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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine et le temps d'aimer - Бенцони Жюльетта - Страница 76


76
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Relevant brusquement la tete dans un mouvement plein de defi, elle designa la dague passee dans la ceinture d'Arnaud.

— Qu'attends-tu pour obeir ? Ne t'a-t-on pas fait suffisamment comprendre ce que tu devais faire ? Tire cette dague, Arnaud, et tue-moi ! Je plaide coupable : en effet, je me suis donnee a Muhammad, parce que c'etait le seul moyen de parvenir jusqu'ici... et parce que je ne pouvais pas faire autrement !

— Et Breze ? Tu ne pouvais pas non plus faire autrement ?

Catherine prit une longue respiration. S'il remontait aussi loin dans les griefs, la bataille serait rude ! Mais elle s'efforca au calme, parlant d'un ton mesure :

Breze n'a jamais, quoi que tu puisses en penser, ete mon amant. Il voulait m'epouser. Un instant, j'ai ete tentee d'accepter. C'etait apres la chute de La Tremoille et je n'en pouvais plus ! J'avais besoin, un besoin desespere de paix, de douceur et de protection. Tu ne peux pas savoir ce qu'a ete ce printemps de l'annee passee, ni ce que m'a coute notre victoire ! Sans Breze, il ne serait reste de moi qu'un peu de chair sanglante aux mains des bourreaux de la dame de La Tremoille...

Elle se tut un instant pour laisser passer l'emotion retrospective qu'elle venait d'eveiller en elle-meme au rappel de cette heure terrifiante, puis, avec un soupir, elle poursuivit, d'une voix sourde :

— Breze m'a sauvee, protegee, aidee dans l'accomplissement de ma vengeance, il a combattu pour toi et, te croyant mort, il ne pensait pas mal faire en m'offrant de l'epouser car il est bon et loyal...

— Comme tu le defends ! coupa amerement Arnaud. Je me demande pourquoi tu n'as pas suivi ce doux penchant...

— D'abord parce qu'on m'en a empechee ! riposta Catherine que la colere reprenait.

Elle ajouta, reconnaissant honnetement ses torts :

— Sans Cadet Bernard, j'aurais peut-etre accepte de l'epouser, mais, devant Dieu qui m'entend, je jure que, lorsqu'il est alle a Montsalvy chercher le parchemin de condamnation pour le reporter au Roi, Pierre de Breze n'avait aucun motif de croire que j'allais l'epouser. C'est d'ailleurs en apprenant cette demarche... inqualifiable, que j'ai definitivement rompu avec lui !

— Belle et touchante histoire ! remarqua sechement le chevalier.

Qu'as-tu fait apres cette rupture ?

Catherine dut faire appel a toute sa patience pour ne pas eclater. Le ton agressif, inquisiteur d'Arnaud l'exasperait au-dela de toute expression. Il jouait un peu trop bien son role de frere a l'honneur outrage, exigeant des comptes, des explications, sans la moindre tendresse, comme s'il n'y avait pas eu, derriere eux, des annees d'amour. La lettre meme qu'il lui avait laissee en quittant Montsalvy ne traduisait pas tant d'amertume et de hargne... Elle etait, au contraire, pleine de mansuetude et d'amour, peut-etre parce que, croyant reellement sa vie terminee ou pres de se terminer dans l'affreuse degradation de la lepre, il avait trouve, dans sa vaillance et la noblesse de son caractere, le courage d'ecrire ces mots de comprehension et de pardon. En retrouvant la vie et la sante, Arnaud avait recouvre du meme coup toute son intransigeance et ce terrible caractere dont Catherine avait eu, deja, tellement a souffrir...

Elle fit un effort sur elle-meme, parvint a sourire, d'un sourire infiniment las et triste mais plein de douceur, tendit la main vers lui.

— Viens avec moi ! Ne restons pas sous ce portique ou tout le monde peut nous entendre. Allons... tiens, au bout de ce bassin, pres de ce lion de pierre qui semble personnifier toute la sagesse du monde...

La nuit lui dissimula l'ombre de sourire qui, un court instant, detendit les traits severes d'Arnaud.

— As-tu donc tant besoin de sagesse ? demanda-t-il.

Et, au son de sa voix, elle sentit que sa colere flechissait un peu.

Elle y puisa un espoir nouveau. D'ailleurs, il se laissait entrainer sans resistance. Un moment, ils marcherent en silence au long de la margelle brillante sur laquelle Catherine s'assit, le dos appuye au lion de marbre. Arnaud resta debout. En face d'eux, le portique et la tour brillaient, roses sur le fond bleu de la nuit, irreels comme un mirage et legers comme un songe. Les bruits du palais avaient presque tous cesse, seuls semblaient vivre encore les oiseaux nocturnes du jardin et les fontaines. Une legere brise faisait trembler, dans le miroir d'eau, le reflet tendre du palais et comme tout a l'heure, dans la cour des Lions, la magique beaute d'Al Hamra s'empara de Catherine.

