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Swift Jonathan - Les Voyages De Gulliver Les Voyages De Gulliver

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Наталья222018-11-27
Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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Les Voyages De Gulliver - Swift Jonathan - Страница 26


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Chapitre VI

Le roi et la reine font un voyage vers la frontiere, ou l’auteur les suit. Detail de la maniere dont il sort de ce pays pour retourner en Angleterre.

J’avais toujours dans l’esprit que je recouvrerais un jour ma liberte, quoique je ne pusse deviner par quel moyen, ni former aucun projet avec la moindre apparence de reussir. Le vaisseau qui m’avait porte, et qui avait echoue sur ces cotes, etait le premier vaisseau europeen qu’on eut su en avoir approche, et le roi avait donne des ordres tres precis pour que, si jamais il arrivait qu’un autre parut, il fut tire a terre et mis avec tout l’equipage et les passagers sur un tombereau et apporte a Lorbrulgrud.

Il etait fort porte a trouver une femme de ma taille avec laquelle on me marierait, et qui me rendrait pere; mais j’aurais mieux aime mourir que d’avoir de malheureux enfants destines a etre mis en cage, ainsi que des serins de Canarie, et a etre ensuite comme vendus par tout le royaume aux gens de qualite de petits animaux curieux. J’etais a la verite traite avec beaucoup de bonte; j’etais le favori du roi et de la reine et les delices de toute la cour; mais c’etait dans une condition qui ne convenait pas a la dignite de ma nature humaine. Je ne pouvais d’abord oublier les precieux gages que j’avais laisses chez moi. Je souhaitais fort de me retrouver parmi des peuples avec lesquels je me pusse entretenir d’egal a egal, et d’avoir la liberte de me promener par les rues et par les champs sans crainte d’etre foule aux pieds, d’etre ecrase comme une grenouille, ou d’etre le jouet d’un jeune chien; mais ma delivrance arriva plus tot que je ne m’y attendais, et d’une maniere tres extraordinaire, ainsi que je vais le raconter fidelement, avec toutes les circonstances de cet admirable evenement.

Il y avait deux ans que j’etais dans ce pays. Au commencement de la troisieme annee, Glumdalclitch et moi etions a la suite du roi et de la reine, dans un voyage qu’ils faisaient vers la cote meridionale du royaume. J’etais porte, a mon ordinaire, dans ma boite de voyage, qui etait un cabinet tres commode, large de douze pieds. On avait, par mon ordre, attache un brancard avec des cordons de soie aux quatre coins du haut de la boite, afin que je sentisse moins les secousses du cheval, sur lequel un domestique me portait devant lui. J’avais ordonne au menuisier de faire au toit de ma boite une ouverture d’un pied en carre pour laisser entrer l’air, en sorte que quand je voudrais on put l’ouvrir et la fermer avec une planche.

Quand nous fumes arrives au terme de notre voyage, le roi jugea a propos de passer quelques jours a une maison de plaisance qu’il avait proche de Flanflasnic, ville situee a dix-huit milles anglais du bord de la mer. Glumdalclitch et moi etions bien fatigues; j’etais, moi, un peu enrhume; mais la pauvre fille se portait si mal, qu’elle etait obligee de se tenir toujours dans sa chambre. J’eus envie de voir l’Ocean. Je fis semblant d’etre plus malade que je ne l’etais, et je demandai la liberte de prendre l’air de la mer avec un page qui me plaisait beaucoup, et a qui j’avais ete confie quelquefois. Je n’oublierai jamais avec quelle repugnance Glumdalclitch y consentit, ni l’ordre severe qu’elle donna au page d’avoir soin de moi, ni les larmes qu’elle repandit, comme si elle eut eu quelque presage, de ce qui me devait arriver. Le page me porta donc dans ma boite, et me mena environ a une demi-lieue du palais, vers les rochers, sur le rivage de la mer. Je lui dis alors de me mettre a terre, et, levant le chassis d’une de mes fenetres, je me mis a regarder la mer d’un ?il triste. Je dis ensuite au page que j’avais envie de dormir un peu dans mon brancard, et que cela me soulagerait. Le page ferma bien la fenetre, de peur que je n’eusse froid; je m’endormis bientot. Tout ce que je puis conjecturer est que, pendant que je dormais, ce page, croyant qu’il n’y avait rien a apprehender, grimpa sur les rochers pour chercher des ?ufs d’oiseaux, l’ayant vu auparavant de ma fenetre en chercher et en ramasser. Quoi qu’il en soit, je me trouvai soudainement eveille par une secousse violente donnee a ma boite, que je sentis tiree en haut, et ensuite portee en avant avec une vitesse prodigieuse. La premiere secousse m’avait presque jete hors de mon brancard, mais ensuite le mouvement fut assez doux. Je criais de toute ma force, mais inutilement. Je regardai a travers ma fenetre, et je ne vis que des nuages. J’entendais un bruit horrible au-dessus de ma tete, ressemblant a celui d’un battement d’ailes. Alors je commencai a connaitre le dangereux etat ou je me trouvais, et a soupconner qu’un aigle avait pris le cordon de ma boite dans son bec dans le dessein de le laisser tomber sur quelque rocher, comme une tortue dans son ecaille, et puis d’en tirer mon corps pour le devorer; car la sagacite et l’odorat de cet oiseau le mettent en etat de decouvrir sa proie a une grande distance, quoique cache encore mieux que je ne pouvais etre sous des planches qui n’etaient epaisses que de deux pouces.

