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Последние комментарии
оксана2018-11-27
Вообще, я больше люблю новинки литератур
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Professor2018-11-27
Очень понравилась книга. Рекомендую!
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Vera.Li2016-02-21
Миленько и простенько, без всяких интриг
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ст.ст.2018-05-15
 И что это было?
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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Catherine et le temps d'aimer - Бенцони Жюльетта - Страница 29


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Catherine, a vrai dire, avait deja compris ce que voulait faire le brave Allemand. Les haillons dont etait recouvert Gauthier n'etaient guere difficiles a oter. Le corps inconscient fut aussitot enveloppe dans le manteau qu'avait apporte Catherine tandis que Hans installait son leurre dans la cage et le recouvrait de son mieux avec les haillons du prisonnier plus quelques chiffons, de couleur aussi indefinie, qu'il avait apporte. Une boule de glaise cachee sous des chiffons, elle aussi, figura la tete couchee sur les bras. Dans la nuit l'illusion etait frappante.

— Vu des tours, et en plein jour, cela ne resisterait peut-etre pas a l'examen, fit Hans, mais vu d'en bas, cela devrait aller.

La principale difficulte vint des chaines qui entravaient le prisonnier ; Hans avait bien apporte dans le bissac qu'il avait confie a Josse des outils de serrurier, mais il n'etait pas facile d'enlever les fers sans blesser Gauthier. Le moindre cri eut ete fatal. Quand, arme d'une scie, Hans attaqua les bracelets de chevilles Catherine retint son souffle car il lui sembla que cela faisait un bruit effrayant malgre les chiffons graisses qui enveloppaient les outils. Mais le maitre d'?uvre etait vraiment d'une grande adresse. L'operation fut menee a bien sans que l'homme inconscient poussat meme un soupir.

On se hata de disposer les fers sur le grossier mannequin, puis, la cage dument refermee, Hans et Hatto retournerent man?uvrer le treuil tandis que Catherine et Josse se chargeaient d'assurer a la cage un depart sans heurts. Quelques minutes plus tard, l'affreux instrument de supplice avait repris sa place au long de la tour. Il etait temps !

En effet, comme si elle eut attendu ce moment precis pour se montrer, la lune se degagea des nuages et deversa tout d'un coup une lumiere froide et crue sur toute la region. Simultanement, on entendit, au bas de la tour, les soldats qui echangeaient quelques mots dans leur langue gutturale. Catherine vit briller les dents de Hans et comprit qu'il souriait.

— Allons ! chuchota-t-il, le Ciel est vraiment avec nous !

Maintenant, il faut descendre notre rescape et, vu le poids qu'il pese, cela ne sera pas si aise. L'escalier des tours est raide et c'est une bonne chose que Hatto soit venu-nous aider. Vous, dame Catherine, vous allez passer devant, avec une torche pour nous eclairer. Allons-y, maintenant !

Les trois hommes empoignerent Gauthier, l'un aux pieds, les deux autres aux epaules, tandis que Catherine se hatait d'aller allumer une torche a l'abri de l'escalier. Puis le cortege s'engagea dans la vis de pierre, avec une lenteur qui trahissait l'effort considerable. Bien qu'amaigri par les privations Gauthier avait encore un poids respectable et, de plus, son immense carcasse n'etait pas d'un maniement facile dans un escalier aussi etroit. Anxieuse, Catherine precedait le groupe, jetant de temps en temps un regard au blesse, epiant a travers la crasse et la broussaille de barbe qui lui mangeait le visage le moindre signe de retour a la vie. Mais rien, pas un tressaillement, pas une crispation ne vint. Seulement le soupir de soulagement des trois hommes quand on atteignit le bas de la tour et que la man?uvre devint plus facile. Plus facile peut-etre, mais aussi plus dangereuse. Que l'un des moines en priere tournat la tete, ou que l'un des alguazils de garde a l'exterieur eut l'idee d'entrer dans l'eglise et les quatre conjures etaient perdus. C'en etait fait d'eux tous !

A pas de velours, retenant leurs respirations haletantes Catherine et ses compagnons glisserent lentement vers le portail. Ils allaient l'atteindre quand, au moment ou l'on s'y attendait le moins, Gauthier poussa un gemissement qui, dans ce silence a peine trouble par le marmottement monotone des moines, sonna aux oreilles de Catherine comme les trompettes de l'Apocalypse. Les trois hommes et leur fardeau n'eurent que le temps de se tasser dans l'ombre d'un immense pilier, contre la grille close d'une chapelle tandis que la jeune femme appliquait vivement une main sur la bouche du blesse.

