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Шекспир Уильям - La Tempête La Tempête

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Сюжет захватывающий. Все-таки читать кни
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La Tempête - Шекспир Уильям - Страница 16


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TRINCULO.-Faites, faites. N'en déplaise à votre Grandeur, nous volons à la ligne et au cordeau.

STEPHANO.-Je te remercie de ce bon mot. Tiens, voilà un habit pour la peine. Tant que je serai roi de ce pays, l'esprit n'ira point sans récompense. «Voler à la ligne et au cordeau!» c'est un excellent trait d'estoc. Tiens, encore un habit pour la peine.

TRINCULO.-Allons, monstre, un peu de glu à vos doigts, et puis emportez-nous le reste.

CALIBAN.-Je n'en veux pas. Nous perdrons là notre temps, et nous serons tous changés en oies de mer21, ou en singes avec des fronts horriblement bas.

Note 21: Barnacles, gros oiseau qui, autrefois en Écosse, était supposé sortir d'une espèce de coquillage qui s'attachait à la quille des vaisseaux, et porte aussi le nom de barnacle. Dans le nord de l'Écosse, on croyait de plus que les coquillages d'où sortaient les barnacles croissaient sur les arbres. Dans le Lancashire, on les appelait tree geese, oies d'arbre.

STEPHANO.-Monstre, étendez vos doigts. Aidez-nous à transporter tout cela à l'endroit où j'ai mis mon tonneau de vin, ou je vous chasse de mon royaume. Vite, emportez ceci.

TRINCULO.-Et ceci.

STEPHANO.-Oui, et ceci encore.

(On entend un bruit de chasseurs. Divers esprits accourent sous la forme de chiens de chasse, et poursuivent dans tous les sens Stephano, Trinculo et Caliban. Prospero et Ariel animent la meute.)

PROSPERO.-Oh! la Montagne! oh!

ARIEL.-Argent, ici la voie, Argent!

PROSPERO.-Furie, Furie, là! Tyran, là!-Écoute, écoute! (Caliban, Trinculo et Stephano sont pourchassés hors de la scène.) Va, ordonne à mes lutins de moudre leurs jointures par de dures convulsions; que leurs nerfs se retirent dans des crampes racornies; qu'ils soient pincés jusqu'à en être couverts de plus de taches qu'il n'y en a sur la peau du léopard ou du chat de montagne.

ARIEL.-Écoute comme ils rugissent.

PROSPERO.-Qu'il leur soit fait une chasse vigoureuse. A l'heure qu'il est, tous mes ennemis sont à ma merci. Dans peu tous mes travaux vont finir; et toi, tu vas retrouver toute la liberté des airs. Suis-moi encore un instant, et rends-moi obéissance.

(Ils sortent.)

Fin du quatrième acte.

ACTE CINQUIÈME

SCÈNE I

(Le devant de la grotte de Prospero.)

Entrent PROSPERO vêtu de sa robe magique, ET ARIEL.

PROSPERO.-Maintenant mon projet commence à se développer dans son ensemble; mes charmes n'ont pas été rompus. Mes esprits m'obéissent; et le Temps marche tête levée, chargé de ce qu'il apporte… Où en est le jour?

ARIEL.-Près de la sixième heure, de l'heure où vous avez dit, mon maître, que notre travail devait finir.

PROSPERO.-Je l'ai annoncé au moment où j'ai soulevé la tempête. Dis-moi, mon génie, en quel état sont le roi et toute sa suite.

ARIEL.-Renfermés ensemble, et précisément dans l'état où vous me les avez remis, seigneur. Toujours prisonniers comme vous les avez laissés dans le bocage de citronniers qui abrite votre grotte, ils ne peuvent faire un pas que vous ne les ayez déliés. Le roi, son frère, et le vôtre, sont encore tous les trois dans l'égarement; et le reste, comblé de douleur et d'effroi, gémit sur eux; mais plus que tous les autres celui que je vous ai entendu nommer le bon vieux seigneur Gonzalo: ses larmes descendent le long de sa barbe, comme les gouttes de la pluie d'hiver coulent de la tige creuse des roseaux. Vos charmes les travaillent avec tant de violence que, si vous les voyiez maintenant, votre âme en serait attendrie.

PROSPERO.-Le penses-tu, esprit?

ARIEL.-La mienne le serait, seigneur, si j'étais un homme.

PROSPERO.-La mienne aussi s'attendrira. Comment, toi qui n'es formé que d'air, tu aurais éprouvé une impression, une émotion à la vue de leurs peines; et moi, créature de leur espèce, qui ressens aussi vivement qu'eux et les passions et les douleurs, je n'en serais pas plus tendrement ému que toi! Quoique, par de grands torts, ils m'aient blessé au vif, je me range contre mon courroux, du parti de ma raison plus noble que lui; il y a plus de gloire à la vertu qu'à la vengeance. Qu'ils se repentent, la fin dernière de mes desseins ne va pas au delà; ils n'auront même pas à essuyer un regard sévère. Va les élargir, Ariel. Je veux lever mes charmes, rétablir leurs facultés, et ils vont être rendus à eux-mêmes.

