a vue, il y a, pres du cachot ou il est enferme, une troupe d'hommes du Grand Cadi qui veille egalement. Car Allah lui-meme exige le sang du meurtrier d'une princesse de Grenade. Il me faudrait, pour le laisser fuir, eloigner tout ce monde... et j'y risquerais mon trone !

A mesure qu'il parlait, l'espoir avait, peu a peu, abandonne Catherine. Elle comprenait soudain que cette bataille etait vaine, qu'il chercherait tous les pretextes pour refuser une grace qu'il ne voulait pas accorder. Il haissait Arnaud, plus certainement parce qu'il etait son epoux qu'a cause de Zobeida ! Elle fit cependant une ultime tentative pour l'attendrir.

— Ta s?ur voulait me livrer aux esclaves, dit-elle nettement, m'exposer nue sur le rempart puis me jeter a ses bourreaux mongols.

Arnaud a frappe pour me sauver et toi tu me refuses sa vie !... et tu dis que tu m'aimes ?

— Je t'ai dit que je ne pouvais pas !

— Allons donc ! Es-tu, oui ou non, le maitre ici ? Et qu'etait Zobeida d'autre qu'une femme... une de ces femmes tellement meprisees, de si peu d'importance pour ceux de ta race ? Et tu voudrais me faire croire que le Grand Cadi lui-meme, le Saint Homme de Grenade, exige le sang de mon epoux !

— Zobeida etait du sang du Prophete ! tonna Muhammad. Et qui verse le sang du Prophete doit mourir ! Le crime est plus grand encore lorsque l'assassin est un Infidele ! Cesse de me demander l'impossible, Lumiere de l'Aurore. Les femmes n'entendent rien aux affaires des hommes !

Le mepris qui sonnait dans sa voix fit bondir Catherine.

— Si tu voulais... pourtant, toi que l'on dit si fort !

— Mais je ne veux pas !

Brutalement, il s'etait tourne vers elle, l'avait saisie par les bras qu'il serrait dans sa colere, approchant de celui de Catherine un visage que la rage empourprait.

Ne comprends-tu pas que tes prieres irritent encore davantage ma colere contre lui ? Pourquoi donc ne vas-tu pas au bout de ta pensee

? Pourquoi ne me dis-tu pas : libere-le parce que je l'aime et que je ne renoncerai jamais a lui ! Libere-le parce que j'ai besoin de le savoir vivant a tout prix... meme au prix de tes baisers ! Folle ! c'est justement ton amour pour lui, plus encore que le desir de venger ma s?ur, qui lui vaut ma haine. Car je le hais maintenant, tu entends...

je le hais de toutes mes forces, de toute ma puissance parce qu'il a su obtenir ce que je desirais plus que tout au monde : etre aime de toi.

— Penses-tu mieux reussir en le tuant ? demanda Catherine froidement. Les morts ont une puissance que tu ne parais pas supposer. Tu aurais pu garder captive l'epouse d'Arnaud de Montsalvy, mais tu ne possederas jamais sa veuve ! D'abord parce que je ne lui survivrai pas. Ensuite parce que le sang dont tu seras couvert me ferait horreur si je devais vivre encore...