— Cet endroit est fait pour le bonheur et pour l'amour... pourquoi faut-il que nous nous y dechirions ? Ce n'est pas pour te faire du mal et te laisser m'en faire que j'ai parcouru tant de lieues...

Mais Arnaud refusait encore de se laisser attendrir. Posant un pied sur le rebord de marbre, il demanda, les yeux ailleurs :

— N'espere pas detourner mon esprit sur les sentiers fleuris de la poesie, Catherine ! J'attends de toi un recit exact de ce qui s'est passe, depuis que tu as quitte Carlat.

— C'est une longue histoire, soupira la jeune femme, j'esperais que tu me laisserais le loisir de te la raconter en paix plus tard. Oublies-tu qu'ici nous sommes en danger, sinon toi, moi du moins ?

— Pourquoi toi ? N'es-tu pas la favorite bien-aimee du Calife ?

riposta-t-il sarcastique. Si Zobeida tient a moi, je suppose que, toi, nul n'oserait te toucher...

Catherine detourna la tete pour cacher une crispation de souffrance.

— Tu sais toujours ce qu'il faut dire pour faire mal, n'est-ce pas ?

murmura-t-elle douloureusement. Ecoute donc puisque tu le veux, puisque je ne retrouve plus l'homme que j'avais quitte et que ta confiance est morte...

La main d'Arnaud s'abattit sur l'epaule de Catherine, la serra a lui faire mal.

— Pas tant de faux-fuyants, Catherine ! Essaie de comprendre que j'ai besoin de savoir ! Besoin ! Il faut que je sache comment ma femme, l'etre que j'aimais le plus au monde, apres avoir cherche consolation dans les bras d'un frere d'armes, en est venue a vendre son corps a un Infidele !

— Et qu'as-tu fait d'autre ? s'ecria Catherine furieuse. Comment appelles-tu ce que tu fais dans le lit de Zobeida, depuis des mois ?...

ce que j'ai pu voir, tu entends, de mes propres yeux, l'autre nuit, par la fenetre du patio interieur !...

— Qu'as-tu donc vu ? demanda-t-il avec hauteur.

— Je vous ai vus, toi et elle, rouler a terre, enlaces. Je t'ai vu la cravacher puis assouvir sur elle ton desir... J'ai entendu ses rales, compte tes caresses : deux betes en chasse ! C'etait ignoble ! Tu etais ivre, d'ailleurs... mais j'ai cru en mourir !

— Tais-toi ! Je ne savais pas que tu etais la ! lanca- t-il avec une admirable logique masculine, mais toi, toi,

Catherine, qu'as-tu fait d'autre au Djenan-el-Arif ? Et toi, tu savais que j'etais la, pres de toi...

— Pres de moi ? retorqua Catherine furieuse. Tu etais pres de moi, dans le lit de Zobeida, sans doute ? Tu pensais a moi, a moi seule ?...

— Tu ne crois pas si bien dire ! Il fallait bien que j'eteigne cette fureur qui s'emparait de moi chaque fois que je pensais a toi, que je t'imaginais entre les bras de Breze, vivant aupres de Breze, lui parlant, lui souriant, lui offrant tes levres... et le reste ! Un corps de femme ressemble a un flacon de vin : il peut dispenser un instant d'oubli...

— Les instants durent longtemps chez toi ! Il etait peut-etre d'autres moyens, plus dignes de toi, d'oublier ! jeta Catherine abandonnant toute prudence. Ne pou- vais-tu tenter de t'evader ?

Revenir a Montsalvy, chez toi, aupres des tiens ?

— Pour que tu sois reconnue bigame et condamnee au bucher ? La jalousie m'aurait moins devore si je t'avais moins aimee... mais je ne voulais pas te voir mourir !

— Et puis surtout, coupa Catherine ignorant volontairement l'aveu d'amour, tu preferais continuer a oublier dans les delices de ce palais et dans les bras de ta maitresse, oublier que tu etais, toi, un chevalier chretien dans l'amour d'une infidele et partager ton temps entre la chasse, le vin et l'amour... Ce n'etait pas la ce que tu m'annoncais dans ta lettre. En verite, si je n'avais rencontre Fortunat, j'aurais pu aller te chercher jusqu'en Terre Sainte, car, gueri ou toujours malade, je croyais que tu voulais chercher la mort au service de Dieu, a defaut du Roi !