Au bout de quelque temps, je remarquai que le bruit et le battement d’ailes s’augmentaient beaucoup, et que ma boite etait agitee ca et la comme une enseigne de boutique par un grand vent; j’entendis plusieurs coups violents qu’on donnait a l’aigle, et puis, tout a coup, je me sentis tomber perpendiculairement pendant plus d’une minute, mais avec une vitesse incroyable. Ma chute fut terminee par une secousse terrible, qui retentit plus haut a mes oreilles que notre cataracte du Niagara; apres quoi je fus dans les tenebres pendant une autre minute, et alors ma boite commenca a s’elever de maniere que je pus voir le jour par le haut de ma fenetre.

Je connus alors que j’etais tombe dans la mer, et que ma boite flottait. Je crus, et je le crois encore que l’aigle qui emportait ma boite avait ete poursuivi de deux ou trois aigles et contraint de me laisser tomber pendant qu’il se defendait contre les autres qui lui disputaient sa proie. Les plaques de fer attachees au bas de la boite conserverent l’equilibre, et l’empecherent d’etre brisee, et fracassee en tombant.

Oh! que je souhaitai alors d’etre secouru par ma chere Glumdalclitch, dont cet accident subit m’avait tant eloigne! Je puis dire en verite qu’au milieu de mes malheurs je plaignais et regrettais ma chere petite maitresse; que je pensais au chagrin qu’elle aurait de ma perte et au deplaisir de la reine. Je suis sur qu’il y a tres peu de voyageurs qui se soient trouves dans une situation aussi triste que celle ou je me trouvai alors, attendant a tout moment de voir ma boite brisee, ou au moins renversee par le premier coup de vent, et submergee par les vagues; un carreau de vitre casse, c’etait fait de moi. Il n’y avait rien qui eut pu jusqu’alors conserver ma fenetre, que des fils de fer assez forts dont elle etait munie par dehors contre les accidents qui peuvent arriver en voyageant. Je vis l’eau entrer dans ma boite par quelques petites fentes, que je tachai de boucher le mieux que je pus. Helas! je n’avais pas la force de lever le toit de ma boite, ce que j’aurais fait si j’avais pu, et me serais tenu assis dessus, plutot que de rester enferme dans une espece de fond de cale.

Dans cette deplorable situation, j’entendis ou je crus entendre quelque sorte de bruit a cote de ma boite, et bientot apres je commencai a m’imaginer qu’elle etait tiree et en quelque facon remorquee, car de temps en temps je sentais une sorte d’effort qui faisait monter les ondes jusqu’au haut de mes fenetres, me laissant presque dans l’obscurite. Je concus alors quelque faible esperance de secours, quoique je ne pusse me figurer d’ou il me pourrait venir. Je montai sur mes chaises, et approchai ma tete d’une petite fente qui etait au toit de ma boite, et alors je me mis a crier de toutes mes forces et a demander du secours dans toutes les langues que je savais. Ensuite, j’attachai mon mouchoir a un baton que j’avais, et, le haussant par l’ouverture, je le branlai plusieurs fois dans l’air, afin que, si quelque barque ou vaisseau etait proche, les matelots pussent conjecturer qu’il y avait un malheureux mortel renferme dans cette boite.