L'angoisse qui etreignit les fugitifs durant les minutes suivantes fut terrible. Catherine sentait son c?ur cogner a grands coups dans sa poitrine. Contre son oreille, elle percevait la respiration haletante de Hans sur lequel elle etait pressee. La-bas, dans le ch?ur, les deux moines avaient interrompu leur oraison. Ils tournaient la tete du cote ou le bruit etait venu. Catherine vit le sec profil de l'un d'eux se decouper sur la flamme d'une chandelle. L'autre esquissa meme le geste de se lever, mais son compagnon le retint.

Es un gato !1 dit-il.

Et, sans plus s'inquieter, ils reprirent leur oraison.

Mais la situation du petit groupe n'etait guere amelioree. Sous sa main, Catherine sentait la bouche de Gauthier s'animer. Il tentait d'echapper a cette gene. Et le frele baillon qu'elle representait n'arreterait guere le bruit s'il se remettait a gemir.

— Comment le faire taire ? souffla Catherine affolee, appuyant sa main autant qu'elle pouvait.

Un faible gemissement en sourdait comme l'eau sous le rocher. De nouveau, ils se virent perdus. Les moines allaient encore s'arreter.

Cette fois, ils viendraient voir...

— S'il faut l'assommer, on l'assommera, chuchota Josse imperturbable. Mais il faut sortir d'ici.

Soudain, dans les profondeurs de l'eglise, il y eut le tintement d'une cloche, immediatement suivi par le chant grave et lugubre d'une cinquantaine de voix masculines qui, peu a peu, s'amplifierent.

Catherine sentit Hans fremir de joie.

— Les moines ! fit-il. Ils viennent chanter prime ! C'est le moment

!

Avec ensemble, les trois hommes s'emparerent de nouveau de Gauthier, l'enleverent comme s'il n'avait rien pese et se lancerent le long du bas-cote. Il etait temps. Les gemissements de Gauthier ne cessaient plus. Mais les voix fortes des saints hommes renvoyaient le plain-chant jusqu'aux immenses voutes de l'eglise

1 C'est un chat !

l'emplissant d'une harmonie severe dans laquelle se perdit la voix du blesse. Les portes furent franchies presque en trombe. Il ne s'agissait pas d'etre vus de la procession qui approchait, venant du cloitre.

Essouffles, leurs c?urs battant a coups redoubles dans leurs poitrines, les quatre compagnons et leur fardeau se retrouverent sous le porche.

La lune eclairait toujours, mais, au long des murs de la cathedrale, une large zone d'ombre tres noire se dessinait.

— Un dernier effort, souffla Hans joyeusement, et nous y sommes.

Vite, rentrons.

Quelques instants plus tard, la porte basse de la maison d'?uvre se refermait silencieusement sur eux. Catherine, epuisee et ravie, se laissait choir sur la margelle du puits. Apres quoi, incapable de maitriser plus longtemps ses nerfs hypertendus, elle eclata en sanglots convulsifs.

Sagement, Hans, Josse et Hatto laisserent Catherine pleurer tout son saoul. Ils transporterent Gauthier sous le hangar ou le tailleur de pierre entreposait ses blocs de gres ou de travertin, le deposerent sur un lit de paille hativement rassemble par Hatto et se mirent a l'examiner.

Consciente, tout a coup, de sa solitude, Catherine cessa de pleurer, s'essuya les yeux et se mit en quete de ses compagnons. Les larmes lui avaient fait du bien. Elle se sentait extraordinairement detendue, liberee meme de sa fatigue physique. C'etait une joie si exaltante d'avoir pu arracher Gauthier a la cruaute de don Martin ! Meme si la moitie de la besogne restait a accomplir, meme s'il etait mourant...

Mais cette joie ne resista pas au premier coup d'?il qu'elle jeta au grand corps etendu. Il etait maigre, d'une salete effrayante, et, si les yeux s'ouvraient parfois, leur regard gris demeurait vague, eteint.

Quand ils se posaient sur la jeune femme, aucune lueur de surprise ou de reconnaissance ne s'y allumait. Catherine avait beau se pencher sur lui, l'appeler doucement par son nom, le Normand la regardait mais demeurait insensible.