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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine et le temps d'aimer - Бенцони Жюльетта - Страница 74


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A la vue de la princesse, les Soudanais s'immobiliserent avec leur prisonniere, incapable de faire le moindre mouvement. Zobeida s'adressa au groupe :

— Qu'y a-t-il ? Pourquoi ce bruit ?

— Nous avons capture une femme qui se cachait dans ce jardin, o Lumiere ! Elle a franchi le mur. Nous l'avons suivie jusqu'ici.

— Amene-la...

Bon gre, mal gre, Catherine fut trainee jusqu'aux pieds de Zobeida, forcee de s'agenouiller, maintenue de force dans cette position.

Arnaud, les sourcils fronces, un pli de degout aux levres, regardait la scene dont il s'etait ecarte de deux ou trois pas. A le voir si proche, le c?ur de Catherine cognait a grands coups dans sa poitrine. Oh !

pouvoir lui crier son nom, se refugier dans ses bras... Mais le danger etait mortel, pour elle comme pour lui. Elle l'entendit murmurer :

— Une curieuse, sans doute, ou une mendiante venue de la ville haute. Laisse-la aller !

— Nul n'a le droit d'entrer chez moi ! replique Zobeida sechement.

Cette femme paiera pour sa faute !

— Ce n'est pas seulement une curieuse, coupa l'un des Soudanais.

Une curieuse n'est pas armee. Nous avons trouve ceci sur elle.

Une exclamation de rage echappa a Catherine ; elle ne s'etait pas apercue, tandis qu'elle se defendait contre ses agresseurs, qu'ils lui avaient pris sa dague. Maintenant, l'epervier d'argent et d'or luisait sur la paume noire de l'eunuque, tendue vers la princesse. Celle-ci se pencha pour mieux voir ce qu'on lui offrait, mais Arnaud fut plus rapide qu'elle. Il avait bondi, s'etait empare de l'arme et, les traits soudain bouleverses, l'examinait. Son regard vint peser sur Catherine agenouillee.

— Ou as-tu pris cette dague ? demanda-t-il d'une voix rauque.

Elle etait incapable de repondre parce que l'emotion l'etranglait, mais ses prunelles violettes, dilatees, le devoraient et l'imploraient en meme temps. Elle en avait oublie Zobeida dont cependant le regard noir plein d'eclairs ne presageait rien de bon. La Mauresque s'adressa durement a son captif :

— Tu connais cette arme ? demanda-t-elle. D'ou vient-elle ?

Arnaud ne repondit pas. Il continuait a regarder la forme sombre agenouillee dans le sable et qui levait sur lui un regard plein d'etoiles.

Soudain, Catherine le vit palir. Avant qu'elle ait pu seulement prevenir son geste, il avait fait trois pas en avant et, empoignant le voile bleu, l'avait arrache. Il demeura frappe de stupeur devant le visage soudain decouvert.

— Catherine ! souffla-t-il. Toi !... Toi, ici !...

— Oui, Arnaud... dit-elle doucement. C'est bien moi...

Il y eut un tres court, un merveilleux moment ou l'un et l'autre oublierent tout ce qui n'etait pas la joie immense de se retrouver enfin apres tant de larmes et tant de souffrances. Ces Maures qui les entouraient, cette femme qui les observait avec une fureur grandissante, ce danger qui planait sur eux, ils ne s'en rendaient meme plus compte. Tout s'etait efface, tout s'etait aboli. Ils etaient seuls au milieu d'un monde mort ou rien ne subsistait que leurs regards unis, soudes comme pour une etreinte, et leurs c?urs qui, de nouveau, battaient au meme rythme. Glissant machinalement la dague dans sa ceinture, Arnaud tendit les mains pour aider sa femme a se relever.

— Catherine ! murmura-t-il avec une inexprimable tendresse, «

Catherine... ma mie » !

Le mot cher entre tous ! Le mot qu'elle n'avait jamais pu oublier et que lui seul savait dire !... Le c?ur de Catherine en defaillit. Mais l'instant de remission etait deja evanoui. Zobeida, d'un bond de panthere, s'etait jetee entre eux.

— Qu'est ce langage ? fit-elle en un francais qui stupefia Catherine. Elle s'appelle Lumiere d'Aurore, c'est une esclave achetee aux pirates. Elle est la derniere concubine de mon frere, sa favorite !

Toute la douceur qui avait, un instant, detendu les traits energiques d'Arnaud s'effaca. Un eclair de colere brilla dans son regard noir et il tonna :

— Elle s'appelle Catherine de Montsalvy ! Et elle est... ma s?ur !