ARIEL.-Je vais les amener, seigneur.

(Ariel sort.)

PROSPERO.-Vous, fées des collines et des ruisseaux, des lacs tranquilles et des bocages; et vous qui, sur les sables où votre pied ne laisse point d'empreinte, poursuivez Neptune lorsqu'il retire ses flots, et fuyez devant lui à son retour; vous, petites marionnettes, qui tracez au clair de la lune ces ronds22 d'herbe amère que la brebis refuse de brouter; et vous dont le passe-temps est de faire naître à minuit les mousserons, et que réjouit le son solennel du couvre-feu; secondé par vous, j'ai pu, quelque faible que soit votre empire, obscurcir le soleil dans la splendeur de son midi, appeler les vents mutins, et soulever entre les vertes mers et la voûte azurée des cieux une guerre mugissante; le tonnerre aux éclats terribles a reçu de moi des feux; j'ai brisé le chêne orgueilleux de Jupiter avec le trait de sa foudre; par moi le promontoire a tremblé sur ses massifs fondements; le pin et le cèdre, saisis par leurs éperons, ont été arrachés de la terre; à mon ordre, les tombeaux ont réveillé leurs habitants endormis; ils se sont ouverts et les ont laissés fuir, tant mon art a de puissance! Mais j'abjure ici cette rude magie; et quand je vous aurai demandé, comme je le fais en ce moment, quelques airs d'une musique céleste pour produire sur leurs sens l'effet que je médite et que doit accomplir ce prodige aérien, aussitôt je brise ma baguette; je l'ensevelis à plusieurs toises dans la terre, et plus avant que n'est jamais descendue la sonde je noierai sous les eaux mon livre magique.

Note 22: Ces ronds ou petits cercles tracés sur les prairies sont fort communs dans les dunes de l'Angleterre: on remarque qu'ils sont plus élevés et d'une herbe plus épaisse et plus amère que l'herbe qui croît alentour, et les brebis n'y veulent pas paître. Le peuple les appelle fairy circles, cercles des fées, et les croit formés par les danses nocturnes des lutins. On en voit de pareils dans la Bourgogne. Partout où se trouvent ces ronds, on est sûr de trouver des mousserons.

(A l'instant une musique solennelle commence.)

(Entre Ariel. Après lui s'avance Alonzo, faisant des gestes frénétiques; Gonzalo l'accompagne. Viennent ensuite Sébastien et Antonio dans le même état, accompagnés d'Adrian et de Francisco. Tous entrent dans le cercle tracé par Prospero. Ils y restent sous le charme.)

PROSPERO, les observant.-Qu'une musique solennelle, que les sons les plus propres à calmer une imagination en désordre guérissent ton cerveau, maintenant inutile et bouillonnant au-dedans de ton crâne. Demeurez là, car un charme vous enchaîne.-Pieux Gonzalo, homme honorable, mes yeux, touchés de sympathie à la seule vue des tiens, laissent couler des larmes compagnes de tes larmes.-Le charme se dissout par degrés; et comme on voit l'aurore s'insinuer aux lieux où règne la nuit, fondant les ténèbres, de même leur intelligence chasse en s'élevant les vapeurs imbéciles qui enveloppaient les clartés de leur raison. O mon vertueux Gonzalo, mon véritable sauveur, sujet loyal du prince que tu sers, je veux dans ma patrie payer tes bienfaits en paroles et en actions.-Toi, Alonzo, tu nous as traités bien cruellement, ma fille et moi. Ton frère t'excita à cette action;-tu en pâtis, maintenant, Sébastien.-Vous, mon sang, vous formé de la même chair que moi, mon frère, qui, vous laissant séduire à l'ambition, avez chassé le remords et la nature; vous qui avec Sébastien (dont les déchirements intérieurs redoublent pour ce crime) vouliez ici assassiner votre roi; tout dénaturé que vous êtes, je vous pardonne.-Déjà se gonfle le flot de leur entendement; il s'approche et couvrira bientôt la plage de la raison, maintenant encore encombrée d'un limon impur. Jusqu'ici aucun d'eux ne me regarde ou ne pourrait me reconnaître.-Ariel, va me chercher dans ma grotte mon chaperon et mon épée: je veux quitter ces vêtements, et me montrer à eux tel que je fus quelquefois lorsque je régnais à Milan. Vite, esprit; avant bien peu de temps tu seras libre.