L'hesitation avait ete imperceptible, toute legere : le temps d'un battement de c?ur, mais qui avait suffi a rendre au chevalier la notion du danger. Avouer Catherine pour sa femme, c'etait la condamner sur-le-champ et sans remission a la pire des morts. Il connaissait trop la furieuse jalousie de Zobeida ! En meme temps, son regard reprenait possession de celui de Catherine, a la fois imperieux et suppliant de ne pas le dementir. Mais Arnaud n'avait rien a redouter. Encore que Catherine eut eprouve une joie sauvage a revendiquer son titre d'epouse, a le jeter comme une pierre a la face de sa rivale, elle n'avait aucune envie de perdre stupidement la vie pour un mot. D'ailleurs, Zobeida avait-elle cru le pieux mensonge ? Ses prunelles retrecies allaient de l'un a l'autre des deux epoux sans meme songer a dissimuler leur etonnement et leur mefiance.

— Ta s?ur ! Elle ne te ressemble guere !...

Arnaud haussa les epaules.

— Le Calife Muhammad a les cheveux blonds, les yeux clairs !

En est-il moins ton frere ?

— Nous n'avons pas eu la meme mere...

— Nous non plus ! "Notre pere s'est marie deux fois. Desires-tu savoir encore quelque chose ?

Le ton etait hautain, cassant. Arnaud semblait decide a retrouver l'avantage que lui donnait l'amour sensuel et presque servile de sa dangereuse maitresse. Mais la presence de cette autre femme, haie d'instinct, aupres de l'homme dont elle avait defendu la possession au prix de tant de sang, exasperait Zobeida. Froidement, elle repondit :

— En effet, je desire savoir encore certaines choses. Par exemple si les femmes de noble famille ont coutume, au pays des Francs, de courir les mers et de peupler les marches d'esclaves ? D'ou vient que ta s?ur soit venue jusqu'ici ?

Ce fut Catherine, cette fois, qui se chargea de la reponse, esperant qu'Arnaud n'avait pas fait de confidences imprudentes.

— Mon... frere etait parti, jadis, implorer la guerison du mal dont il souffrait au tombeau d'un grand saint, revere depuis toujours. Mais peut-etre ne sais-tu pas ce que c'est qu'un saint ?

— Surveille ta langue agile si tu veux que je t'ecoute avec patience, riposta Zobeida. Tous les Maures connaissent le Boanerges, le Fils du Tonnerre, dont la foudre, un instant, les a terrasses 1.

— Donc, poursuivit Catherine imperturbable, mon frere est parti et, durant de longs mois, nous sommes demeures sans nouvelles, a Montsalvy. Nous esperions toujours le voir revenir, mais jamais il ne revenait. C'est alors que j'ai decide d'aller, a mon tour, prier au tombeau de celui que tu appelles le Fils du Tonnerre. J'esperais trouver, chemin faisant, des nouvelles de mon frere. J'en ai trouve, en effet : un serviteur, enfui au moment ou tu capturais Arnaud, m'a appris son sort. Je suis venue jusqu'ici pour retrouver celui que nous pleurions deja...

— Je croyais que tu avais ete prise par les corsaires et vendue a Almeria ?

— J'ai ete vendue, en effet, mentit Catherine avec aplomb parce qu'elle ne voulait pas etre obligee de mettre Abou-al-Khayr en cause, mais je n'ai pas ete prise

1 Saint Jacques a recu ce surnom apres la bataille de Clavijo ou, selon la legende, il chassa les Sarrasins.

par les pirates, mais bien aux frontieres de ce royaume. Je l'ai laisse croire pour ne pas etre obligee de donner de trop longues explications a l'homme qui m'a achetee.

— Quelle touchante histoire ! remarqua Zobeida sarcastique : une tendre s?ur se lance sur les routes a la poursuite d'un frere bien-aime.

Et, pour mieux l'atteindre, pousse le sacrifice jusqu'a entrer dans le lit du Calife de Grenade ! J'ajoute qu'elle y reussit au point de devenir la favorite en titre, la bien-aimee du maitre, la precieuse perle du harem, la...

— Tais-toi ! coupa brutalement Arnaud qui avait blemi a mesure que parlait Zobeida.

Tout a l'heure, quand, pour la premiere fois, la Mauresque avait mentionne le choix du Calife, Arnaud, encore sous le coup de la surprise et de la joie, n'avait pas autrement prete attention au sens des paroles prononcees. Mais, cette fois, il venait de realiser pleinement ce qu'elles signifiaient et Catherine put voir, avec angoisse, la colere faire place a la joie sur le visage de son epoux. Il se tournait maintenant vers elle.